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 Destinée Manifeste [Réservé, non-solo]

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Armadillio Finstev
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MessageSujet: Destinée Manifeste [Réservé, non-solo]   Destinée Manifeste [Réservé, non-solo] EmptyMer 25 Mar 2020, 5:20 am

Spoiler:

Les bouts de papiers volaient, emportés, comme dans une valse, sur les marches de la bibliothèque. C’est la première chose que Lucy aperçu lorsqu’elle leva la tête de l’écran de son portable. La hauteur de ce bâtiment, façade triangulaire arborant une horloge depuis longtemps arrêté, reposant sur d’imposants piliers de pierre, avait pour don de faire décliner le jour beaucoup plus vite, plongeant la rue lui faisant face dans une ombre prématurée. La renarde plissa des yeux, écartant les feuilles d’un revers de main. Depuis ce matin, le vent s’était levé, et c’est probablement ce qui avait chassé les lourds nuages porteurs de pluie du ciel de Nuovacitta, les repoussant bien au-delà de la Spagonia. Lucy se dépêcha de monter les marches, traversa les longues portes, pour entrer dans l’atmosphère si particulière de la bibliothèque.

Comme beaucoup de bâtiment du même style, la bibliothèque de Nuovacitta mélangeait l’ancien avec le nouveau. À la jeunesse des mobiens qui la parcourait, à leur recherche des dernières trouvailles scientifiques, se mélangeaient les mosaïques d’un sol déteint, et un climat lourdement poussiéreux. Une profonde d’odeur de renfermé, que même le perfectionnisme des femmes de ménages ne parvenait à dissiper, qu’importe le dissolvant. Face à la porte, une grande caisse en bois, derrière laquelle se tenaient documentaliste et bibliothécaires, à la mine d’enterrement, faisant passer livres après livres d’une file qui ne semblait jamais vouloir diminuer. La renarde gratta la chevelure rousse qui tombait sur ses épaules, essuya ses lunettes, et partit directement sur la gauche, laissant les portes automatiques s’ouvrir sur son passage. On lui avait donné rendez-vous un peu plus loin, bien au-delà des étalages dégueulant d’ouvrages divers. Il avait fallu un courage et méthode aux documentaliste pour mettre au point le système qui permettait de se retrouver au sein de ce riche contenu, amassé là, comme le projet fou d’un maniaque cherchant à accumuler tout le savoir mobien De C à M-B. La biologie, médecine, philosophie. De A à R-E. la politique, la géologie, le religieux. L’histoire se trouvait au bout.

Lucy enleva sa veste en tissu, gravissant le petit escalier qui menait à l’étage supérieur. Tout au fond, à droite, une pièce coupé du reste, tel un aquarium, permettait la consultation de certaines archives, la discussion entre experts. Contournant la photocopieuse qui occupait le chemin, elle vit alors de loin le mobien assis dans la salle de consultation, lui faisant des signes. Elle poussa la porte.

- Vous avez fait vite !

- Naturellement, dit Lucy en souriant.

Il était assis là, entre deux rangées de tables. Un petit mobien entre deux âges, portant cravate et costard. L’élégance ajoutait, à son physique atypique, quelque chose de clownesque, d’improbable. La grenouille lui tendit la main.

- Ce n’est pas tout les jours que l’on propose ce que vous m’avez proposé dans votre mail, continua la renarde en serrant la main verte et flasque. Enchanté, monsieur… Stéldrirvorr...

- Staeldirvoch, corrigea la grenouille. Mais je vous en prie, appelez-moi Jans. Ou John, les deux me conviennent.

Elle pris une chaise, de l’autre côté de la table, pour la tirer vers elle, la fit pivoter pour s’y asseoir.

- Il y a quelque chose que je ne suis pas sûr d’avoir compris. Ce dont vous avez parlé, vous l’avez ici, avec vous ?

- C’est exact, dit la grenouille. Ici même, dans cette valise.

Lucy regarda la valise que son interlocuteur avait posé devant lui.

- D’accord. Je me posais la question car… Euh, comment dire, ça me semblait un peu curieux. Pourquoi avoir choisi d’amener ça ici ? Vous ne souhaiteriez pas le présenter devant la direction de l’université de Nuovacitta ?

John ajusta ses lunettes sur ses narines batraciennes, penché au-dessus de sa valise.

- C’est vrai que l’on pourrait se poser des questions. Il y a plusieurs raisons à cela, sur lequel je n’aurais pas le temps de m’étendre trop. Non, je ne le montrerai pas à la direction de l’université de votre ville.

- C’est une volonté de votre part ?

La grenouille eut un petit rire. Il ne semblait pas amer, mais son regard était baissé.

- Non, ça ne vient pas de moi.

- De qui, alors ?

- Vous ne devinez pas, bien sûr, dit la grenouille. Il est vrai que vous n’avez pas été spécialement entraîné à comprendre les raisons pour lesquelles un tel projet… serait “invalidé” par ces centres de savoirs que sont les universités. “Blacklisté”, c’est ce qu’on m’a dit.

- Quoi ?

Machinalement, le batracien ouvrit la valise, pour commencer à en sortir les câbles.

- Et pourtant… Pensez deux secondes à l’usage que l’on pourrait faire d’un tel appareil. Les possibilité sont énormes. Les applications pédagogique sont infinies…

- Vous avez dit “blacklisté” ?

John soupira, avant de poser le casque sur la table. Les étudiants présent levèrent la tête, s’échangeant des regards interrogateurs.

- Je vous la fait courte. Je travaille sur des prototype de casques de réalité virtuelle. À l’origine, rien ne me préparait à bosser là-bas, ma formation de base étant celle d’un linguiste, plus particulièrement, spécialisé dans la façon dont se structure le savoir, son aspect heuristique. Tout ce qui tournait autour du domaine de l’épistémologie.

- J’ai eut l’occasion de lire votre essai, dit Lucy. “Réflexion sur l’histoire mobienne, de Staeldirvoch”.

- Ah, dit la grenouille en souriant. Je suis content de savoir que certains l’ont lu, ils doit dater de, quoi, quinze, vingt ans ? À part ce livre, j’ai pas pu sortir grand-chose de ce savoir théorique. J’ai quitté Grand Metropolis pour partir à Soleanna, dans une grande entreprise de développement de logiciels dont je me permettrais de taire le nom. J’ai convaincu la direction de m’inventer un métier. Passer des dizaines d’heures à tester des prototypes plus ou moins réussis, ça n’avait rien de la vie de rêve, et pas grand-chose à voir avec mes savoirs de jeunesse. Et puis…

John semblait chercher ses mots, triturant entre ses mains le casque, sur lequel les yeux de la renarde était posés.

- Un jour, j’ai rêvé. Peut-être même que c’était un rêve éveillé. Peut-être à cause des séances de test. J’ai compris que tout n’avait pas besoin d’être synthétique, au travers de ces lunettes. Qu’elles pourraient peut-être permettre la vision du réel sous un autre angle. Bien sûr, on pouvait parcourir des plages de pixels, encore et encore les mêmes palmiers, passer d’un lieu à l’autre. Mais pourquoi ne pas s’en servir pour passer d’un temps à l’autre ? Qu’est-ce que ça vous évoquerait ?

- C’est un peu vague, dit Lucy en se grattant la tête. Simuler le futur, en se basant sur des lois de probabilité ou quelque chose de ce style ?

- Oh, s’il-vous-plaît. La loi normale est d’une tristesse et d’une grisaille infinie, donne lieu à milles hypothèses basées sur des millions de liens de causalités, pour arriver sur des milliards de scénario plus stupidement inertes les uns que les autres, dit la grenouille en faisant la moue. Non, le futur simulé, très peu pour moi. Mais qu’en est-il du passé ?

- Le passé…

La renarde appuya ses coudes sur la table, et y songea quelques instants.

- Oui, simuler le passé, dit la grenouille avec enthousiasme. Dans l’appareil. Vous mettez ça sur la tête, vous choisissez un lieu, une date, ou un document de départ, et hop, vous voilà partie.

- Oh.

- À vous de revivre la séparation des continents, les invasions, les guerres. Les évolutions économique, et pourquoi pas, entrer dans une maison, regardez comment ceux d’hier vivait, ou suivre un autobiographe ?

- Votre casque permet vraiment cela ? dit la renarde en levant un sourcil.

- C’est une simulation, bien sûr. Mettez ça, dit-il en tendant le casque à Lucy.

- Comment est-ce que ça marche ?

- Sans rentrer dans les détails du code, disons que l’entreprise dans laquelle je travaille a eut l’amabilité de laisser à ma disposition tout un tas de modèles en trois dimensions. Des modèles réaliste, dans la mesure du possible, d’hommes, de mobiens, de lieux. Une véritable base de donné avec lequel le casque communique. En bidouillant des algorithmes créé à l’origine pour des services vocaux, j’ai réussit à en tirer un code interprétatif. Vous n’avez pas idée d’à quel point l’Histoire est une affaire de linguiste.

- D’historiens, vous voulez dire ? dit Lucy en posant le casque sur sa tête.

Branché au dispositif, un gant permettait d’agir au sein de la réalité projetée par le casque. La renarde l’enfila.

- De linguiste, de linguiste, martela John en tapant du plat de la main sur la table. C’est le Langage qui compte lorsque vous interprétez un texte donné. Ma batterie d’algorithme séquence les lieux, les individus, les temps selon des listes de termes, et en sort des images, fixes ou animées, en piochant dans la base des modèles. Mes accès aux bases de données historiques des bibliothèques, comme celle de Nuovacitta, de Grand Metropolis ou de Soleanna, m’ont permis un grand nombre d’entrées.

La grenouille appuya sur l’interrupteur situé à la droite du casque. Immédiatement, une énorme grille de rectangle d’un blanc jauni apparu devant les yeux de Lucy. Des documents, des tonnes de documents, scannés, placés en colonnes et en ligne, à la façon d’une matrice.

- Ah ! C’est à ces entrées que vous faites références ? dit la renarde en tenant les visières du casque au niveau de ses yeux.

- Oui, dit la grenouille. Trois bibliothèques historiques, c’est déjà beaucoup, mais plus on compilera de savoir, plus l’appareil sera complet.

La renarde secoua la main portant le gant.

- C’est incroyable. Déjà, en soi, c’est une belle manière de parcourir des fichiers, dit-elle en riant.

- Certes, mais bon, ce n’est rien d’autre qu’un menu. Vous voyez, certains documents sont liés par des sortes de fil ?

- Les lignes en rouge ? Oui, je les vois.

Selon la façon dont la renarde parcourait la matrice de documents, des liens apparaissaient de façon erratique entre ceux-ci. Entre temps, John s’était levé, avait demandé aux étudiants de partir, et poussaient à présent les tables pour leur aménager une place. Entendant les raclements de meubles, Lucy souleva la visière pour l’aider. Ils revinrent au centre de l’espace ainsi libéré.

- Faites un clic de la main à l’endroit où vous voyez un de ces fil, dit la grenouille en baissant les stores de la salle de consultation, comme ça, dit-il en mimant le geste.

- Entendu, dit la renarde en rabaissant la visière.

Elle cliqua au hasard. La pièce sembla soudain disparaître pour laisser apparaître un endroit, tout autour d’elle. Elle tourna la tête. L’illusion était semblable à celle donnée par d’autres casques, qu’elle avait eut l’occasion de tester en jouant à des jeux vidéo. Elle vit alors, au fond d’un couloir sombre, ce qui ressemblait à la lueur d’une bougie, éclairant des silhouettes confuses. Parcourant la map en la faisant défiler avec son gant, elle n’arriva pas à y voir plus claire. Elle attendait que l’histoire se déroule, mais le tout semblait fixe, et silencieux. Après quelques dizaines de secondes, elle souleva la visière.

- Je crois que ça ne marche pas tout à fait, dit-elle à l’adresse de John. Rien ne bouge.

- C’est pour ça qu’il faut que vous cliquiez sur les lignes, pas sur les cases, corrigea le développeur. Les cases, ce sont des descriptions, ça n’est pas compris par l’algorithme comme une action, dit-il en croisant les bras. Revenez au menu, le bouton est sur la gauche du casque.

Revenu à la matrice, la mobienne visa cette fois l’un des fil, un peu plus loin. À nouveau, tout changea devant ses yeux. Elle était à présent au dehors, dans ce qui ressemblait à un champ, d’un vert éclatant, surnaturel. Elle parcouru quelques mètres, se demandant s’il s’agissait de Mobius ou d’une autre planète. Seul le bruit des grillons se faisait entendre, entrecoupé de grognements. Regardant à sa hauteur, elle songea alors à baisser les yeux, et mit une main sur son coeur sous l’effet de la surprise. À ses pieds, rampaient des créatures marchant sur quatres pattes, affublé de grosses tête d’animaux étranges. Il y en avait ici et là, dans les hautes herbes. C’est comme si elles venaient d’apparaître. Isolés, deux d’entres elles finirent par se rencontrer. Elle se mirent à crier de rage, à hurler des fichiers sons encodées dans la base de donnée. Plusieurs d’entre elles semblaient se donner des coups de bâtons, l’une de leur patte se levant alors du sol, telle une excroissance, saisissant un objet pour l’abattre sur son voisin. C’est alors qu’elle comprit ce que ces étranges créatures étaient. Horrifié, elle retira le casque.

- Bon sang, dit-elle.

Elle cligna des yeux, se repris.

- Vous avez vu quelque chose ? demanda John, assis sur sa chaise.

- Un peu, oui, et plus encore je l’ai reconnu.

- Ah ? N’est-ce pas encore plus magnifique, de voir en vrai ce qu’on a lu ? Qu’est-ce que c’était ?

La renarde respira profondément. Le décalage entre son ressenti et ce que lui disait John était trop grand. Il lui fallait clarifier les choses.

- “Encyclopédie sur la faune sauvage de Mobius”.

- Ah, dit John en clignant des yeux, comme pris sur le fait.

- C’est un vieux bouquin. Rédigé par ceux qui se faisaient appeler les Encyclopédistes, des moines de l’ère précédant la créations des Terres-Unies. Quand il y avait encore des rois.

- Comme vous dites, c’est très vieux…

- C’est bien pire. Vous savez pourquoi ce bouquin est connu ? Parce qu’il dépeint le mobien comme une sorte de bestiole sauvage, qui marchait à ras du sol, à la recherche d’insecte ou d’animaux morts. Je le sais bien, j’ai fait une thèse sur les représentations que véhiculait le livre et pourquoi les Encyclopédistes, qui n’avaient jamais vu de mobiens, en parlait de cette façon…

- Bien sûr, c’est une simulation. Mais vous admettrez que la simulation est correcte, elle simule bien ce que les auteurs ont voulu mettre dans leurs papiers.

- C’est sûr, dit la renarde en hochant de la tête. Mais votre casque nous plonge dans ces écrits comme si c’était réel, sans sélection critique. C’est la porte ouverte à toutes les fictions.

- Mais… Eh bien, vous commencez à comprendre pourquoi on m’a “blacklisté”, dit la grenouille en se levant. Vous avez malheureusement cliqué sur un fil unique.

- Un ?...

- Un fil unique. C’est mon plus gros problème avec cet appareil. C’est-à-dire que les livres d’histoires décrivent parfois des objets qui n’ont aucun lien les uns avec les autres. La vision des Encyclopédistes est, de ce point de vue, unique. Du coup, personne n’a débattu quant à savoir si “leurs” mobiens sauvages marchaient effectivement à quatre pattes. L’algorithme essaye de comparer le plus possible. Des fois, si un objet est trop controversé, il aura du mal à décider quelle forme lui donner, et alors, rien n’apparaîtra. Dans le cas des “mobiens sauvages”, vous avez bien remarqué que ceux-ci marchaient à trois pattes et donnait des coups avec la quatrième, n’est-ce pas ?

L’excroissance bizarre de certaines de ces créatures, qui soulevait parfois un bâton, lui traversa l’esprit.

- C’est vrai.

- Typiquement, les Encyclopédistes étaient en désaccord sur ce point, au sein du même livre.

- C’est… Vrai en ce qui les concerne, puisque Victorius voulait présenter des animaux quadrupèdes pour souligner leur infériorité, et qu’Amandius voulait souligner, en écrivant qu’ils portaient des bâtons, à appuyer sur leur dangerosité et leur sauvagerie. Les journaux intimes de Victorius démontrent qu’ils ne voulaient surtout pas qu’on pense que les mobiens pouvaient se servir de bâtons, car il avait peur que le roi cherchent à enrôler ces bêtes dans son armée, puisque cela provoquerait le début de la décadence. Mais ce n’est pas ce que je veux dire.

La renarde posa le casque sur la table.

- Certes, votre séquençage arrive à reproduire une bonne représentation virtuelle de ce qu’il y a d’écrit, de ce qui a été écrit dans le passé, mais cela s’arrête là. Ce n’est pas de l’Histoire, mais du copié-collé.

- “Un algorithme n’a pas de philosophie de l’histoire et encore moins de notion de savoir critique” voilà ce qu’on m’a dit à l’université de Grand Metropolis. On m’a même accusé d’être un “révisionniste avec un casque de réalité virtuelle”, dit John, affalé sur sa chaise. Comble de l’incompréhension. Vous connaissez la conclusion de mon livre. Je l’ai toujours dit : “L’histoire ne se cumule pas, elle se débat”.

Lucy hocha de la tête.

- Le casque a une application pédagogique. En voyant la réalité telle que présenté par les Encyclopédistes, on voit en un éclair ce qui cloche. Pas besoin de lecture de dizaine de pages pour percer l’imaginaire orienté de ces propagandistes de la supériorité de la race humaine, et du bien-fondé du pouvoir royal. Je ne peux pas produire un algorithme de sélection parfait. Néanmoins elle permet de vivre l’Histoire autrement qu’avec des mots. Imaginez l’intérêt donné à la discipline. Mais peut-être que les historiens méprisent les représentations de leur matériel de travail…

- Je ne méprise rien, c’est une invention extraordinaire. Mais c’est une invention effrayante.

- En quoi ?

- Il suppose que… Tout lecteur aurait le savoir critique pour être mené dans l’histoire sans préavis, sans commentaire. Et quasiment voir, voir en vrai, les idées qui sont exprimés. Les conséquences peuvent être désastreuses.

- C’est là le coeur du sujet. Vous pensez que les gens ne savent pas être critique avec ce qu’ils lisent. Vous les prenez un peu pour des idiots, quand même, se plaint la grenouille. Les gens ont suffisamment de bon sens pour voir qu’ils ne marchent pas à quatre pattes à la recherche de vers de terre !

- Mais ils pourraient être amené à penser que leurs ancêtres le faisaient à cette époque. Comment leur parler dès lors des civilisations ancienne ? Et encore, si ici la chose est flagrante, imaginons des détails très précis, ou des contrevérités ? Bien que les événements décrits ne soient jamais arrivé, ou pas comme ça, les gens diront que cela existe, car ils l’auront vu dans votre “machine à remonter dans le temps”. Cela porte à conséquence, vous ne pouvez pas faire comme si vous ne l’aviez pas vu.

La grenouille faisait les cents pas, peiné de la réaction de la jeune historienne, peiné aussi qu’elle soit tombé directement sur l’angle problématique du sujet. Il regardait le store fermé, d’un vert ocre. Lucy regarda dans sa direction. Il faisait peine à voir, ce batracien, oscillant comme s’il marchait au milieu de ses rêves brisés.

- Pourquoi ne pas mettre cet appareil au service de la fiction pure ? “Vivez un livre” ou quelque chose de ce style… Cela pourrait être original.

- Vous n’avez pas de vision d’ensemble, vous me parler de menu, puis de fiction… Comme si on pouvait vendre cette invention en partie, pour esquiver l’aspect principal. D’une part, la fiction pure ne me fait pas rêver, elle ne fonctionne pas selon les mêmes règles, pas selon le même encodage, et, d’autre part, les éditeurs grimperaient aux rideaux de rage en voyant l’exploitations en salle brusquement balayé par un simulateur. Or rien qu’à Grand Metropolis la littérature romanesque vit de ses adaptations. Avoir toutes leurs données poseraient des problèmes de droit d’auteurs, et tout le fatras. Je passerais ma vie dans les tribunaux, tout ça pour “vivre un roman”, ce que l’on fait déjà quand on le lit. Reproduire de la fiction, ce n’est pas mon rêve. Je veux prendre de la donnée historique, et en faire une réalité pour ceux qui la regarde. Raison pour laquelle j’ai nommé cet appareil “F.E.T”. Le “Fabula Exstant Transformatio”, dit-il en prenant le casque en main.

La renarde réfléchit, traduisant le terme en locution ancienne.

- “Mise en intrigue”. Mettre en scène l’Histoire avec un casque. Ambigüe.

- L’Histoire est toujours le produit d’un choix de l’historien. Il n’y a pas de “faits”, mais que des “F.E.T”, en sommes. Ce que permet ma machine.

La grenouille se tourna en direction de l’historienne. Il se pencha sur sa valise, pour sortir un ordinateur portable, qu’il déplia, avant de le brancher à un câble, qu’il relia au casque.

- Je sais que vous avez travaillé longuement sur la période suivant la fin des colonies sur les territoires mobiens, c’est la raison pour laquelle j’ai fait appel à vous. Il me faut un fil de démonstration, afin de vendre le projet à un client qui serait éventuellement intéressé. Et, apparement, des données soleannienne ont pu être comparé à des données spagonienne, ce qui n’est pas toujours le cas. C’est un fil assez riche. J’aimerais que vous le parcouriez.

La renarde se gratta la truffe.

- Hmm. Je ne suis pas sûre…

- Vous avez le regard acéré. J’aimerai savoir si ce fil ne contient rien qui semble improbable, pour l’oeil de l’expert.

La renarde resta indécise. Au fond d’elle, et au-delà de son discours professionnelle, elle se sentait partagé entre l’idée de pouvoir retourner dans cet outil fascinant, et son éthique personnelle. John avait cependant préparé son argument. Il lui tendit le casque.

- De plus, j’ai pu ouvrir et encoder des correspondances provenant d’archives soleanniennes particulièrement difficile d’accès. Je pourrais vous transmettre les documents, mais ne serait-il pas plus agréable à parcourir sous cette forme ?

- Est-ce que ce sera long ?

- À priori, non. Quelques heures tout au plus. Cela passe vite. Je m’engage sur l’honneur à vous transmettre toutes ces archives si vous vous prêtez à cette petite expérience. Votre nom ne sera bien sûr pas cité. Qu’en dites-vous ?

Lucy se gratta le menton. Son “Parcours mobiens à l’ère post-coloniale” pouvait prendre un tout autre tournant, avec l’accès à ces données.

- Juste pour un fil, dans ce cas, dit la renarde en mettant le casque.

- Vous allez voir. Suivez celui que vous avez à suivre, regardez ce que vous voulez, faites les événements les vôtres, décrivez-les comme vous écririez un témoignage, celui du temps vécu. L’accès aux correspondances permettent de comprendre ce que pensait certains… “personnage” de cette histoire. Enfin, vous verrez sur place. C’est parti.

Elle abaissa la visière. Le sol, les murs de la pièces disparurent pour laisser place à un ciel pâle, et à une terre étrangère et sombre, celle du passé. Rien à l’horizon, si ce n’est le cri des corbeaux, dans cette plaine où elle était invisible. Au loin, une silhouette, qui semblait avoir quelques problème pour se déplacer dans l’épaisse boue qui recouvrait ce sol inconnue.
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Aubra Nathan
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MessageSujet: Re: Destinée Manifeste [Réservé, non-solo]   Destinée Manifeste [Réservé, non-solo] EmptyVen 27 Mar 2020, 3:51 pm

Spoiler:

La brume traîtresse était la dernière machination de destinée pour retarder un peu plus son avancée. En cet instant, Mihaly Northwind doutait de multiple choix. Cependant il était de son devoir de prendre des risques et de mener à bien ce voyage. À l'âge de 43 ans,  le soleannien savait que l'épopée ne me rajeunit pas. Cependant, pour le requin de corail , l'empressement et la sensation d'enjeu sont un rappel direct aux premières sensations de l'exploration d'il y a déjà deux décennies.

Cependant il était loin d'explorer des terres non cartographiées. Ou des contrées orientales qui faisaient encore l'objet de mysticisme et d'imaginaire... bien que ces deux choses semblent s'être raréfiées et perdues de leur superbe. Les temps ont réellement changé... Il avait déjà eu de longues heures pour y penser. Et il devait se rendre à l'évidence. Tout comme la vie change un individu le monde était changé... l'enfance ne pouvait pas durer et auteur il fallait être confronté aux épreuves, la survie et aux devoirs qui vous forgent. L'avenir était un océan de possibilités remplies d'eau merveilleuse et de courant aussi froid que cruelle... mais le temps lui était une rivière irrésistible.

- Fichtre , ces terres sont encore plus affamés que les ambitions calamiteuses...

Il maudissait un peu alors qu'il retirait rapidement son pied avant que ce ne s'enfonce trop dans une parcelle boueuse qui aurait vite fait de le capturer jusqu'à la cheville. Il avait déjà commis cette erreur un peu plus tôt. Mais pour cela il s'était entiché d'un appui de fortune constituée d'une simple branche.

Sans cette brume peut-être aurait-il réussi à mieux voir dans l'aube le chemin et ne pas se retrouver au milieu de ces plaines... son empressement allait peut-être lui coûter davantage de son précieux temps. Même s'il pouvait espérer que l'équipage, lui accorde quelques jours de plus , en bravant courageusement ses propres ordres... il ne voulait pas non plus mettre en doute leur honneur et prendre un tel risque.

Avant d'entreprendre cette courtes péripétie de quelques jours seuls il leur avait laissé instructions et des missives à rapporter la patrie si venait à ne pas leur revenir.

Alors que l'émissaire reprenait ses efforts pour avancer , ces écrits apparaissaient suivi une voix neutre et solennelle... qui faisait alors la lecture pour le spectateur invisible.

" Ma chère sœur. Je laisse  ce courrier en espérant que jamais autre que moi n'est à vous donner... un tant soit peu que je n'ai pas le désir de m'en débarrasser avant de retour.

À l'invitation de mon second et homme de confiance, je prends cependant la précaution de concilier ses mots si quelque chose devait m'arriver.
Au moment où je vous écris une dizaine de jours se sont écoulés depuis mon départ de Soléana... je sais que par les temps actuels j'aurais dû rester. Plus que jamais le conseil des nobles est appelé à s'exprimer. Malgré cela, j'éprouve d'autres responsabilités que d'exprimer ma parole. Heureusement je peux avoir l'esprit tranquille que ton jugement est toujours éclairé et que tu seras faire les bons choix concernant nos responsabilités.
Pour ma part, je pressens que les courants ont tourné et que plus que jamais Soleana , ou au moins la vénérable Crimsone Ligne  , fierté de notre famille , a besoin que je reprenne la mère.
Nous ne sommes plus seuls...

Tout comme j'ai soutenu dès le premier jour cette initiative, je ne regrette toujours pas son adoption. Même si cela peut obscurcir notre horizon. Les nobles ne pouvaient plus se permettre d'être les seuls capitaines. Soléana ne pouvait plus s'accrocher à une telle tradition. Nous avons pu le voir... il nous faut désormais du sang neuf pour guider notre flotte marchande et militaire.
La vigueur injectée pour sa croissance ne peut être satisfaite que par une vaste génération de soleannien pour donner une âme au bâtiment de bois et d'acier... et il faut aussi ouvrir de nouvelles voies pour nourrir en ressources ce développement.

Nous ne pouvons plus nous permettre de rester immobile, autosuffisant de notre statut et de nos acquis sans quoi d'autres animés par le talent, la conviction et l'esprit d'entreprendre nous dépasserons.

Pour autant, je sais que les mots ne cacheront pas " la naïve chevalerie " que tu me reproches temps. Oui je ressens le besoin de répondre à l'appel de ma nation quand elle en a besoin. Je l'ai déjà fait au péril de ma vie quand elle était en danger... maintenant, cet appel est encore plus fort que lors de la dernière crise.  Nous devons nous renforcer pour que plus jamais le désastre n'approche. Mais ce n'est pas le seul appel.
Le monde traversait une violente tempête. La folie et la sauvagerie du continent ont atteint des sommets tels qu'il est difficile de démêler réalité et affabulation des récits qui nous parviennent. Damoclès nous a montré la nature barbare et corruptrice du combat pour quelques parcelles de terre... les mots me manquent pour imaginer la noirceur des actes qui peuvent être accomplis au nom de que la cupidité qui est née du désir de s'emparer de plus de terres. Les océans nous sont protégés de cette bête noire... Soléana est peut-être le dernier bastion de civilisation qui n'a pas été souillée par la folie terrestre.
Il est donc de notre devoir de brandir cet torché de la porter. Il est de mon devoir d'aller par-delà les océans , à la rencontre des termes meurtris pour essayer d'apporter ce feu. J'espère pouvoir disséminer un peu de notre sagesse. Et qu'en apportant la prospérité du commerce et de l'influence de notre nation nous nous accomplissons notre mission en ce monde.

Je n'ai cessé de penser à cela tout au long de mon voyage. Les eaux ont été clémentes et les prouesses de la machinerie qu'il bat au cœur de mon navire mon privé de toute distraction sous forme de travail. Votre ami l'ingénieur naval avait raison. L'air de la voilà pris fin... difficile d'imaginer que ces navires plus grands et plus lourds soient pourtant si rapides et agiles.

Cependant, je dois tempérer mon enthousiasme. Mon arrivée à terre a été d'une sévère mise à l'épreuve de mes convictions.
Sans infrastructure autre qu'un ponton de bois c'était la force des rames que nous avons du débarqué à terre. La seule trace de civilisation pour nous accueillir un hameau sans nom... juste des pêcheurs. Leur équipement est aussi triste que limité. Certains hommes de l'équipage se sont même spontanément proposés d'enseigner pour quelques jours de meilleures pratiques de pêches  au  locaux... je n'ai pas pu leur dire non.

L'état de la population locale m'a pris de pitié. Alors même qu'ils sont face à la mer... je n'ai pas le cœur à mettre sur papier ce que j'ai vu. Je sais que tu serais tout aussi touché que moi à ce spectacle.

Les locaux ne sont actuellement limités que  a 2  famille... pas d'humains que des terrestres... avec si peu d'habitants, je n'ai pas d'espoir de pouvoir conclure un accord ici même. Avec l'aide de mon second nous avons essayé d'en savoir plus sur leur situation. Cette tâche assez rapidement réduite à ma seule personne, les terrestres ayant une défiance frôlant l'irrationnel pour les humains. Après de multiples efforts , pour acquérir leur confiance et mieux comprendre leur situation, j'ai prendre connaissance de l'existence d'une communauté plus loin dans les terres.  

Ce qui m'amène en raison de cette missive. Ce lieu manque de tout, tout semblant d'institutions se sont envolés s'ils ont déjà existé. Ainsi, je suis dépourvu d'autres alternatives que de te voir rencontrer en personne la figure d'autorité locale et négocier pour apporter notre aide pour qu'il puisse rebâtir et bâtir.
Je n'ai au plus qu'une journée de marche. Mais je tiens faire cela seul. La population locale est particulièrement agitée autour de certains soleannien ... c'est pourquoi je ne pourrais pas avoir l'aide de mon second . De plus, je dois être prudent. Je regardais mes hommes pour protéger notre navire et commencer à reconnaître la côte, que nous puissions vite déterminer ou bâtir après que j'ai fait entendre raison aux locaux.

Je ne devrais pas avoir de raison m'inquiéter... mais en ultime précaution je laisse cette lettre .

J'espère que jamais tu n'auras lire ces mots à défaut de mon retour... auquel cas , j'ai aussi joint une lettre pour ma femme... je te laisse le fardeau de lui donner si le pire venait à se produire. Je sais que tu trouveras sans doute de meilleures que moi dans le billet que je lui laisse. Nul homme ne peut trouver les mots pour expliquer sa propre tragédie à sa compagne.

Cordialement , Mihaly Northwind  "


La fraction d'archives se dématérialisait. Ramenant la situation à sa situation la plus simple et épurée. De l'émissaire qui enfin était parvenu à atteindre une route de terre battue , la même qu'il avait perdue un peu plus tôt.

L'air se réchauffait et apporter un peu d'optimisme pour tempérer son désarroi à constater ses bottes pleines de terre. Devant lui, plus de terre meuble traîtresse... la brume se levant. Les sillons devenaient plus clairs au milieu des trouve de mauvaises herbes et de végétation sauvage qui dévorait le sol meuble anciennement travailler.
Car même s'il n'était pas un expert, loin de là... maintenant qu'il avait une pleine visibilité il pouvait enfin remarquer les paterne grossier de ligne dans la terre retournée de plus en plus infestés. Il avait coupé au milieu de champs... l'agriculture était un signe d'activité. C'était un bon signe...

Cependant, il y avait quelque chose d'intimement dérangeant à cette scène. La sensation que quelque chose n'allait pas en voyant ses terres. Il manquait du savoir pour juger du travail de la terre. Mais il pouvait voir un travail abandonné. Pourquoi donc ces champs étaient-ils à l'abandon ? L'hiver avait été passé pourtant.
Abandonnant la branche qui lui avait servi d'appui de fortune et suivait maintenant la route , faisant attention à rester sur le sentier praticable.
Plus loin devant lui, des rangées d'arbres et de bosquets non entretenus semblaient former des lignes de séparation entre les parcelles. Dissimulant aussi les irrégularités formant de petites collines.

Mais ce n'était pas la seule chose que ces mûres végétales pouvaient cacher. Car quand son chemin amena les dépasser et de faire une découverte déconcertante.

À moitié renversée dans un fossé, en proie à une prolifération de rouille qui dévorait le métal là où la peinture avait été endommagée par les éléments ou des frottements,... gisait un tracteur. Sa construction était utilitaire pour ne pas dire d'une terrible laideur. Les couleurs délavées de multiples intempéries ajoutaient une impression maladive à la machine morte.  
Son aspect initial déjà dénué de toute attention autre qu'une extrême simplicité donnait déjà une bonne idée de la vie de dur labeur et de mauvais traitements à laquelle la machine avait été distillée. Mais sa faim était encore plus cruelle.

Ayant cédé un peu de sa curiosité l'émissaire souhaitait approcher pour mieux voir. Réalisant qu'il s'agissait déjà d'un squelette que des charognards avaient pillé dans les moindres détails. Plus de sièges, les leviers disparus... les roues qui n'étaient pas plaquées dans le fossé volatilisé... alors même que celle-ci semblait être les parties de métal les plus banale qui soit...

- Quel gâchi...

Murmurer cela alors qu'il faisait face au gouffre béant là aurait dû se trouver le moteur de la machine. Celui-ci avait été arraché. Le métal de la carlingue tordue pour avoir la place de retirer la mécanique malgré l'inclinaison du véhicule... ne rester que quelque vice ou un tuyau à moitié cassée.

Cette carcasse n'avait de valeur que le métal maintenant. Son Était Presque Prodigieux... les prodigieux récupérateurs avaient pour ainsi dire racler jusqu'à l'os... ne laissant que ce qui était irrécupérable ou peut-être dépourvu de la moindre valeur.

Laissant ce spectacle d'abandon, le requin de corail en reprenait son périple. Suivant le chemin sur une douce pente vers le sommet de ce qui était à peine qualifiable de collines. Et encore c'était uniquement car les quelques malheureux mètres d'élévation en faisant le plus haut sommet des environs.

Quelques mètres sont cependant suffisants à faire la différence... à réduire votre perception de l'horizon ou bien à l'étendre.
Car une fois au sommet, l'émissaire pouvait enfin apercevoir la forme artificielle de construction à l'horizon. Le flou de l'interface entre l'intérêt le ciel décoloré cette tâche irrégulière. Mais il n'y avait pas de doute sur sa nature. Nul arbre ne pouvait atteindre un tel degré d'hétérogénéité ... et pour l'émissaire nulles créatures sentions non plus... jusqu'à maintenant.

Cependant, il était là pour prendre contact avec les terrestres... et c'était donc vers cette vision qu'il devait se rendre indépendamment de ses émotions. Il avait ses devoirs a accomplir pour Soléana.
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MessageSujet: Re: Destinée Manifeste [Réservé, non-solo]   Destinée Manifeste [Réservé, non-solo] EmptyMar 31 Mar 2020, 4:48 am

Racines, troncs, branches sèches. Il fallait savoir ce que ces restes avaient été de leur vivant pour le croire, car plus aucun indice ne laissait présager de leur ancienne nature. Des vignes, perdues au milieu d’un océan de lierre grisâtre, qui avait tout recouvert, sitôt les maîtres du lieu partis. De loin, il aurait été bien difficile, même aux yeux les plus habitués, de les distinguer de la terre sur laquelle les végétaux tenaient leur emprise. Bien plus encore, une autre forme de plante grimpante, amenée en ces lieux, collier de métal tranchant entouraient les terres précieuses, rendu absurde par leur déliquescence, abattue, écrasée au milieu du marasme - Au point où l’on aurait pu croire que certaines branche avaient commencé à s’oxyder, prenant la teinte d’une caractéristique corrosion. Oui, les anciennes frontières s’étaient effondrées, et de façon spectaculaire : Celle entre l’intérieur et l’extérieur, celles entre la nature, le fer et la boue, celle qui distinguait le mort du vivant, l’inerte de l’actif. Ne restait plus que la désolation.

L’émissaire l’ignorait sûrement - mais là où il posait les pieds, se trouvait bel et bien une piste moderne. Celle qui semblait donner la forme à la terre, une ancienne route de béton, sans entretien, disparue sous le chaos. Il aurait été ambitieux d’avancer que la faute eût été à mettre sur le compte de la nature, car ici, des gravats d’une toute autre nature semblaient avoir glissés. Dans la terre noire, des cendres, et des paillettes de couleur dorée, celle de large, d’énorme douilles de mitrailleuses. Des fragments, des éclats, des shrapnels. Même si la fête des canons s’étaient tue depuis déjà bien longtemps, tout leurs échos n’avaient, ici, pas finis de résonner. Un trou béant, percé par une artillerie d’origine incertaine, marquait la route, descendant en une légère pente, et dont chaque contour semblait comme masqué par les irrégularités du terrain.

C’est là qu’avait eut lieu la sortie de route. Vers quel être, vers quel devenir ? Impossible de le déterminer avec certitude. Dérapage, déviation du wagon humain hors des rails, celles venant de nul part, pour aller vers où ? Au progrès, tendre vers celui-ci, aller au-delà du connu ?

Peut-être était-ce ici. À l’endroit précis où la jeep colonial avait glissé, s’était renversé sur le côté, crachant son contenu sur le bord de la route. Du véhicule, on reconnaissait en tout cas le châssis - pareil pour son pilote. C’est une chose d’en lire la silhouette, entre les mots, entre les lignes, s’en est une autre que d’en mesurer le poids, le poids mort, encore enfoncé dans sa tenue militaire pleine de liquides secs, encore vêtu de ce lourd casque en métal, singulier entre tous, symbole du pouvoir et de l’autorité, et qui ne disait maintenant plus rien, si ce n’est défaite. Défaite, oubli : Il n’y avait pas de tombes, pas d’honneur et aucun honneurs faits pour ceux tombé au champ, dans le camp des perdants. Défaite, car rien ne restait dans l’Histoire de ce sacrifice pour une cause perdue. Un gâchis, oui. Gâchis de vie. Mais ceux qui avait mené ce cadavre, marchant déjà dans son linceul, étaient déjà loin.

C’était un fait bien connu, dans les monographies sur la fin du conflit. Les chefs, gestionnaires et administrateurs des colonies avaient dû s’enfuir, parfois en passant par des voies complexe, pour retourner en direction des Terres-Unies. En ce moment-même, eux et ce qu’il restait de leurs troupes avec armes et bagages, étaient sans doute déjà arrivé aux porte du palais du gouvernement des hommes, sur les marches de leurs parlements, hurlant à ce qu’on leur ouvre la porte, menaçant de tirer, et contraignant les ministres à prêter l’oreille à leur inquiétude. Plus de doute possible : Ils allaient arriver. Qui donc ? Les animaux, pardi. Ils avaient mordu la main du maître, avaient cassés leurs chaînes. C’était fini, terminé, de l’ordre naturel des choses. Les menaces étaient trop nombreuses. Les vautours allaient rappliquer, profiter du désarroi et de la confusion. Les reptiles ? Écrasés en pleine steppe. Les territoires voisins ? Probablement, en ce moment même, croulant sous le poids des fers des chevaux. À moins qu’elles ne fussent sous la menace d’un coup d’épée venu d’ailleurs, portée par le pouvoir royal, ou par l’un des huits bras de la bête des mers., par trop sous-estimés.

Pire scénario encore, et c’est celui que redoutaient les capitaines de l’armée par-dessus tout : Que les différentes sphères d’influence éclatent, et, mené par le nouveau désordre qui leur donnait l’initiative décide de régner, partout, sur les mers de sables comme sur les océans. Et l’humanité de disparaître, sous le coup des barbares. Mais qu’attendez-vous donc, levez les murs, faites des terres-unies une forteresse, que diable, trouvez-nous des balles, des gaz, des vaisseaux de guerre, qu’importe où ils flottent, pour contenir ce monde maudit sur lequel nous n’avons plus aucune emprise, plus aucune initiative. Ce n’est plus nous qui écrivons les règles de la guerre, mais les animaux, alors les prochains conflits seront bien plus sauvages. Vous savez, monsieur le ministre, arrêtez de parler de cavaliers, vos cavaliers ils ont descendus de leurs chevaux, et ils arrivent en camion. La nature folle arrive, et en motocyclette, mon capitaine : Les hommes sont formels, alors faites que vos ordres le soient. Je ne veux pas que ma tête finisse dans l’une de ces pyramides de crânes qu’ils mettent à la sortie des villages, car, oui, c’est ce qu’ils font. Écoutez, écoutez-moi ! Je suis armé, et si vous ne donnez par l’ordre, eh bien moi, JE VAIS TIRER !

C’était comme un cri lointain, qui rebondissait sur les murs du temps, un écho, qui vrillait les tympans. Oui, l’écho de la guerre n’avait pas fini de résonner. Sans doute à cause du vide, sans doute à cause du silence. La jeep et la dépouilles avaient déjà disparue, hors de vue. La route disparaissaient derrière d’autres vignes, mais déjà, au-delà des bosses du terrains et les souches noir d’un petit bosquet, apparaissait, en contrebas, un plus dur contour, les lignes d’un bâtiment en béton armé. Salement amoché, on aurait sans doute trouver plus convenable de parler d’une sorte d’arche, encore soutenu par quelques piliers solides, et aux alentours desquels avait été monté une herse en bois. Du haut d’une tour orpheline, qui avait sans doute été une aile du bâtiment, le mobien répéta son ordre encore plus fort à l’émissaire.

- Je vais tirer ! Halte !

Impossible de voir d’où la voix provenait, encore plus difficile de déterminer si le mobien était réellement armé, et d’une arme pouvant tirer d’une telle distance. Au cri du guetteur, la porte de la herse s'entrouvrit, de quelques centimètres. Finalement, elle se referma.

- Ils ont des armes ?

- Les mains, en haut, au-dessus de la tête !

Pas un souffle, si ce n’est celui du vent.

- Non, ils ont pas d’armes. Ils sont… Un seul.

- Attends, j’arrive.

La herse s’ouvrit cette fois, laissant passer une forme, qui s’approcha, jusqu’à devenir de plus en plus nette. Là, le doute n’était plus possible : Le lynx qui montait la pente à la rencontre de l’émissaire, tenait à bout de bras un fusil à levier, immense, pointé dans sa direction. Un fusil comme celui qu’aurait pu le porter le mort de la jeep. D’ailleurs, il n’y avait pas une chose sur ce garde mobien qui n’ait pas été l’objet d’une récupération. Drapé dans une cape qui ressemblait bien davantage à une bâche de camouflage, marchant d’un pas chaloupé à cause de ses bottes trop grande, il était en outre coiffé d’un étrange bonnet velu, posé sans doute dans le mauvais sens, et qui, comme tout le reste, avait connu des jours meilleurs.

- Meers ?

Le lynx fixait l’émissaire soleannien. Il reposa sa question.

- Meers ?... Qu’est-ce que tu fais là ? 'Sont où les autres ?

Son fusil toujours pointé, il regardait aux alentours, s’attendant à voir d’autres reptiles en guenilles. Il arrivait qu’on en ait vu quémander du bois ou du pain, après la débandade de leurs troupes, bien au-delà de la zone des marais. Mais, bien qu’il arrive que ses yeux, usés par une vie d’effort, le trahisse, le lynx au pelage gris reconnu tout de même que, pour un fuyard, celui-ci était autrement mieux vêtu, et que son attitude ne reflétait pas la même crainte. Était-il de ce temps, était-il seulement de ce monde ? Le lynx le fixait, sans comprendre la portée historique du moment. De même que le guetteur, qui du haut d’un des étages, coupa net aux interrogations du lynx.

- Peu importe, dit à ce salaud de Meer qu’on a plus de bois, et qu’il aille crever ailleurs !

- C’est pas un Meer, attends, dit le lynx en levant la voix et son bras.

Sans doute n’avait-il pas eut la présence d’esprit de parler assez fort, car le guetteur commença à s’échauffer, à jurer en dialecte, phrase qui sembla résonner avec l’intensité curieuse d’un traducteur automatique.

- Putains de lézards, on aurait dû tous les crever, les fumiers..., les jeter à la mer… On a pas idée de ce qui ont fait, sous-race, même pas mobien, putain, je jure que s’il me reste une balle, même pas je…

- FERME-LA ! La guerre, elle est terminée !

Le lynx menaça de jeter une pierre en direction de l’occupant de la tour, qui décida de garder le silence. On entendit un distinctement le bruit d’un crachat. Le garde soupira.

- Tu comprends ce qu’on dit ? Tu comprends, sans doute. On a plus rien. Je peux sans doute te faire rentrer quand la nuit sera tombée, enfin… Les gens sous l’arche, il ne faut mieux pas qu’il te voit, tu fais trop penser à un Meer. Faut dire que peu d’entre eux en ont vraiment vu de très près, donc à partir du moment où tu n’as pas de poil sur le caillou…

Un tronc abattu au travers du sentier amenant à l’entrée de la barrière de bois, coupait la route en deux. Sans doute pour empêcher les véhicules de passer. Le fusil sur la jambe, le lynx s’assit, proposa au requin de faire de même.

- En attendant assis-toi, et raconte. On a pas beaucoup mieux à faire en attendant, mais la nuit tombe plus vite qu’on ne le pense.
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MessageSujet: Re: Destinée Manifeste [Réservé, non-solo]   Destinée Manifeste [Réservé, non-solo] EmptyDim 05 Avr 2020, 5:02 pm

La civilisation pouvait être en vue, presque à la portée de l'émissaire. Cependant, plus il se rapprochait de cette silhouette moins il y croyait. Et pour cause, l'état de délabrement et d'abandon du terrain devant lui ne faisait que s'aggraver. Il ne pouvait faire sens de certaines irrégularités du terrain. Qui donc pouvait creuser des trous comme ça ? Pire encore, s'il n'avait pas traversé un peu plus tôt les vestiges de terres cultivables , il n'aurait pas pu faire sens du terrain actuel.
Ce ne relevaient plus seulement de l'abandon, un tel état... ne pouvait être l'œuvre d'un sabotage. Qui plus est d'un sabotage aussi fou que sa minutie sur ces dernières parcelles de terre.

Tel était la vision qui le faisait monter de sa destination. À quoi bon habiter ici les alentours sont abandonnés ? seule une terre stérile serait encore plus absurde.
C'est pour cela qu'il commence à craindre qu'il ne tombe sur une ruine inhabitée. Peut-être n'était-il pas trop tard pour rebrousser chemin ? Retourner à la mer et retenter sur d'autres côtes ? Une solution de facilité et même de prudence que ce sont seconds lui aurait activement recommandé s'il eut été là.
Pour sa part, l'émissaire n'était pas un soleannien doué de la même prudence. Ces lieux avaient quelque chose de si étrangers dans leur état... certes c'était tenté le diable, mais il devait écouter l'appel de la découverte.

En même temps, il essayait de se raisonner dans ses actions.. Après tout, maintenant que il connaissait la fin il pouvait ôter le temps de la liste de ses soucis... Il devait alors faire face aux problèmes imminents.
Peu importe ce qui se passait il avait tout à gagner. S'il n'y avait plus d'âme qui vive, alors il pourra revenir plutôt et avoir la certitude qu'il ne ratait rien.
Au contraire, si les informations qu'il avait pu obtenir un son n'arrivait à terre était vrai... alors il avait toutes les raisons de rencontrer les malheureux qui hantaient ces lieux.

Une autre question lui venait... qui pouvait vivre ainsi ? Quel genre de persévérance ou folie pouvait pousser à rester " inactif " en ces lieux ? La nourriture ne tombait pas du ciel et même si la mer nourricière offrait beaucoup il fallait toujours prendre la peine de pêcher.
Il ne pouvait ignorer cette interrogation. Après tout, sa mission reposait sur l'obtention d'un accord avec les autorités locales.

Et maintenant qu'il était presque capable de prendre contact... Il réalisé les lourdes responsabilités qui accompagnaient cette mission naïve. Il manquait terriblement d'informations... tout Soléana manquait terriblement d'informations.
Depuis le début il y avait assumé qu'il restait une administration ou un état... ou tout simplement quelque chose en charge.
Cependant face à un tel état de déliquescence des terres,... aucune intelligence aussi incapable soit-elle ne peut gouverner d'une façon aussi calamiteuse. Et devait écouter ses angoisses... la situation ici était bien pire que les plus pessimistes prédictions des hommes les plus superstitieux de son équipage.

Il était venu fouler cette terre pour nouer des relations, apporter une délivrance et une aide à rebâtir et faire germer la stabilité et la paix que peut apporter la sagesse de Soléana.
Maintenant, il devait se rendre à l'évidence. S'il restait quoique ce soit de vivant dans le sillon de la calamité qui avait meurtri ses terres... Il sera de son devoir de faire bien plus que de proposer d'apporter de l'aide matérielle. Il devait guider les âmes perdus, les affamés et les laissés-pour-compte...

- Je ne suis pas une menace !

Tellement perdu dans les intrigues et les nouveaux plans qu'il devait dresser... le requin avait perdu sens des distances et du présent. Peut-être même qui s'était un peu trop laissé séduire par le défaitisme et s'était attendu à la même atmosphère morte de la part de .... dtes ruines.

Il ne pouvait pas employer d'autres mots. Une architecture sinistre dans un état tout aussi piteux que ceux qui l'entourent. Un corps brisé qui aurait dû perdre tout souffle de vie... et pourtant une voix inconnue , une vigie ... un souffle de vie qui venait de stopper.

Et tout comme un animal s'acharnant à survivre, à planter ses crocs dans la dernière bride de vie qui lui reste pour ne pas être emportée... c'était quelque chose de défensive, une menace. Un dernier cri pour repousser le danger.

Mais cette simple proclamation, même si à lui haver donné des sueurs froides. Elle lui avait fait dresser les mains... l'émissaire pouvait aussi en tirer un espoir... il y avait encore un semblant d'organisation enfouie ici. Peut-être pourrait-il leur faire entendre raison ?

En attendant, il restait immobile. Les mains levées pour ne pas se mettre en danger et les yeux cherchant frénétiquement les crevasses du bâtiment. Où était-il ? Où était le guetteur ?
Un plat s'il pouvait voir les herses... et barricades pour bloquer la route... ce serait problématique. En l'absence de mots, c'était les déclarations matérielles du repli. Et peut-être même de l'existence de menaces dans ses terres tordues.

Finalement, la herse s'ouvrit. Laissant enfin quelqu'un venir à son encontre. Un terrestre... pour autant, l'émissaire ne relâchait pas sa posture. Les mains toujours levées et mises en évidence. Pas le moindre geste brusque ... c'était loin de ses espoirs de rencontre civilisée... mais la réalité est ce qu'elle est. Faire comprendre qu'il n'est pas une menace passer avant toute présentation.

De même, il étudiait le lynx avant même que le premier mot ne soit prononcé. Chaque détail était bon pour mieux comprendre ce Nouveau Monde. L'arme pointée sur lui trop grande.. cette tenue débraillé qui relève d'un patchwork. Même ce regard... ses yeux fatigués. Il essayait de trouver une équivalence mais il n'en avait pas. Soléana n'en avait pas... ce qu'il avait en face de lui... c'était... "l'engeance de la folie et de la guerre des terrestres" . Tout ce qui pouvait voir dans ce garde et ses habits étaient des restes usés de cette guerre, de ce cataclysme incompris. Est-ce qu'il ne restait que ça ? Les restes de la guerre après que celle-ci soit morte ? est-ce que les terrestres en étaient allés au point de la laisser tout consommer ? Il pouvait avoir peur de l'arme pointée sur lui,... mais il avait profondément pitié de celui qui la pointait. Et pour autant, celui qui n'avait rien et le tenait à bout de canon qui pouvait à cet instant prendre quelque chose par la violence.

Ce terrestre cherchait à parler.

– Meers ?

Le requin répétait la question un peu surpris. Un de ces hommes avait déjà commis l'erreur... Il savait ce qu'il ne fallait pas répondre. Ces maudits lézards et leurs manies avoir pris pour nom quelque chose elle-même sonorité que la mer.

– Non , soleannien... pas un lézards.

Il apportait vite sa réponse espérant calmer le garde, après que celui-ci est réitéré sa question. Étant le plus bref possible et ajoutant plus une petite correction des fois que " soleannien "ne soit pas compris ici. Il espérait aussi que la différence d'accent ne soit pas problématique. Le requin en tant qu'émissaire était à même de surmonter cet obstacle , c'était essentiel dans son segment... le garde par contre.

– Et je suis seul , pas d'armes ni escortent.


Après quoi il se taisait. Il est resté figé un bonne foi... il ne pouvait pas mettre le pied dans le pas de la porte qui était si prudemment ouverte. Si ce garde avait peur... alors insister serait très mal perçu.
Sans oublier il restait encore la vigie. Un second observateur invisible et pourtant capable de tuer... une menace que l'émissaire ne pouvait pas apaiser autrement que par ses gestes.

D'ailleurs, un argument semblait éclater entre le garde et son compare... cependant, certains mots lui étaient inconnus. Sans doute des restes d'un dialecte qui précédait l'occupation humaine... heureusement il pouvait saisir le plus important et l'ensemble.
Et une information clé le rendait beaucoup plus nerveux de son environnement... il y avait des meers ? Certes rien qui semble organiser mais... la prudence a sauvé Soléana.

Enfin , ironiques que les gardes qui le menacent maintenant deviennent spontanément un élément rassurant. Au moins ils tenaient les lézards à distance.

Et le lynx même si défensif était prêt à entendre raison car il commençait enfin une vraie discussion. L'émissaire acquiesçait de la tête pour signifier qu'il comprenait les paroles... et très vite des raisons aussi. La confusion avec les reptiles pouvait être surmontée. Il avait réussi en arrivant à terre...

Le requin attendu qu'enfin ne soit braqué mais qu'il soit invité à s'asseoir pour finalement baisser les mains et prendre place aux côtés du lynx.

– Je me nomme Mihaly Northwind , et comme je vous l'ai dit je viens de Soléana, Par-delà les océans.

C'était peut-être exagéré mais compte tenu de la situation et préférée éviter l'usage du mot " mer " .

– Je suis venu ici seulement en tant que émissaire et marchand. Mon équipage, a jeté encre il y a moins de quelques jours sur les côtes proches et les quelques pêcheurs m'ont dirigé ici.

Il essayait de calculer ses mots. Il devait faire une bonne impression s'il voulait une chance qu'on lui fasse confiance.

– On m'a dit que c'était ici que se trouve... l'autorité local. J'aimerais si possible rencontrer le ou les personnes en charge.

Et maintenant pour le motif. Le plus crucial... le commerce pouvait être une notion beaucoup trop distante pour le moment. Il était clair qu'il n'y avait rien offrir ici et qu'il y avait besoin de tout. Ce n'est pas pour autant découragé le requin. Ce ne seraient que quelques étapes de plus..

–Je suis ici , au nom du duché de Soléana pour proposer une aide à la reconstruction. Mais pour ça il y a besoin d'un port.

Il hésitait un peu... arrivée pour bâtir quelque chose pouvait être mal pris. Les récits de la colonisation humaine donnaient un précédent très clair.

–C'est pour ça que j'espérais pouvoir non seulement prendre connaissance de vos besoins les plus cruciaux et mieux coordonner un plan d'aide mais aussi pouvoir obtenir un accord à la construction de l'infrastructure nécessaire.

Ça sonne encore trop calculer... encore beaucoup trop imposé ... Il faut vite rattraper.

–Nous ne voulons pas imposer notre présence comme les colons humains. C'est pour ça que je cherche à obtenir un accord.


Il hésitait un peu, comment placer cela ? Il regardait l'usine délabrée. Puis la route qui disparaissait dans le désordre de la terre ravagée. Il fallait déjà qu'il reste quelque chose... et même après... même si la distance était faible le terrain était juste dévastée. Un effort pour rebâtir une route ne serait que du temps perdu.

– Excusez-moi , mais ma nation est restée isolé durant le conflit... nous avions à nous protéger les intentions belliqueuses des Meers et d'une de leurs tentatives d'envahir et de nous massacrer...

Un ennemi commun était impuissant moyen de me regrouper les intérêts. Et comme il n'était pas étranger aux lézards,... il était sûr que garde comprendrait parfaitement les abominations qui auraient pu arriver.

– C'est pour cette raison que je manque d'information sur l'état du monde... et je ne me doutais pas de votre situation. Est-ce que il y a encore quelque chose pour vous fédérer ici ? Et pourquoi vous vous attachez autant cette ruine ? ... je suis inquiet de vois rien qui pousse ... vous ne pourrez pas tenir ainsi sans une source de nourriture.


Ces préoccupation été réelle. Ces craintes pour leur avenir venaient de l'empathie naturelle de l'émissaire. Et comment rester insensible face à cela ? Il était actuellement peut être le seul à avoir la mission et le pouvoir de sauver ses terrestres de l'étreinte de la mort entre les mains de cette ruine.
Il avait beaucoup de choses à faire. Beaucoup de choses à bâtir et apporter... mais la priorité était de bâtir le port et de faire sortir la communauté qui se barricadait ici. Il devait les attirer vers la mer. Là où il pourrait faire quelque chose là où il y aurait de quoi vivre, de quoi bâtir quelque chose de nouveau.

– J'espère que vous comprenez mes attentions et je vous remercie de me laisser la chance de rentrer, pour proposer de l'aide.


Il hésitait à dire "rebâtir"... mais ici n'y avait rien à rebâtir. Les fondations étaient clairement corrompues dans la nature continentale. C'était de l'aide pour bâtir quelque chose de nouveau dont ils avaient besoin. C'était pour eux et pour Soléana que le requin faisait ça. Ils avaient tous gagnés à faire grandir ici un allié prospère et reconnaissant de la main tendue.
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MessageSujet: Re: Destinée Manifeste [Réservé, non-solo]   Destinée Manifeste [Réservé, non-solo] EmptyLun 27 Avr 2020, 6:38 am

Le lynx hocha de la tête. Il regardait l’émissaire, mais plus encore, il regardait le visage du requin. Il n’avait pas l’air de tout comprendre, mais d’avoir l’esprit bousculé par plusieurs pensées, qui faisait osciller son regard. Il leva les yeux, pour regarder, dans la tour, la vigie sans visage. Puis baissait à nouveau le regard vers son interlocuteur, hochait la tête à nouveau. Il ne comprenait pas ce qu’il disait, il ne savait pas d’où il venait et ce qu’il était venu chercher. Mais certains mots, au gré de la mélopée, semblait provoquer en lui des réactions profonde, et dévoilait des souvenirs récents.

- Entrer ? Ah, non.

Le lynx secoua la tête, montrant les barrières en bois, secoua la tête à nouveau.

- Non, non, je pense qu’il faut pas.

L’émissaire avait utilisé les termes d’aide, oui, c’était un mot connu ici bas. Mais pire, il avait dit “reconstruction”.

Reconstruire. Il n’y avait rien à reconstruire, ici, sauf ce qui avait été détruit. Et de ce qui avait été détruit, mis à bas, il n’y avait plus rien que l’on puisse souhaiter redresser. Reconstruire quoi ? Les barrières, les murs ? Les usines peut-être. On aurait pu, dans ce grand espace vide et plein de gravats, presque imaginer ces prisons ressortir de terre. Construire, voilà ce qui avait été “construit”, des prisons, des salles de tortures, des abattoirs. Autant de construction, destiné à tous les réduire. Destiné à le réduire, lui, il entendait encore les sons qui envahissait ces nuits, et qui continuait de le hanter, un bruit métallique, celui des chaînes. Construire, avec quelles mains, si ce n’est les nôtres ? Empiler les pierres, encore et encore, sous le soleil, sous la pluie, la nuit, à l’aveuglette, jusqu’à s’en brûler les yeux. Voir encore les colons et leurs cravaches. Et les chaînes. Bon sang, il pouvait presque encore les sentir autour de ses poignets. De quoi devenir fou.

Rester coincé dans ces établis et y perdre la notion du temps, celle du soleil, celle du ciel, en arriver à penser que c’est l’univers entier qui se réduit et s’écrase à cette seule foutue pièce. Toujours, de plus en plus. Rien qui ne nécessite d’être encore ici, une vie de labeur jusqu’à la mort, une mort ingrate, d’inanition. Rien à manger. Et le lendemain qui est déjà là. Rien qui ne retient, rien qui ne permet de faire de lien, on ne peut même plus voir ses enfants, on ne peut même plus prier. Les ordres, même les ordres on ne les comprend plus, on se base sur le ton de la voix du chef de chantier. Plus rien, mais, ah, ces foutus chaînes.

- Attaché à des ruines...

Tirer dessus à toute force : Mais le métal, ça tient. C’est solide, le métal, c’est humain. Rien qui ne ressemble à ce qui pourrit, là, maintenant, dans ses menottes. Construire, la religion des hommes. Le métal est leur dieu, le bitume aussi, le béton. Une trinité. Non, maître, je suis juste tombé, arrêter de frapper. Arrêtez, enlevez-moi ça, enlevez ces chaînes. Enlevez-vous, maintenant, avant qu’on ne vous enlève. Car, à présent, je n’ai plus peur du sang qui coule. Je casse, je casse. Il n’y a rien qui ne saurait être détruit. Construire, voilà bien le terme du démon, brûlez ces idoles, les usines ont le mal en elle. Nos chaînes. Plus jamais on ne me les remettra.

- ... Ici, dit le lynx, une expression figée, lointaine sur le visage, il n’y a rien qui puisse vous intéresser pour… “Construire”. Nous sommes armés et nous pouvons nous défendre. On peut manger, Gaïa nous donne tout ce qu’elle doit. Nous prenons ce que nous devons prendre à la terre. Je ne sais pas où est ce lieu dont tu viens, Mihaly.

Le lynx se frotta le poignet.

- Une chose est sûre, il n’y a rien qui puisse êtres construit sans main. Pour être aussi bien habillé, vous devez en avoir, des esclaves. Peut-être que tu en es un aussi. Je ne pense pas que tu es hostile, mes doutes vont à ceux qui t’envoie. Mais ce n’est pas le sujet.

Le ciel était devenu gris pâle. C’était probablement la couleur qu’il prenait lorsque le temps était incertain.

- Tu m’a demandé si quelque chose nous fédérait, Mihaly. Tu penses à ceux qui sont resté entre les ruines, j’imagine. À l’époque où nous étions tous sous la botte des maîtres, on savait bien qu’on vivait pareil, et on attendait juste qu’une étincelle fasse exploser notre rage. Mais maintenant ? Maintenant, je me sentirais plus proche des habitants des astres que ceux du village d’à côté. On a grandit avec des chaînes, on se croyait civilisé. Et puis il - ...

Le visage du Lynx sembla tout à coup clignoter, les pixels le constituant se fragmentèrent en une explosion de tableaux difformes, barrés de traits de feutre noir, ne laissant place qu’au son d’erreur lié au manque de données. Lucy cligna des yeux. Elle avait cru, l’espace d’un instant, en apprendre plus. Mais il fallait croire que certaines données historique était, et continuait de rester, hors d’accès. À n’en pas douter, Mihaly avait, lui entendu la version entière, mais n’avait pas jugé devoir en garder une trace écrite. L’interruption ne dura pas.

-... - Et depuis, on ne sait pas de quoi même l’ancien frère est capable. Tout n’es pas si simple, tu vois où je veux en venir ? Le mieux serait que tu partes en direction de la côte, là où se trouve un autre village, un peu plus grand, un peu moins brisé. Mais nous n’avons pas de lien avec ces gens-là, alors difficile pour moi de savoir comment ils vont t’accueillir.

Le mobien se gratta la barbe.

- Il y a un moyen pour y aller, ou du moins, une direction pour s’y rendre, et c’est celle qui est donné par ça, là-bas. La voie en fer.

Il désignait un point, un peu plus loin, dans la vallée.

- C’est des sortes de long bout de métaux que les humains trouvaient très important de joindre entre eux, pour les poser sur le sol, un peu comme des routes. Ils leurs accordaient une très grande importance, et puis quand ils ont dû partir à cause de - … - ils ont tous voulu les dynamiter, de peur que les - … - apprennent à s’en servir. Cette voie te mènera droit vers la côte. C’est mieux que tu ne t’en éloignes pas, car la côte la plus proche est entouré d’une bande de terrain sans colline, sur laquelle il n’est pas recommandé de s’aventurer. On n’a malheureusement plus de véhicule à charbon à faire rouler dessus, mais il reste un chariot. Avec ça, aucune chance que tu tombes sur une mine, et puis ce sera plus plaisant que d’y aller à pied. Ah, et j’allais presque oublier. Va en direction de la voie, je dois passer chercher quelque chose à côté de chez moi. Une personne.

- Lucy ?

***

Lucy enleva les lunettes.

- Tout va comme vous voulez ? demanda la grenouille.

- Oui, le programme fonctionne bien. Enfin, si je ne compte pas les espèces d’interférences qui émaille certaine conversation.

- Ce sont les limites du genre... Je rêve d’une histoire qui ne laisserait la place à aucune question. Cela doit faire maintenant 10 bonnes minutes, est-ce que vous considérez que l’échantillonnage est suffisant pour vous faire un avis ?

La renarde regarda les lunettes. Sa tête lui tournait. Elle devait bien admettre que ces simulacres de mobiens qu’elle y avaient croisé semblaient très réels, et qu’elle était à présent préoccupé de ce qui allaient leur arriver. Néanmoins, elle se pencha vers son sac, pour en sortir un bloc-note et un crayon.

- Eh bien… Pas encore tout à fait.

- Pas tout à fait ?

- J’entend, pour l’instant, il ne s’est rien passé. Rien, du moins, qui puisse me permettre de valider ou d’invalider ce qui s’y est passé. Une bonne expertise nécessite plus de donnée.

La grenouille hocha de la tête.

- D’accord. Ne rendons pas la séance trop longue, néanmoins, car, comme vous avez dû le remarquer, c’est… Fatiguant. Mentalement, j’entend.

La renarde hocha de la tête, avant de remettre le casque.

***

- Ici, voici la voie de chemin de fer, dit le vieux mobien en montrant la ligne, qui disparaissaient derrière une forêt morte.

Ils étaient accompagnés d’un mobien un peu plus jeune, caché sous une veste trop grande, une large casquette humaine sur la tête.

- Comme tu allais sur la côte, je me suis dit, tant qu’à y aller, autant rendre ce voyage utile. Pars avec le petit. Lui, il sait comment le chariot fonctionne, et vous serez pas trop de deux pour pousser la draisine.

Le chariot en question était constitué de quatres roues, posés sur les rails, et d’un plateau en bois, surplombé d’une pompe. Le lynx expliqua rapidement que faire bouger la pompe de haut en bas permettait de faire avancer le chariot dans la direction souhaité.

- Tiens, aussi. Il ne fallait pas que j’oublie de te la donner.

Le lynx tendit au requin une veste d’un vert délavé, d’apparence assez curieuse, en coton matelassée, qui dessinait de grosse lignes verticales à sa surface. Un vêtement visiblement beaucoup trop chaud sous ces lattitudes.

- Si tu arrives devant le village, sur la côte, si tu arrives en portant ça, ils seront moins effrayés que si tu arrives avec ta jolie vestes de noble. Et une chose est sûr, c’est qu’ils ne tireront pas. Pareil ici. Allez, en espèrant que tout se passe bien. À un autre jour, peut-être, Mihaly Northwind

Le lynx esquissa un geste, avant de retourner, de sa démarche lente, en direction de l’arche en béton, laissant le requin et le jeune mobien seul avec le chariot et la veste, seul face à un horizon derrière lequel le soleil avait déjà disparu. Ils s’enfonçaient au bout de cette ligne inatteignable et au bout de la nuit, en direction la côte.
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Aubra Nathan
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MessageSujet: Re: Destinée Manifeste [Réservé, non-solo]   Destinée Manifeste [Réservé, non-solo] EmptyVen 23 Oct 2020, 4:08 pm

Quand quelques instants plus tôt Mihaly avait pensé que les fondation étaient corrompues, que la folie continentale montrait devant lui son ultime crime dans la façon dont elle avait non seulement détruit les vies et les peuples par la guerre et la peur, mais aussi des notions comme l'espoir ou la confiance avec la guerre... Il avait pensé que c'était le fond, l'ultime abysse, le fond de la plaie laissée par la violence que Soleana frôlé et réussi à résister et repousser au moment le plus crucial...

Cependant, la réponse laissait une sensation très différente. D'abord ce regard, cette attente presque angoissante pour une réponse. D'abord... pour les premières secondes prise comme la poursuite de cette peur mortuaire, du traumatisme qui les tenait encore dans ces ruines.

Mais ses yeux, ce regard du lynx... la sensation de ce reflet... c'était quelque chose de différent. Et corroborer un peu plus à chaque mot qui avait suivi.

Il y avait quelque chose d'étranger. De complètement différent... d'inconnu, et surtout d'incompréhensible. Et c'était cette sensation qui le dérangeait.

Face à lui, il n'y avait pas seulement une porte fermée par la peur de l'extérieur. Vivre passivement de la terre seulement ? Rejeter la construction derrière une suffisance apportée par des armes ?
Le lynx avait l'interrogation parfaite, avec la meilleure réciprocité qui soit. Ni le garde ni l'émissaire ne savait d'où venait l'autre.

Plus dérangeants encore étaient le sous-entendu que le requin et des esclaves. Même indirecte... et garder sa composition et ne réagissait pas grâce à son expérience de la négociation... maîtriser ses réflexes pour ne jamais s'offenser était essentiel. Un marchand qui se ferme et un marchand qui ne pourra jamais faire affaire.

Et passer cette sensation de pique initial il faisait l'effort de raisonner d'accepter, d'essayer de comprendre que les choses devaient courir beaucoup plus profondément que ce qu'il avait cru comprendre... beaucoup plus profondément que la guerre.

Car l'esclavagisme était une notion barbare, quelque chose qui ne pouvait naître que de l'absence de droit, de l'absence de morale... d'une chute même du concept de civilisation.
Ces vêtements venaient du commerce,... de l'échange du travail. Non pas du vol de celui-ci.

Mais la notion d'esclavagisme touchait quelque chose de beaucoup plus profond et indignant pour quelqu'un de Soleana. Accepter qu'une telle chose existe, qu'une telle chose soit vue comme la normalité.... était une antithèse même d'une des fondations... non de la pierre angulaire de la construction de sa patrie.
La grande humanité était bâtie sur une reconnaissance immuable que tous à Soleana possédaient des droits que rien ne pouvait prendre. Que même la royauté, ne pouvait et n'avait jamais remis en question. Nul ne pouvait abroger la liberté et le droit d'exister de l'autre.
Cette idée était aussi fondamentale que l'eau et la nourriture. C'était Soleana. C'était ce fil indestructible qui constitue le tissu social.... la tapisserie même de l'existence de la nation et ses habitants.

Alors, entendre le continental parler... raconter et expliquer. Le remplissait d'une incertitude et d'un choc que les descriptions des pires carnages ne pouvaient égaler. Il y avait là quelque chose de beaucoup plus... perturbant que la vue d'une violence physique.
C'était en quelque sorte une profanation même de l'âme .

Il ne voyait pas une blessure qui datait de la guerre... ce qui lui était décrit par ces mots était beaucoup plus profond et ancien. Avant même que la guerre ne frappe, la blessure était déjà là... la guerre n'avait fait qu'ouvrir une blessure pourrissant, abjecte... en faisant sauter les agrafes qui la gardaient fermée.

Il n'y avait pas de tissu, pas de file... pas d'ouvrage nécessaire à la confiance à l'entraide ou même à la simple construction...
le lynx ne lui décrivait que des chaînes. Et après,... il n'y avait juste pas d'après la guerre les avait abandonnés dans un après dénué de devenir.... précédé par un passé qui les avait volés... il ne savait même pas s'il y avait un mot pour ça. Pour lui, c'était voir pour la première fois quelque chose qui ne devait pas, qui ne pouvait pas exister dans son esprit qui peinait à comprendre même l'étendue de ce qu'il entendait.

–Une voie de chemin de fer ?

C'était presque abasourdi et sortant d'un cauchemar qui posait la question derrière sa façade calme. Quelques mots, mais qui ce n'est presque comme s'il avait demandé "est-ce que le far est en vu ?". Son expérience lui permettant pour le moment de respirer avec un sujet qui lui parlait beaucoup plus.
Enfin quelque chose qui sortait de cette horrible,... reflet inversé de la civilisation.

–Je vais vous y attendre...

-------------------------

Il n'avait pas été si pressé de revoir son interlocuteur revenir. Pour Northwind tout le temps qu'il pouvait obtenir était actuellement insuffisant pour réfléchir et comprendre. Et ne lui parlez même pas d'écrire dessus. Par ou même commencé ? Comment même écrire cela pour que ce soit compris ?
"Un explorateur raté qui fait du sensationnel pour sauver son statut de capitaine comme son nom ne suffit plus ! "
" Un fou atteint de démence à la seule vue des côtes relate ses délires. "
"Un homme dépassé par son imagination qui trompe l'ennui dans ses rapports " ...

Il pouvait déjà voir , non il pouvait déjà entendre ce que les autres penseraient s'il ne trouvait pas comment résoudre ce tortueux casse-tête plus tard.
Il était venu ici pour sa nation et pour sauver ce qu'il y avait de pourra sauver... pour le devoir moral, .... mais combien Soleana n'avait donc dilué, éviter... et tout simplement ignorée dans leur isolement ?

La folie continentale,... il n'y avait clairement que ça pour se faire comprendre. La folie continentale de leurs livres aberrants et de leurs idées politiques archaïques ... les informations qu'il y avait été importé des années auparavant avant même la guerre avait longtemps été regardé comme "archaïque " , "égarés " , "des impostures scientifiques" ... c'était la folie continentale.

Puis des nouvelles de la guerre et de toutes ces atrocités... c'était devenu la folie continentale.

Puis la menace... c'était l'incarnation de la folie continentale.

Pour NorthWind ... non pour Soléana ... c'était une nouvelle forme d'excès, d'immoralité... c'était tout simplement "la folie continentale".

Alors il y réfléchissait... peut-être y avait-il d'autres mots des personnes plus informées que lui. Il n'était pas dans un homme de lettres de la grande académie. Il était un navigateur, il n'était pas un savant qui étudie la société ou un philosophe... Il devait donc avoir d'autres qui connaissaient mieux que lui.
Mais ce qu'il était sûr d'être... c'est qu'il était naïf. Beaucoup est trop était naife ... il n'y avait rien à sauver ma part peut-être la chose la plus élémentaire. La vie... en un certain sens c'était ce que le lynx et ses compatriotes faisaient ici... Il laissait tout tomber jusqu'au travail même pour se contenter de préserver leur vie.

Rien ne pourrait être réglé avec un simple accord de commerce.

C'est pour ça qu'il hochait lentement la tête lorsque on lui présentait la ligne de chemin de fer.... elle allait vers la côte. Un moyen de retourner plus vite auprès de son équipage. Mais surtout... l'idée qu'il devait y avoir quelque part un centre ( peut-être encore réparable ) de logistique , plus importante encore ... un Port .

Son objectif prioritaire lorsqu'il était parti de Soléana... un cœur du commerce , un cœur de la société ... un trésor 1000 fois plus précieux que les richesses qui pouvaient circuler. un port ... et en plus connecté dans les terres par des racines de métal... par des rail.

Sa persévérance récompensée par Solaris ? Non, car cette victoire se sentait terriblement vite. Il pouvait théoriquement faire venir .... et transporter n'importe quel bien demander. Mais rien de ce qui était nécessaire ici. Avec un besoin perverti il n'y avait aucune commande.

–Merci de votre aide... ne serait-ce pour ses pièges que vous m'évitez ... mais je vous dois bien la vie.

Les miettes vraiment un concept continental l'idée qu'on puisse laisser quelque chose pour simplement bloquer le passage pour toujours à un endroit. C'était quelque chose de vraiment vicieux... et nouveau. En mer, il est simple de contourner.... passer au-dessus ou en-dessous.. c'était vraiment une notion qui nécessitait quelque chose de restrictif comme la terre pour être déployé.
Il n'en restait pas moins que les récits glaçants de Damoclès avaient douloureusement fait comprendre cette idée aux habitants de Soléana... et encore pire pour les malheureux doient vivre avec les shrapnel...

– Et comment est-ce que le chariot va revenir ?

Demandez sans regardant brièvement le jeune. Se disant que le chemin de retour serait assez difficile pour lui seul... s'il venait à devoir revenir. Il n'osait pas vraiment poser les questions de pourquoi cet compagnie pour la suite. Ni même toute cette aide.
Pour lui, c'était presque trop. Malgré tout ce qu'ils avaient enduré, toutes ces cicatrices qui les avaient presque handicapés de leur capacité à faire confiance aux autres moi crée quelque chose de commun... ils avaient toujours une forme de bonté aussi simple.
Il y avait quelque chose de beau.... comme dans les moyens des questions les plus primaires et encore appris... dans la nuit, même étoile plus faible devient une lueur qui peut montrer le cap.

– Merci...

Il disait ça avec encore surprise qu'il prenait souffle alors donner l'uniforme. Ce n'était certainement pas grand-chose ... de la matière jusqu'à la qualité de la fabrique... même pour sa fonction ici. Mais pour tout ce que ça permettrait d'éviter... il ne pouvait juste pas être si reconnaissant.

–Un autre jour j'espère.... si cela se passe bien ce sera grâce à vous. Je vous serais donc reconnaissant...

Il ne voulait pas faire de promesses inutiles et surtout inadaptées. Du béton... des vivre .... n'importe quoi ? Il ne savait ni ce qui serait adapté ni ce qui risque blesser. Avril laissait juste sa reconnaissance comme une promesse que peu importe ce qu'il trouve... Il reviendra pour les aider avec.

Il regardait le lynx s'éloigner avant de se tourner vers le chariot et le jeune. Le regardant en hésitant.

– Enchanté, ... je suppose que nous pouvons partir ?

Il avait une certaine nervosité avec la nuit qui arrivait... une habitude de marin. On partait jamais au milieu de la nuit. Trop de manœuvre et trop peu de visibilité.
Il montait cependant sur le chariot. Posant ses affaires.

–Est-ce que... je peux te demander pourquoi est-ce que tu ma compagne ? Autre que le chariot...

À vrai dire, c'est une question qui n'avait demandé à l'ancien. Bien trop pensif et ému sur le moment... mais maintenant, ne retour sur le chemin pour la côte... il y avait quelque chose de presque rassurant qui lui permet de mieux réfléchir.

Y réfléchir et en avoir besoin. S'il n'avait pas eu à faire avancer dans sa propre force ce chariot. Il aurait déjà commencé à essayer d'écrire.

Ce lieu était une friche. Tout devait être bâti.... mais il ne pouvait pas pâtir pour eu ... les ressources physiques semblent déjà insuffisantes mais surtout. Mais jamais il ne pourrait le faire passer auprès de ces gens. Pour les terrestres ici... tenter d'apporter quoi que ce soit , de créer une société serait vu comme une nouvelle itération de leur passé.

Plus que des biens ,du matériel ,de l'expertise , il devait trouver le moyen de le rapporter un futur... on vient ça serait une marche de plus sur l'ascension d'une prochaine calamité sur le continent.

Il fallait quelque chose qui puisse restaurer les échanges.... pousser à désirer des améliorations... à bâtir vers la promesse de demain. Quelque chose d'aussi concret que universelle. Les belles paroles mourraient sans acte... et les actes seuls seraient vus avec défiancee.... sans compter qu'il ne pouvait même pas imaginer comment les encourager à faire quoi que ce soit sans les habitants de cette terre ne se sente forcé.

Il pouvait donner des outils ... mais qu'est-ce qui pouvait ouvrir comme motivation à ce qui n'avait jamais rien eu ?

Les communautés n'avaient même pas de moyens de se faire confiance quand tout ce qui pouvait connaître c'était quelqu'un qui vient juste prendre.. piller. Et donc uniquement une peur mutuelle sur cette prospection.

Il levait les yeux au ciel. Les premières étoiles apparaissant. Pour une fois, ne pouvait pas vraiment l'aider. Pas de cap, pas de position ... un ciel bien dégagé, et un vent inutile... sauf pour lui faire froid.

– la fraîcheur de la nuit est pire que hier.... est-ce que ça te dérange si je prends quelques instants pour changer ma veste ? L'autre doit être plus chaude.

Elle demande pouvoir lâcher temporairement le levier. Puis s'effectuer. Une pièce tombant de sa poche durant l'opération... bonne chose qu'il remarquait le bruit sinon elle aurait roulé il serait tombé du chariot.... Petit Poucet achetait quelque chose ici par contre...

Cependant, c'était un déclic sur le moment.... la chose plus basique qu'il connaisse pour une société en tant que marchand.... la chose qui permet de connecter les besoins éloigner, de faire fonctionner un réseau complexe d'entraide.... l'argent.

Il se dépêchait de remettre les mains sur le levier rangerait pièce dans la poche de ce nouvelle veste... mais sur cet instant il était sur n'importe quel éclair de génie. S'il parvenait à créer un commerce... alors il pourrait naturellement faire naître une vraie civilisation ici. Bien sûr le savoir et toute l'aide nécessaire pour être fourni pour accélérer ça.... mais pour un marchand comme lui, à aider au développement économique... une société se créera pour subvenir aux besoins de son fonctionnement derrière... et de cette organisation pourra s'étendre plus de ressources donc un lendemain.

Peut-être qu'il pouvait y avoir quelque chose comme un plan. Pas juste une aide à la reconstruction...
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Armadillio Finstev
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MessageSujet: Re: Destinée Manifeste [Réservé, non-solo]   Destinée Manifeste [Réservé, non-solo] EmptyLun 18 Jan 2021, 7:07 pm

Spoiler:


Des lumières, un mouvement, circulaire, constant. À en perdre pied. Se reconstitua alors devant ses yeux les catelles brillantes d’un autre sol, d’un autre terrain, prenant place dans une bien différente atmosphère. Un intérieur, ça, cela ne faisait pas l’ombre d’un doute. Plus précisément, un bâtiment. Elle se trouvait dans un long couloir au mur de pierres taillées, à l’apparence ancienne mais soignée. Du silence à cet étage : Le bruit venait du dessus. Elle réhaussa son casque et fixa l’escalier en bois peint, les mains moites devant ces brutales transformations de son environnement. Où était le requin ? La terre brûlée ? La voie de chemin de fer, l’odeur du feu, le chariot ?

Comme pour répondre à son interrogation, c’est celui-ci qu’elle vit alors. Le chariot. Il était là. Au milieu de la pièce, fantomatique. Toujours aussi usé, jurant avec le luxe qui l’entourait. Plus singulier encore était cette aura, cette lumière qui semblait l’éclairer, l’entourant d’une lueur irréelle. Comme si ce chariot, à priori normal, n’était qu’une ombre, une projection lumineuse. Quelque chose qui n’était pas vraiment là. Des pixels noirs flottaient autour de lui, comme des mouches autour d’une carcasse. Lucy enleva son casque, clignant des yeux. Elle cherchait ses mots. Le professeur Staeldirvoch était, lui, toujours sur son écran.

- De quoi…?

- Artefact, répondit la grenouille, comme s’il s’agissait d’une évidence. Je… Vous expliquerais. Ne faites pas attention à ça…

- Je ne peux pas ne pas y faire attention, c’est là, en plein milieu. Qu’est-ce qui s’est passé ? C’était la fin de la séquence ? Pourquoi suis-je dans ce château ?

- Eh bien, je ne suis pas vraiment sûr.

Le professeur essuya ses lunettes.

- Cet artefact, il était bien présent dans la scène précédente, si je ne m’abuse ?

- Oui, c’était le chariot avec lequel le requin voulait se rendre vers la côte. Ils vont bientôt partir, il faut faire vite ! Pouvez-vous me renvoyer en arrière ?

- Je ne gère pas votre parcours, c’est vous qui le faites. Mais, ne vous inquiétez pas, il n’y a pas de raison de vous presser : Nous consultons des archives, Mihaly et son jeune acolyte sont déjà partis depuis longtemps. Depuis même avant ma naissance, c’est dire, conclut-il en regardant la jeune mobienne avec sarcasme.

- Excusez.

Celle-ci garda alors un silence agacé, passant une main agacée dans sa tignasse. Voilà un professeur qui n’avait rien d’un pédagogue. Après quelques instants, la grenouille leva une main pour attirer son attention. Elle leva les yeux sur lui.

- Pour revenir sur ce que vous avez vu, les artefacts sont des phénomènes artificiels, à priori indésirable, et qui, dans ce cas précis, résulte de la structure de mon code. Comme vous avez pu le voir, il a pour fonction principal de faire le lien entre différents corpus de texte. Et alors, vous “voyagez” dans un document dans lequel se trouve des multiples entrées, faisant le lien avec d’autres documents, dans lesquels se trouve, précisément, les ressources que vous pouvez ensuite voir dans votre parcours. Par exemple, il est de toute évidence que le récit de Mihaly a été recoupé avec d’autres événements, ses lettres, mais aussi des plans, des photographies prises par d’autres. Il n’a pas décrit l’entierté de l’arche sous lesquels s’abritaient les rescapés mobiens, ce bâtiment s’est intégré à partir d’autres documents. Sauf que...

- Sauf que ?

- Sauf, que, pour une raison que j’ignore, mais selon un procédé dont je comprend le fonctionnement, il arrive parfois que des objets se trouve en conflit entre leur texte d’appartenance, et le texte dans lequel il est censé s’afficher. C’est le cas de notre chariot. Il n’est ni totalement dans les plaines désolées du vieux continent, ni totalement dans ce château. Dit autrement, il est à cheval sur deux documents superposés. Le programme résout le conflit en transformant cet objet en référent, une porte d’entrée vers son document d’origine. Cela arrive souvent lorsque l’objet est apparu, très peu de temps avant, chronologiquement, et qu’il est… Hum, comment dire.

- Donc... le chariot ne vient pas de la plaine désolée ?

- Physiquement, il y est, oui. Mais il a dû se retrouver aussi, d’une manière ou d’une autre, dans ce château, peu de temps avant, de façon immatériel. L’Artefact n’est qu’une trace simulé par le programme, il n’existait pas physiquement dans le document. Il est nécessaire de retrouver la source, sans quoi le parcours risque d’être bloqué.

- Mais puisque l’Artefact du chariot m’a envoyé ici, comment se fait-il qu’il ne peut pas me ramener en arrière ?

- Question légitime. Si un Artefact est un noeud faisant la liaison entre deux documents, il ne permet pas l’auto-inclusion.

- Quoi ?

- Pour parler mobien, il ne peut pas se citer lui-même à l’infini, sans quoi le programme planterait par débordement de mémoire. L’artefact du chariot est donc, votre point d’entrée… Mais ce point d’entrée est forcément lié à un point de sortie. En somme, il y a un deuxième artefact qui devrait vous ramener dans la plaine.

- Et vous n’êtes pas capable de le trouver ?

- Eh bien, comme un bibliothécaire ayant des centaines de milliers de livres reliés par des filins invisibles, je n’ai pas connaissance de tous les artefacts produits, ils sont trop divers pour être classés, et donc faire l’objet d’une recherche systématique. Tout au plus ai-je pu entourer certains d’entre eux d’un halo lumineux. En bref, retrouvez d’abord l’objet immatériel qui explique votre présence ici, et vous devriez trouver la porte de sortie.

- Comment je suis censé retrouver un “objet immatériel” là-dedans ? demanda Lucy en levant un sourcil.

- Attendez - si je regarde le texte, vous êtes actuellement dans l’autobiographie d’un certain Martin Goodrick.

- Qui est Martin Goodrick ?

- Le personnage principal et l’auteur du texte que vous parcourez lorsque vous êtes dans le château. Retrouvez-le, et essayez de trouver ce qui nous y bloque. Vu qu’il est l’auteur, le chariot doit forcément se trouver dans sa focale narrative.

- Soit. Trouver Goodrick. Il a un signe qui me permettrait de le reconnaître ?

La grenouille regardait des yeux le document à toute vitesse.

- Je vais essayer de trouver si cela parle de chariot… Hein comment ? Un signe distinctif ? Euhm… Sauf erreur, il était un gradé, et a travaillé pendant quelques années dans les colonies. ça peut aider ?

- Énormément, dit Lucy en rechaussant son casque.

***

L’intérieur de ce château de pierre trahissait l’époque dans laquelle Lucy avait été jeté. Des ampoules à incandescence rejetaient sur chaque parcelle du sol leurs reflets, tout à la fois faible et gras, remplaçant la lueur des traditionnelles torches. Ce que ce soupçon de modernité mettait en lumière, c’était cette richesse usée que traversait virtuellement la renarde. Les escaliers à la peinture écaillée, les tapisseries bouffées au mites, le grincement du bois, un lustre incomplet. Si l’on était loin de l’abandon, on approchait d’une opulence contredite, d’une misère s’immiscent dans les discrets recoins, hôte d’un lieu qui voulait encore se mentir à lui-même. Mais pour combien de temps ?

Au-dessus, les esprits n’étaient pas à la tristesse. Bien au contraire, ça discutait avec grands gestes, ça riait, des verres tintaient. Arrivé dans le couloir d’en-haut, Lucy se retrouva face à une grande vitre peinte. Les bruits venaient de l’autre côté. Ici, une porte. Elle l’a prit, pour pouvoir, enfin, entrer dans la gallerie. Une grande pièce au parquet de bois, richement orné. Un balcon aux vitres en partie brisé, sous de longs rideaux. Puis, toute au fond, un fauteuil, et des humains. La renarde s’approcha prudemment, invisible, inexistante dans ce plan de la réalité virtuelle, créé par le professeur Staeldirvoch.


- Et encore, les enfants, notre ami ne nous a pas tout raconté !

C’était une grosse voix, celle d’un homme à l’âge indéfinissable, portant une barbe taillée et un vêtement élégant, typique de la bourgeoisie Terres-uniennes. Une cravate pendant négligemment des deux côtés de sa nuque, des bretelles, un verre d’alcool ambré dans une main, un cigare dans l’autre, deux femmes dans les bras. Ce trio était assis dans un grand canapé en rotin début-de-siècle. Sous leurs robes à fleurs, les femmes semblaient ravis d’être là. Lucy tourna les yeux. À côté d’eux, un autre homme, à la longue barbe sale. À contrario du premier, rose et jovial, il apparaissait, même sous cette lumière généreuse, comme gris. Il était non de cette pâleur d’un malade, mais de l’absence de couleur d’un homme qui a vécu trop longtemps. Mais ni ses cernes, ni ses rides ne pouvaient cacher qu’il n’était probablement pas plus vieux que son acolyte. Aux côtés du fauteuil dans lequel il était assis, une petite femme, tentant de participer à la conversation, se tournant souvent vers son voisin pour lui tenir la main. Il laissa échapper un rire.

Lucy s’approcha du faciès virtuel, scrutant les détails qu’avaient reproduit la simulation, et qu’elle n’avait pas vu dès son entrée. Au point qu’elle n’avait pas réalisé le silence qui s’était installé. Comme si l’homme pâle prenait le temps, laissant une atmosphère s’instaurer d’elle-même. C’est ce que semblait indiquer la montre à gousset qu’il venait de sortir. Il pinça ses lèvres, et referma bruyamment le clapet. La renarde vit alors l’homme lever les yeux vers elle. Un frisson traversa son dos lorsque ce regard vide la traversa, couronné d’une tirade monocorde qui lui semblait étrangement adressé.

- Comprenez, je n’ai pas jugé opportun de vous conter davantage, afin de ne point vous troubler. Maintenant que j’ai votre attention, je vais me permettre d’aborder des aspects plus déplaisants, et je m’en excuse d’avance.

Il la fixait. Lucy avait les mains moites. Était-ce normal ? Un hasard malheureux, peut-être. Elle fit un pas de côté. Impossible qu’il s’agisse d’une erreur : Le modèle 3D la suivait des yeux. Effrayé, elle se déplaça plus loin, en direction d’une table de banquet. En se retournant, elle vit que l’homme s’était levé afin de pouvoir continuer de s’adresser à elle, d’une rigidité toute informatique.

- Bien sûr, il y avait en moi l’homme d’idée, l’homme de pratique. Mais il y avait aussi en moi l’homme de coeur, je vous prie de le croire. De tout ce que j’ai fait, je ne regrette rien, même si j’ai parfois le sentiment que les choses auraient pu se dérouler autrement…

La renarde retira le casque.

- John ?

Le crapaud, assis au bureau, se retourna, après avoir stoppé la simulation.

- Quelque chose ne va pas ? Vous avez l’air troublée.

La renarde regardait le casque dans ses mains avec appréhension.

- Euh… C’est gênant mais… Vous - vous m’avez bien expliqué qu’il s’agissait d’une simulation, du virtuel ?


- Que voulez-vous que ce soit d’autre ?

Lucy eut un rire nerveux.

- Nan, vous avez raison… Mais, comment dire… vous avez implémentez un truc assez perturbant, je ne suis pas sûr que ça plaise aux futurs utilisateurs… Un ajout qui altère la chose à mon avis...

- Je n’ai rien ajouté, se défendit le crapaud. C’est le texte au pied de la lettre !

- Alors c’est un bug ?

- Pouvez-vous préciser votre pensée ?

- L’un de vos personnages me suit des yeux, dit alors Lucy d’une voix sèche. Il dit des choses, on dirait qu’il s’adresse à moi, pourtant je ne suis pas censé être physiquement dans la pièce. Est-ce que c’est normal ?

John la regarda, le coude posé sur la table. Il y avait une lueur dans son esprit que la renarde ne lui avait jusqu’alors pas connue.

- Fascinant. C’est une bonne chose que vous m’en ayez fait part.

- Fascinant ? J’ai failli me faire dessus !

Le professeur se mit à rire. Une hilarité moqueuse, adolescente à bien des aspects.

- Vous êtes trop dedans. Vous avez oublié l’essentiel, à savoir le matériaux de base.

- Attendez… dit la renarde en lui faisant un signe de main.

Elle réfléchit quelques secondes.

- Devinez.

- Le matériau de base, c’est le texte. Vous avez bien dit qu’il s’agissait d’une autobiographie ?

- Exact. Vous l’avez.

La renarde hocha de la tête.

- En fait, c’est juste que l’auteur… Il ne s’adresse pas à moi, il s’adresse au lecteur.

- C’est plus que probable. L’objet du texte n’est pas défini lorsqu’un auteur s’adresse au lecteur, il s’adresse à chacun d’eux, et, en même temps, à aucun. Vous comprenez, l’appareil a reproduit la chose avec les outils à sa disposition. C’est pour ça que je trouve l’anecdote fascinante. Malheureusement, je constate la présence de censure, ce qui devrait se traduire par de petites interférences...

La renarde regarda le casque, cessant d’écouter son inventeur. L’adaptabilité de la chose semblait infinie. Mais dès lors, elles ouvraient sur de nouvelles implications. L’idée venait de lui traverser l’esprit. Staeldirvoch en était-il conscient ?

- Le temps nous manque, mademoiselle…

- Hein ? Ah. Très bien, compris.

***
Je fermais ma montre à gousset, prenant le temps de penser. Bien évidemment, chez les gens de bien, et lorsque le jour est à la fête, il n’est pas de bon aloi que de livrer tout ce que l’on a sur le coeur.

Comprenez, je n’ai pas jugé opportun de vous conter davantage, afin de ne point vous troubler. Maintenant que j’ai votre attention, je vais me permettre d’aborder des aspects plus déplaisants, et je m’en excuse d’avance. Bien sûr, il y avait en moi l’homme d’idée, l’homme de pratique. Mais il y avait aussi en moi, comme je l’ai dit, l’homme de coeur, je vous prie de le croire. De tout ce que j’ai fait, je ne regrette rien, même si j’ai, parfois, le sentiment que les choses auraient pu se dérouler autrement. Reste alors un grand sentiment d’inachevé. En tant que Colonel des armées des Terres-Unis affectée à l’arme de sol, j’ai été affecté à l’une des zones d’usinage et de production, celles que nos idiomes communs et simplifiés nomment “Factories Area”. Si j’ai déjà traité dans les chapitres précédents des charmes de ces provinces et de ses habitants, des mets et des faits culturels que l’exotisme rendait cocasse, un récit qui se contenterait de dresser le tableau d’une heureuse aventure parmi les hommes-bêtes serait largement insuffisante à décrire mon expérience réelle. Tâchons de nous y pencher, sans nous épancher. J’ai pour habitude de décrire les choses telles qu’elles m’ont été donné à voir, sans vouloir y insérer une fâcheuse opinion que les relecteurs pourraient juger impropre à la publication.

La caserne dont j’ai parlé plutôt et dans laquelle j’avais reçu mon affectation n’a pas émergé de terre par notre seul génie. Bien sûr, l’architecte et les plans étaient originaire de nos contrée, et la destinée de cet ouvrage, en lourd béton, avait manifestement été décidé ailleurs, de plus haut. Mais cet caserne, il avait bien fallu la construire. Nos effectifs humains étant trop restreint, trop astreint à la surveillance des hommes-bêtes, nous avons ainsi pris la décision de les mettre à contribution. Cela se faisait, ici comme ailleurs, et avait l’avantage de les rendre bien sage, leur prodiguant l’ordre découlant du travail et canalisant leurs instincts au travers de valeurs utiles.Tout homme-bête, nous disent les naturalistes, s’est élevé de sa condition de quadrupède en acquérant des mains aux pouces opposables. Ainsi, pouvaient-ils, à la manière de nos ancêtre, tenir lances et massues, boucliers et piques. Il nous appartenait de nous montrer digne de notre rang, et d’élever ces races inférieures jusqu’à nous : Les mettre à contribution allait donc ainsi dans leur intérêt également, si ce n’est davantage.

Mené par ces grands principes, nous n’avons pas tardé à déchanter. Il s’est vite révélé que ces êtres, de constitutions faibles, aussi bien en corps qu’en esprits, peinaient à comprendre où ce situait l’intérêt de leur peuple, et nous ne parvenions guère à le leur faire comprendre. Conscient d’être, ils n’étaient point outillés pour comprendre leur devenir ; Comme souvent dans pareil cas, nous avons quémander l’aide d’officier plus aguerris, venu des terres intérieures. Ceux-ci sont arrivé à nous avec tout un ensemble de dispositifs métalliques, permettant un contrôle accru.


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Après cette brève description, revenons-en à notre bâtiment. Ainsi, il a été bâtit à force de poignet par nos braves hommes-bêtes, qu’il pleuve,  qu’il neige, que la nuit soit tombée. Pour les raisons évoquées ci-dessus, nos baïonnettes étaient rarement abaissées. Nous avions été judicieusement conseillés - puisqu’une révolte a éclaté quelques semaines seulement après le début du travail. Pour rester, fondamentalement, sur le sujet du travail et de la discipline inculqué à nos inférieurs, et suivant la chronologie précédemment évoqué, j’ajouterai que la guerre a rajouté à cette difficile situation de normalité, coupé d’émeutes, une couche supplémentaire de complications. Bien sûr, plus les bruits de la guerre s’approchaient, plus les hommes-bêtes devenait lent à la tâche, volontiers saboteurs, prompt aux soulèvement pour un mouvement ou un regard de travers. Beaucoup en sont morts, beaucoup ont réussit à passer les barrières de la zone : Leur instinct primitif reprenait le dessus. C’était cet instant grégaire qui leur indiquait que la proximité des bandits, de la même race qu’eux, permettait leur victoire sur nous. De plus, pour la production, un matériaux élémentaire en venait à manquer : Le charbon. À l’origine, amener par un train qui remontait depuis la côte. Notre sort semblait alors scellé.

Et pourtant, je n’ai pas abandonné. J’ai réussi à faire comprendre à, au moins un petit groupe, une dizaine d’entre eux, que leur survie dépendait de la nôtre, et qu’ils seraient vu comme des parias, des cibles, auprès de leurs libérateurs. Tous ne furent pas convaincu par mes paroles, sauf quelques-uns : Des êtres d’exceptions qui s’élevaient clairement au-dessus de la masse. Deux d’entre eux ont même accepté de se rendre, avec un vieux chariot rouillé à manivelle, sur les voies du chemin de fer. Malgré les attaques incessante dont ils ont été l’objet, ils ont pu ramener quelques seaux de charbon. Fier, et conscient de l’ampleur de l’acte, je leur ai donné quelques unes de mes nombreuses médailles, qu’ils regardaient avec suspicion, cherchant sans doute à en déterminer la valeur de ces objets pour l’économie de troc qui sévissait, et qui allait sans doute sévir encore, dans l’enceinte de la zone. Les hommes-bêtes se fichent des titres et des récompenses, tout comme l’Histoire retient rarement ces actes héroïques. Je le constatais avec amertume.

Nous avons eut un sursaut d’espoir lorsque, poussés par les bandits, nos alliés lointain, ces hommes-lézards, sont arrivés, en pleines débandades. Ils avaient été jetés hors de leurs marais empoisonnés, et proposaient leurs services comme chiens de garde de leurs cousins mammifères. Nous les avons acceptés. Une partie d’entre eux est venu renforcer nos effectif à la tâche, les trois autres quarts ont foncé, leurs armes dressés, en direction des bâtisses autochtones les plus proches. Cela fut notre erreur que de les accepter, de les regarder faire sans dire mot. La révolte devenait de plus en plus évidente, les hommes-bêtes s’agitaient, criaient, semblaient comme pris de folie avant de commencer à chanter. Un vagissement sombre, à vous arracher les tympans. Le matin où nous avons trouvé une partie de la troupe de surveillance auxiliaire pendue aux barbelés, nous avons subitement compris l’intensité de notre perte de contrôle. Une grande partie de nos travailleurs se sont alors enfuis, plus personne n’avait la capacité, ni même la volonté, de les ramener. Les hommes-bêtes les plus fidèles, eux, pensaient qu’ils étaient plus en sécurité avec nous, et nous suppliaient de rester.

Ce que je me suis dit alors, c’est ce que se serait dit n’importe quel colonel digne de ce nom en ces temps d’effondrement : Pas de fuite ! Opposons à ces sauvages toute nos forces, le contrôles de ces terres et le maintient de notre civilisation en dépendent. Mais, moi et mes quelques hommes, moi et mes quelques hommes-bêtes, personne n’a daigné prêter une oreille attentive à notre défense. Après les reptiles, ce fut aux tours des nôtres de partir en débâcle, à pied, à cheval, en jeep. Des troupes, qui avaient besoin d’un lieu de repos avant de continuer leur route vers la retraite. Certains venaient de la côte, d’autre de plus loin à l’intérieur des terres : Mais tous étaient menés par des chefs qui refusaient catégoriquement de créer un point de défense dans notre zone. J’ai bien tenté de leur redonner foi dans ce combat : Mais ils n’en étaient plus même interlocuteurs de celui-ci. Ils étaient talonnés par des supérieurs, mes supérieurs, qui se contentait de me regarder vaguement, de cracher quelques mots avant de prévenir contre toute “mutinerie” de ma part. Mais, ils le disaient sans force, ce qui était sage, car aucun chef militaire ne pouvait avouer que, dans cette atmosphère, le mutin serait celui qui s’accrocherait à son devoir.

Eh ! Quoi ? J’ai finalement pu retenir une petite dizaine d’homme, un canon d’artillerie, une mitrailleuse et son équipe. On m’a fait comprendre qu’il s’agissait d’originaux. Sans que je puisse remettre en question leur efficacité, la raison m’oblige à rappeler qu’il s’agissait de coloniaux aux cheveux blancs, dents manquantes, yeux pochés, des trappeurs installés ici depuis bien avant nos modernes incursions, de ceux qui avaient quelque chose à régler avec les hommes-bêtes, haines et motifs personnels qu’ils mettaient à contribution, pour transformer notre place en forteresse, monté des tours improvisés, et placés des pics. Cependant, ces vétérans, revenant de leurs patrouilles élargies avec des morceaux d’autochtones, n’étaient pas réellement compatibles avec les hommes-bêtes alors présents parmi ces unités de défenses rafistolées. En soit, la folie devait déjà être présente dans le projet d’origine. Rien de tout cela n’était fait pour tenir, rien n’était solide, et, lorsque les premiers coups se sont mis à pleuvoir, tout est parti en miettes. Encore aujourd’hui, les souvenirs de cet affrontement reste morcelé, dans mon crâne, comme divisés en plusieurs impressions ne se rencontrant guère les unes les autres. Ce qui est à la base d’une certaine amnésie, faites d’impressions et de perceptions. L’oubli m’empêchant de comprendre ce sacrifice s’ajoute ainsi, se surexpose à l’oubli et le silence entourant cet acte héroïque, pour lequel nous n’avons reçu aucune gloire posthume.

Je crois pourtant avoir fait ce qui devait être fait.

Je le crois encore.



***

Lucy leva les yeux, pour réaliser que la pièce dans laquelle elle avait pris place avait changé de forme. Les murs avaient brusquement reculé, laissant le sol de marbre s’étendre en un long couloir, peuplé de lustres. La renarde regarda les environs, puis, à nouveau, le visage du colonel Goodrick. Celui-ci ne le regardait plus. Et pour cause, il n’avait plus de visage. Celui-ci semblait avoir été remplacé par un nuage confus d’images, une tempête de noir et de blanc. Le passé avait pris place sur le présent, et le souvenir désagrégeait les perceptions qu’avait l’auteur de l’histoire qu’il était censé raconter. Il n’y avait plus de formalité, plus de forme, excepté une impression brute : C’était ainsi que Lucy le comprenait. À quoi cela allait-il laisser place ?

Le bruit de tonnerre, celle de mille vitres brisées, vint répondre à cette question avec violence. Ils venaient de nul part, ils surgissaient dans la réalité comme par une porte dérobée. Hautes silhouettes, celles de noires montures, montées par des mobiens aux longues oreilles, les hommes-bêtes dont parlait le colonel. Les roulements des sabots sur le sol du château emplir tout l’espace de leur musiques primitive. Sur ces cavaliers de l’apocalypse, sombres de crasse, n’émergeait pour seule lueur que l’appel du sang, coincée dans de petits yeux cruels, dans des dents pointues, serrées et jaunes. Sous cette épaisse puanteur, séculaire, sous ces vestes, ces boudionovkas et ses casques couverts de fourrures, c’était les âges archaïques, ceux des tréfonds de Mobius, qui partaient dans un assaut violent contre la civilisation. Les coyotes.

Lucy, pétrifié par l’horreur, se protégea la tête d’instinct, au moment où les cavaliers lui foncèrent dessus. Elle tressaillit sous le choc, virtuel, avant d’ouvrir les yeux, pour réaliser qu’elle était plongée dans l’obscurité. Encore tremblante, elle fit quelque pas, hésitante, déboussolée, perdue. Sous ses pieds, ce n’était plus le marbre, celui du château du colonel Goodrick, mais de la boue. Elle avait l’impression de la sentir. Tout comme l’humidité du petit matin qui se levait. Le soleil, à nouveau. Elle essuya ses mains sur son pantalon, se reprenait, honteusement. Toutes les méthodolgies du monde ne l’avaient pas empêché de ressentir cette crainte, imprimé dans les tréfonds de son être. Toutes les épistémologies ne l’avaient guère éloigné de ces racines biologiques, ne lui avait permis, dans l’action, aucun recul. Elle aurait voulu noter cela, l’écrire quelque part. Tenter de corriger avec les mots ce qui ne pouvaient pas être expliqué avec des mots. Mais, déjà, l’histoire reprennait son cours.

Elle leva les yeux, pour avoir glisser sur l’horizon le chariot. Revoilà l’émissaire. Elle était revenue sur ses pas. Elle courrut dans sa direction, afin de ne rien rater.

La voie de chemin de fer s’arrêtait ici. Face à cet arrêt, le ciel, le soleil. Le cri des mouettes, la côte : L’Océan. En contrebas, quelques bâtiment de bois et de tôles, des baraques de pêcheurs sur pilotis, dans un terrain délimité par des galets. Un mobien, se leva de sa chaise en voyant arriver les nouveaux venus, leur signifier qu’ils étaient arrivés à bon port. Plissant des yeux, il vit alors qu’il s’agissait d’un requin, vit sa tenue.

- Soleannien ?

C’est la première chose que cela évoquait à ce batracien, qui avait fort probablement voyagé dans sa vie.

- Qu’est-ce que vous venez faire là ?

À son ton et aux blessures qu’il portait, peut-être ce voyage avait-il eut lieu sur une galère. Lucy ne pouvait que poser des hypothèses. Des hypothèses, rien que des hypothèses, sur l’Histoire poursuivant sa course. L’enfant, lui, n’avait toujours pas dit un mot.
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