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 Sacre [One Shot]

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Armadillio Finstev
Armadillio Finstev
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MessageSujet: Sacre [One Shot]    Sacre [One Shot]  EmptyLun 29 Nov 2021, 6:27 am

Sacre [One Shot]  Foret10


On pouvait apercevoir le ciel, encore bleu foncé, filtrant au travers des troncs. Avant même que le soleil n’arrive, les oiseaux s’étaient déjà mis à chanter sa venue. L’oreille de Sephris frétilla, avant que son œil ne s’ouvre. Il se frotta la tête. Allongé à même le sol, il s’était endormi non loin des pierres encerclant le feu de camp, enroulé dans sa couverture. Il était maintenant éteint, laissant son sillage froid et humide. Le renard se redressa avant de s’asseoir, les poils collés, grelottant. Il baissa les yeux. Zaada dormait toujours. Il se frotta le visage, ne la quittant pas des yeux. Qu’est-ce qu’elle était belle. Le regard fixé sur elle, il avait le sentiment qu’elle illuminait la quasi-obscurité de la forêt dans laquelle ils étaient plongés. Il ne savait pas combien de temps s’était déroulé que, déjà, une lueur bien réelle venait lui réchauffer le dos : L’aurore, qui dissipait la brume, ainsi que les nuages, tissés en couronnes autour de ses rayons. Un mouvement, non loin. Il plissa les yeux pour voir se découper la silhouette d’une boule de plumes grises. Un oiselle, encore frêle, déjà réveillée, et comme prostrée. Elle le regardait la regarder. Sephris mit une main devant ses yeux pour les échapper aux puissants faisceaux de lumière.

- Vaut tard, mieux que jamais !

- On dit “Mieux vaut”, Yowiei…

L’oiselle le fusilla du regard, avant d’en détourner le bec.

- C’est toujours trop tard…

- Oh, par Gaïa, pourquoi faut-il que la première chose que tu me dises quand j’ouvre les yeux est un sarcasme ?

Elle croisa les bras, effronterie qui eut le talent de le faire encore fulminer davantage.

- Sérieusement, combien de temps as-tu passé à me regarder dormir sans rien faire ?

- Peuh ! Je ne t’ai pas regardé dormir, je t’ai regardé émerger lentement, dit-elle en se mettant à croasser d’un rire mauvais.

Le renard chercha des yeux un objet à lui jeter. Il finit par balancer quelques feuilles, qui s’éparpillèrent comme des confettis.

- Ah, si seulement la chefferie laissait à ses soldats le choix de leurs coéquipiers...

- Eh bien, je ne t’aurais pas choisi, dit l’oiselle en se levant.

Le renard s’étouffa presque.

- Hein ? Non mais c’est moi qui…

- Eh non, c’est moi qui !

Il lui envoya encore quelques feuilles. Zaada, qui s’était réveillée, s’étira. Les poils de tête de la souris étaient ébouriffés.

- Rohlala, faites moins de bruits vous deux, on est potentiellement en terrain ennemi je vous rappelle…

- Désolé de t’avoir réveillé, dit Sephris, en collant une bise sur son front. Qu’a donné ton tour de garde, Yowei ?

- Tu t’y intéresses enfin...

L’oiselle se posa au sol, y laissant choir un petit moniteur en plastique.

- La réponse est : rien. J’ai bien effectué les deux boucles en huit, en prenant toujours les deux même centres d’observations, je n’ai pas capté un seul mouvement sur l’appareil, ni détecté la moindre trace de métal.

Le renard se gratta le menton.

- Tu as fait ça à quelle hauteur ?

- “À quelle hauteur” ?

- En-dessus ou au-dessous de la cime des arbres ?

Yowei regarda Sephris comme s’il venait de cracher une boule de feu.

- Au-dessus, bien évidemment, tu n’aurais pas voulu que je prenne chaque tronc sur le coin du bec ?

- Oh non…

Le renard ramassa le capteur, appuya dessus nerveusement.

- L’officier avait raison, quand il disait qu’avoir un membre volant dans l’équipe ça permet de chercher sur une zone plus grande - mais ce qu’il a pas dit c’est que la cime provoque de grosses interférences…

- Toi non plus, dit Yowei avec amertume. Si tu le savais, pourquoi n’en avoir rien dit ?

- Je pensais que c’était clair, ou que quelqu’un t’avais briefé là-dessus. Bon sang, maintenant, impossible de savoir.

Zaada restait assise, elle réfléchissait.

- Est-ce que l’appareil garde en mémoire un historique de ses enregistrements ?

- Oui, il fait ça oui... Pourquoi ? demanda Sephris, en train de triturer le moniteur.

- Peut-être si on arrive à retrouver les informations, non de la nuit dernière, mais celle d’il y a deux nuits, on peut peut-être déduire leur position actuelle.

Sephris tapotait, faisait défiler écrans après écrans, positions après positions sur la matrice à deux dimensions qui représentait la carte de la forêt. Soudain, l’écran, qui affichait les pixels grossiers permettant de deviner la topologie du terrain, laissa place à une case vide. L’appareil émit un bruit strident. En entendant ce klaxon numérique, le renard fronça les sourcils. Le moniteur passa de lui-même à la case suivante.

- Qu’est-ce qu’il me fait ?

Il tapota du doigt, rechercha à nouveau la case problématique. À gauche, à droite, en bas, en haut. Il finit par la trouver. Mais à nouveau le même bug, écran vide, bruit strident. Zaada, qui se tenait derrière lui, appuya son menton sur son épaule.

- C’est normal qu’il fasse ça ?

- Franchement j’en sais trop rien. Yowei ?

- Pendant que j’étais en vol, il s’est mis à faire ce genre de bruit.

- Et donc ?

- Eh bien, figure-toi que je me suis posé en attendant d’entendre quelque chose, mais il n’y avait pas de mouvement.

- C’est à quelques kilomètres d’ici, fit remarquer Sephris.

- Pourquoi, tu veux y aller ? Ce n’est pas la porte à côté, lança Yowei.

- Peut-être, mais...

Le renard regarda à nouveau l’écran vide.

- J’aimerais savoir de quelle… “porte” il s’agit.

Yowei s’esclaffa avec un coassement. Zaada plissa des yeux, irritée par le bruit.

- Qu’est-ce que tu entends par là ?

- Je ne sais pas. Imaginons, juste deux seconde, que ce soit là que se cache une antenne ? Le genre de truc à te bousiller le détecteur… Ou une petite base portative, ou que sais-je encore. Tout le savoir qu’on a sur ceux d’en face, on l’a eut par petites observations successives. Il y a encore un mois, on ne savait quasiment rien sur une myriade de sujet. Donc, je pars du principe qu’il y a peut-être quelque chose, mais si ça vous fait rire…

Yowei secoua la tête, tendit la main en direction du visage de Sephris. Pour tirer l’un de ces favoris d’un air goguenard. Il fronçait les sourcils.

- C’est plus ta façon de parler qui me fait rire. Ma foi, on a pas grand-chose d’autre à aller voir, sachant que j’ai merdé mon opé’ de reconnaissance. Allons voir, au moins on saura s’il y a un truc qui peut faire dérailler l’appareil.

- Ah, comme quoi, il m’arrive de dire autre chose que des bêtises, hein ?

- Eh bien, ça, je ne l’ai pas dit… Eh !

L’oiselle esquiva le geste de son interlocuteur, qui tentait de lui fermer le bec.

- Enfants vous êtes, enfants vous resterez... dit Zaada en s’étirant.

Elle se leva d’un geste souple, pour partir en direction de la bâche, posé au centre du campement, avant d’en sortir quelques vieux fusils aux crosses de bois usés. Elle lança l’un d’eux à Sephris, et donna son revolver, plus léger, à Yowei. Sans un bruit, ceux-ci ramassèrent gourdes et sac. Zaada mit sa mitraillette sur son épaule, répétant ses vers pour se donner de la force.

- ...On ne vit jamais assez pour être autre chose que des enfants, perdus dans la forêt, parole de combattant de la liberté.

Sephris retourna la casserole d’eau sur les braises. Si jamais quelqu’un passait par là, il ne pourrait savoir depuis combien de temps il était parti. Ou, depuis combien de temps ils étaient perdus. La discrétion était leur boussole. Ils n’avaient pas d’itinéraire précis, si ce n’est les pas de l’ennemi.

***

- C’est encore à deux kilomètres, en direction du nord, nord-est...

Ils avançaient avec précaution, Yowei au-dessus, très légèrement en avance sur le groupe. Il aurait été plus approprié de lui donner une arme de longue distance, hélas, les fusils de ce type étaient rare, et les modèles à disposition, vraiment trop lourds pour une frêle oiselle censée s’élever au-dessus du sol, peu importe le courage qu’elle mettait à la tâche. Tirer à distance, ce rôle était dévolu à Sephris, qui, en conséquence, portait une paire de jumelle à son cou. Zaada était au tir de couverture, position qui continuait d’exister chez les Freedom Fighter, restes de tactiques que les anciens cadres en fuite de l’armée royale avaient conservé, que l’ennemi se couvre ou non.

- ...Toujours rien.

Après plusieurs dizaines de minutes d’une avance précautionneuse, ils posaient leur pied dans une petite clairière. Le capteur se mit à sonner, d’un bruit inhabituel. Comme si un microprocesseur, tout au fond de l’appareil, signifiait son désaccord : hors de question d’identifier quoique ce soit, ici et maintenant.

- C’est bel et bien là.

- Vous entendez pas ?...

- De ?

Sephris tourna le bouton de l’appareil, pour l’éteindre. Réagissant de cette façon, la batterie de l’appareil en prenait un coup, et leur discrétion aussi - même si le capteur n’avait trouvé personne dans un rayon d’un kilomètre, et que l’horizon était bouché par la dense végétation. Ils marchèrent aux alentours, les sens aux aguets, posant leurs pieds sur la mousse, inspectant la présence de mines, ou de pièges sur les troncs ou derrière les fougères. Quelques rayons orangés filtraient entre les branches hautes. Le soleil commençait vraiment à se lever, mais le grésillement de la faune s’était lui, fait plus rare.

- Vous entendez pas, comme c’est silencieux ?

- C’est bien là, mais, on dirait qu’il n’y a rien, répondit Zaada. Je suis d’accord pour dire que c’est bien silencieux.

Elle posa la main sur un des troncs.

- Peut-être que les animaux du coin n’aiment pas les épicéas ?

- N’imp’, y en a partout, des épicéas…

- Vrai, mais, ici, il n’y a que ça, répondit Zaada en balayant la clairière du regard.

- “Que ça” c’est effectivement le terme. Faudrait peut-être qu’on rallume le capteur…

- Ce qu’il faut, c’est qu’on trouve ce qui le fait bugger et qu’on s’arrache, répondit Sephris.

- Plutôt difficile à trouver sans le capteur, dit Yowei en le lui prenant des mains.

Elle l’activa. Le bruit strident se remit à sonner. Le portant au-dessus de sa tête, elle parti en direction d’un bosquet, au hasard. Alors que le cri numérique semblait continu, il eut tout à coup une petite baisse de régime.

- Yowei… dit Zaada, en inspectant les alentours, l’arme en joue.

- Aha ! dit l’oseille avec victoire. C’est bien ce qui me semblait, le truc change d’intensité en fonction de l’endroit où on se trouve. Et s’il y a un “plus loin”, c’est qu’il y a un “plus près”, c’est sûr.

Elle marcha encore, pris à droite, puis à gauche, s’éloigna, revint, en fonction du guidage  que lui fournissait l’appareil, avec plus ou moins de précision. En effet, celui-ci semblait parfois laisser échapper un couinement continu et monocorde, plus lié à son dysfonctionnement qu’à une indication fiable.

- C’est à peu près ici, dit-elle au bout d’un moment. Dans un petit carré qui va de là à là, dit-elle en montrant le sol.

- C’est forcément dans la terre.

Les mobiens se penchèrent pour regarder. Sephris posa son fusil, et, s’emparant d’une pierre plate posé là, commença à gratter la terre. Zaada regarda également avec curiosité. Tout le sens de leur venue ici prenait forme, et les subjuguait, comme quelques chasseurs de trésors venus des temps anciens.

Hélas, comme ces derniers, la curiosité leur avait fait perdre la plus élémentaire des prudences. Le sol trembla sous le choc. Il y en avait un. Sephris bondit sur son fusil, tandis que Zaada levait son arme. Seul Yowei eut le réflexe de ne pas rester dans la trajectoire de l’engin, qui fonça à toute allure, raclant le sol de ses vilaines chenilles, emportant les deux autres mobiens au passage. Sephris s’envola l’espace d’un instant, avant de retomber lourdement, sonné.

- MERDE !

Zaada, l’arme pointée, avait été la réelle cible. Elle était saisie à la gorge par le robot. Un genre de sphère, couronnée d’une tête de grue suivant les lignes impérieuses de l’aérodynamique, un trait lumineux rouge pour tout yeux, la volonté de destruction de son créateur pour tout être.

Sephris se jeta sur son fusil, constata que la crosse s’était disjointe sous le choc. Près à en découdre, il entendit Yowei lui crier quelque chose. Il se retourna, regarda la terre. De là dépassait une poignée, révélé par le passage de la machine. Le renard ne réfléchit pas. Zaada s’était mis à crier. Suffisamment pour que la colère lui fasse trouver une force qu’il ne se connaissait pas, tirant du sol l’objet oblongue qui y résidait, celui-là même dont les extrêmités s’étaient mises à briller. Il la brandit. Zaada retomba sur le sol : Le robot, soldat sans âme de l’Empire, le regardait à présent, juste à temps pour recevoir le coup, désespéré.

Là où les muscles de Sephris s’attendait au choc avec la matière, celle-ci ne montra guère de résistance. Comme un coup d’épée dans l’eau, au point où il l’avait lâché. Avait-il raté son coup ? Le bras du robot, d’une rapidité toute mécanique, le saisit à la gorge.Il sentit sa poigne, une pince, se resserer, jusqu’au bord de l’éclatement.

Quelques secondes passèrent, interminable. Sephris ouvrit les yeux. La poigne était resté comme pétrifiée. Le canon-laser que le robot tenait pour son autre bras, n’avait pas même été brandit. Lentement, son propriétaire semblait comme se plier, glisser sur lui-même. Il se disloqua brusquement, coupé bien net au niveau du buste, dévoilant câbles et rouage. Le renard retomba au sol.

- Zaada !

Sans davantage réaliser la nature surnaturelle de ce qu’il venait de se passer, il courut en direction de sa camarade. Il se mit à crier. Yowei, qui avait tenté de trouver un angle pour tirer sur le robot, s’approcha de la carcasse métallique et inerte. Elle regarda l’objet, tombé au sol, qui, l’espace d’un instant encore, brillait d’une lueur bleutée. Si ce n’était du fer, peut-être s’agissait-il de bronze, gravés de symboles inconnus.

Sephris était accroupi, serrant Zaada contre lui. Celle-ci était couverte de terre, n’ayant pu esquiver le choc de la machine, lancée à toute allure. L’oiselle s’approcha, s’accroupi à son tour, posa sa main sur l’épaule du renard. Ce n’était qu’une clairière de plus, dans laquelle ils étaient perdus. Le soleil, levé, maintenant, étalait les ombres des branches, sur le sol de terre où était posé l’artefact de bronze. Enfant ils étaient, et enfants ils resteraient, ils ne vivaient jamais assez pour devenir autre chose, parole de combattant de la liberté.

Zaada cligna des yeux.

***

- Deux d’entre eux ont pris un mauvais coup, mais ils s’en sortiront.

- Et vous dites qu’ils vous ont apporté cette chose, là ? Qu’est-ce que c’est, un genre d’épée ?

- C’est quelque chose qu’il aurait trouvé dans la forêt. Ils prétendent que ça causait des interférences sur nos capteurs. J’ai testé, mais ça n’a rien donné.

- Ils auraient fabulé ?

- Non, je ne pense pas. Voyez, comme c’est gravé. Il y a sans doute eu une forme d’énergie là-dedans. Elle ne se serait révélée qu’à l’occasion, en fonction des mots qu’on a bien voulu mettre là-dessus. C’est dire si les conditions seront impossibles à réunir pour un usage futur. Ils ont eu beaucoup, beaucoup de chance.

- Admettons, mais qu’est-ce que ça venait faire là ?

- Je pense qu’ils ont tout simplement trouvé la tombe d’un des Anciens. Avant le royaume, on enterrait les guerriers dans ces forêts. Je respecte ça.

- Nos petits gars seraient-ils versés dans l’occulte ?

- Non, clairement, ils n’y connaissent rien. Ce n’est pas leur faute, on ne leur apprend rien. On était pas loin de voir ces domaines tomber en désuétude, déjà à l’époque des Acorn, c’est une chance que j’ai eu d’avoir pu être enseigné là-dessus. Ils n’y connaissent rien, mais l’intention a dû être noble lorsqu’ils l’ont saisit. L’instinct a fait le reste, il fait toujours le reste.

L’officier regarda l’épée, la retourna entre ses mains.

- Ce n’est pas avec ça qu’on gagnera la guerre.

- Quoi ? Après tout, la Foi, c’est quelque chose d’important, pour nos combattants, lui répondit son supérieur.

- Qu’est-ce que je leur dis, du coup ?

- Vous faites venir la cheffe de l’information, qu’elle communique à nos combattants l’essentiel… Hum… Que c’est une grande victoire, qu’il y a eu acte exemplaire… Que l’épée est en sûreté, qu’elle sera étudiée avec attention… Que les Anciens sont avec nous, que Gaïa est avec nous. Médaille des blessés, tout le tralala.

- Et pour ce qui est du vendeur de flingues, qui attend dans le couloir ?

Le supérieur se leva, ouvrit le tiroir derrière lui, y posa l’épée.

- Faites-le rentrer. Et rangez votre pétoire, c’est une vieille connaissance.

FIN (du One Shot).
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