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Armadillio Finstev
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MessageSujet: 200 [ft. E-5827 Sigma]   200 [ft. E-5827 Sigma] EmptyMar 02 Jan 2024, 10:02 pm

La véhicule tout-terrain roulait, ses pneus crissant sur la neige transformé en rivets de glace. Dedans, quatre mobiens. De la race des ours polaire, ceux dont le pelage blanc reflétait la lumière. Au vu de la tempête qui traversait tout Bielky Akropol, des pistes de ski jusqu'au plaines, jouxtant la petite zone industrielle, il n’y avait pas grand-chose à refléter. Ce qui n’empêcha pas le conducteur de réajuster le rétroviseur – intérieur – pour jeter un œil curieux sur celui qui avait pris place à l’arrière. Des quatre d’entre eux, c’était le seul à ne pas porter l’uniforme de la police holoskienne. Paraît-il qu’il l’avait porté longtemps. Celui-ci leva la tête, une grosse chapka sur le crâne, des petites lunettes sur la truffe, un bon siècle de retard mais un temps d’avance sur celui qui le reluquait. Le chauffeur baissa les yeux.

- Euh ! Et donc, comme ça, vous vous y connaissez dans tout ce qui concerne les ordinateurs ?

- J’ai appris à m’en servir, oui. Sur le tard. De notre temps, c’était plutôt les cartes perforées…

- Ah, ouais, on m’en a parlé, on doit en avoir une vieille au bureau… Mais bon, là, on va aller visiter une usine d’ordinateur… quelqu’un lui a dit ?

Le chauffeur tourna la tête vers ses collègues. L’autre policier à l’arrière répondit.

- On a pas besoin d’experts, en fait, on en a pas. Mais dans ce genre de cas, je pense que c’est nécessaire de faire appel à Tcherski.

- Monsieur, comment vous dites ? Demanda à nouveau le chauffeur.

- Tcherski.

- Il bosse en tant que privé maintenant. Je dirais qu’il a plutôt une certaine capacité pour dénicher les entourloupes. Parce que c’est sûr, quand on va arriver, à moins d’avoir un flag’ les mecs auront tout rangé. Ils vont nous dire que c’est une usine d’ordinateur, des portables, tout ce qui a de plus normal, de la marque Arktos.

- T’as déjà eut un Arktos, toi ?

- C’est une sous-marque d’un autre fabricant, pas du tout basé ici, mais après ils les vendent sous d’autres logos pour faire des assortiments de saisons. Enfin bref, si ça se trouve, ouais, mais c’est pas la question.

- La question c’est de savoir si oui ou non ils produisent la « puce maudite ».

- C’est ça, la « puce maudite », dit son collègue en se mettant à rire.

La voiture continuait de dévaler la route. Malgré la neige, on apercevait déjà, comme dans un océan pâle, la silhouette d’un large navire, en fait l’usine Arktos. Le policier à l’arrière se tourna vers Tcherski.

- Je sais pas si t’as lu, le brieff… bon y avait pas de brieffing mais je sais pas si t’as cherché sur le Dreamnet…

- Suite à la montée des tensions diplomatique entre l’Empire et les Nations Unies, ces dernières ont indiquées qu’elles interdisaient la construction de la puce 109/110E2024, connu aussi sous le nom de « puce Eggman », parce qu’on en a trouvé dans un certain nombre de modèle de base, et que dans le doute, on avait peur que ceux-ci puisse construire ou réparer facilement des robots en cas de conflits – où ces usines constituerait des points de ralliement en cas d’invasion, sur le mode d’une 5ème colonne. J’ai juste ?

- C’est plutôt ça. On ne sait pas la probabilité qu’ils produisent la puce, par contre ces histoires de 5ème colonne ça, ça fait flipper les politiques, qui font pression sur la hiérarchie. C’pour ça qu’on est là !

- Et le risque est réel ?

- Bah je sais pas trop, pour moi c’est vraiment des boîtes de conserves quoi, je vois pas trop en quoi ça pourrait poser problème… Si ça se trouve elles savent même pas marcher…

- Ah non, je t’assures ils savent marcher, c’est même plutôt vénère !

- Mais, t’en as déjà vu ?

- Ouais y a des gens qui en ont filmé. Le truc détecte le téléphone, et demande qu’on arrête de filmer dans plein de langue. Au bout d’un moment, il fonce, il encastre un arbre au passage…

- Et ensuite ?

- Bah y a pas de suite, le téléphone a pas survécu je pense !

Ils se mirent à rire. Tcherski sourit.

- On va être reçu par ?…

- On les a contacté à la dernière minute, sur le mode du contrôle surprise. Juste pour que la sécurité nous laisse bosser.

- Oui mais on va nous faire visiter ?

- Je pense, dans un premier temps. Probablement le chef de la production…

La voiture se gara en face d’un hangar. Les ours sortirent de la voiture et resserrèrent leurs vestes. Face à eux, l’immensité insondable de la plaine, et un furoncle industriel au beau milieu. Des marches d’escalier menait à l’entrée. Un pingouin portant un costume et une grosse écharpe leur faisait des signes, et se mit à descendre les escaliers.

- Voilà voilà, dit l’un des ours.

De fait, le pingouin sembla rater une marche, et manqua de les dévaler sur le derrière. Heureusement, il avait attrapé la rampe à temps.

- Ah, vous voilà ! Bonjour messieurs, bonjour…

Ils se serrèrent la main. Le pingouin portait, par-dessus ses binocles, un bonnet, et semblait nerveux.

- Vous avez le papier, je veux dire, le mandat ?

Le policier le lui tendit. D’ailleurs, Tcherski le savait pour l’avoir lu, le mandat indiquait un contrôle de routine, rapport aux contrôle annuels sur les fuites de gaz – cette tâche étant dévolu à certaines unité de la police lorsqu’il s’agissait des usines, un archaïsme des décennies précédentes. Le pingouin ne semblait par ailleurs pas dupe sur les intentions des policiers. Il leur adressa un large et faux sourire.

- Bon eh bien, nous allons voir ça !

Il les invita à monter les escaliers, au bout desquels se trouvait une entrée, menant à l’intérieur du bâtiment.
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Eggman Empire
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MessageSujet: Re: 200 [ft. E-5827 Sigma]   200 [ft. E-5827 Sigma] EmptyMer 03 Jan 2024, 12:15 am

Holoska, White Acropolis.

Une zone qui abritait un complexe industriel fabriquant des ordinateurs dernière génération, vendus à des prix plus qu'abordables, et qui défiaient donc la concurrence.

Le lieu rendait la production très intéressante, car la température ambiante permettait l'utilisation de supraconducteurs à prix moindre pour le fonctionnement de l'usine, améliorant grandement le rendement, et expliquant donc le prix très bas des ordinateurs.

Sauf que, il y avait deux choses sur ce lieu qui n'étaient pas officiellement déclarées.

La première, c'était une usine secondaire entièrement automatisée enfouie profondément dans la glace sous l'usine d'ordinateurs, cette dernière servant de camouflage et d'explication pour la chaleur rejetée dans la région ainsi que les activités sismiques occasionnelles. La deuxième était beaucoup plus technique.

Le truc, c'était que les ordinateurs étaient certes produits par des techniques traditionnelles, mais les processeurs comportaient des spécificités, s'activant lorsque le composant recevait un signal bien précis d'un serveur en ligne. Ces spécificités laissaient l'ordinateur fonctionner normalement, mais lui permettait également d'être utilisé comme plate-forme d'attaque informatique autonome. Une fois le programme reçu, le processeur l'exécutait sur son propre système d'exploitation, stocké dans la carte-mère, pour effectuer ses attaques sans que les anti-virus éventuellement installés ne puissent faire quoi que ce soit.

En vendant ainsi des milliers, des dizaines de milliers d'ordinateurs de ce genre, Eggman, car c'était bien lui qui était derrière ce projet, s'assurait des milliers de chevaux de Troie, prêts à passer à l'action. Car ces attaques pouvaient être de nature à récupérer des informations, telles que des identifiants d'utilisateurs. Des membres du GUN par exemple.

Certains informations avaient déjà été récupérées, et des sondes avaient été discrètement implantées dans des serveurs des Nations Unies, faisant des rapports cryptés une fois par mois, afin de ne pas être trop visibles.

Le problème, c'était qu'une telle opération devait à tout prix rester secrète, faute de quoi son impact serait rendu inexistant par la simple annonce de la supercherie qui, une fois mise au grand jour, serait immédiatement contrée. Après tout il s'agissait d'une arme dormante, mortelle une fois active, mais très vulnérable avant ça.

Eggman avait d'ailleurs demandé à l'un de ses agents les plus stricts d'aller sur place, pour passer en revue toute l'installation, afin de s'assurer que le subterfuge était bien en place, sans faille et capable de duper des contrôles même poussés, quitte à devoir éteindre l'usine souterraine temporairement.

Cette dernière produisait des Eggpawns ainsi qu'une nouvelle génération de robots de combat. Ces unités étaient extradées vers l'Eggman Empire grâce à des sous-marins qui profitaient du bruit ambiant et de la basse température pour se déplacer sans être vus par les satellites, passant par des grottes creusées à même la glace pour rejoindre l'usine, charger les troupes, et repartir. Ces dernières, situées très profondément, étaient très difficiles à remarquer. La manoeuvre des sous-marins était par ailleurs très périlleuse et rendue possible uniquement grâce aux IAs aux commandes des navires.

Le responsable de l'usine informatique, un pingouin dévoué grâce à une large rétribution et des promesses de représailles s'il s'avérait qu'il trahisse l'Empire, n'était pas ravi par la visite de l'agent d'Eggman. Il fallait dire que voir littéralement apparaître sous son nez pendant la nuit un robot rougeoyant portant le logo de l'Empire avait clairement de quoi vous faire devenir paranoïaque.

Sigma, à la demande d'Eggman, avait fait une entrée discrète mais très marquante dans l'usine, prouvant que les sécurités étaient insuffisantes. A cette nouvelle, Eggman avait déclaré d'un ton méprisant qu'il aurait mieux fait de mettre un agent de l'Eggman Army plutôt qu'un pion idiot à la tête de l'usine. Le pauvre pingouin en avait sué à grosses gouttes malgré la fraîcheur locale, mais il s'était détendu une fois que Sigma avait pris le relais. En effet, usant de ses capacités de dialogue, le robot avait pu détente le mobien presque complètement, le rassurant sur le fait que sa présence ici n'annonçait aucune menace pour lui, sa famille ou ses collègues ici présents. Car de tous ceux dans cette usine, seuls deux connaissaient l'usine souterraine : le pingouin, et sa secrétaire, une renarde polaire qui avait une beauté époustouflante, ainsi qu'un sang-froid d'après ce que Sigma avait pu observer. Elle aussi avait eu une large comission pour son silence, qui était renouvelée aussi longtemps qu'elle acceptait d'être sous étroite surveillance.

Cela limitait les risques de fuite. Et pourtant, le reponsable de l'usine, notre cher pingouin, avait reçu l'information que les autorités locales avaient eu un mandat de perquisition afin de venir fouiner dans l'usine. Sur ordre de Sigma, Eggman n'avait pas été mis au courant, même s'il l'était déjà probablement par un de ses espions. Il était inutile qu'il mette davantage la pression sur le pingouin, il allait déjà l'être bien plus que nécessaire.

Les équipes de sécurité avaient été briefées par la secrétaire, insistant sur le fait d'être profesionnel, mais également cordial, le but n'étant pas d'éveiller les soupçons. Officiellement, rien d'illégal n'était fait ici. La société était détenue par une autre, elle-même détenue par encore une autre, sur différents continents, dans différentes langues, avec différentes lois. Bref, tout ce qu'il faut pour une société écran. Mais s'il y avait mandat, il y avait soupçon. Le défi allait être de savoir ce qu'ils savaient, ce qu'ils soupçonnaient, et faire en sorte qu'ils n'en sachent pas plus.

Une heure avant l'arrivée desdites autorités, il y avait eu un dernier entretien entre Sigma, le responsable de l'usine informatique, et le cyborg qui gérait l'usine souterraine qui était en visioconférence pour éviter d'être sur les enregistrements des caméras de surveillance.

"Bien, messieurs."

Sigma avait les bras croisés, adossé au mur de la salle.

"Vous souvenez-vous parfaitement de vos rôles ?"

Le pingouin hésita mais se reprit.

"Il va falloir me débrouiller pour en apprendre plus sur ce qu'ils cherchent, sans éveiller leurs soupçons. La radio que vous m'avez confiée restera sur moi, ainsi vous pourrez écouter ce qu'ils diront."

"Exact, en revanche je ne pourrais pas vous parler. A leur arrivée je serais avec notre ami ici en visio, et vous il serait de bon ton que vous leur offriez une boisson chaude. Et vous, votre rôle ?"

"Les lignes de production tourneront moitié moins vite pour éviter qu'il n'y ait trop de bruit. Cela devrait suffire pour déjouer même les ouïes les plus fines. Si ça n'est pas le cas, on coupe le courant partout, et on fait le mort. Si ça dégénère, on vous envoie une équipe des derniers robots."

"Parfait, espérons toutefois que l'on n'en arrive pas là, ça compliquerait grandement les choses en plus de faire des dommages collatéraux. Quant à vous, pliez vous à leurs demandes. Je vous suggère fortement de commencer la visite par les ateliers, puis les chaînes de montage automatisées. Ils pourront ainsi voir que les composants sont produits de manière standard, et assemblés aux yeux de tous les employés, ce qui en toute logique complixifie l'introduction de composants inconnus du grand public."

"Bien mons... Euh, je ne sais toujours pas comment vous appeler..."

"Sigma. La lettre grec. Je ne suis pas un officier, officiellement je n'existe pas plus que l'usine sous nos pieds."

Les lames de ses bras sortirent brusquement avec un bruit de tranche.

"Tâchez de vous en souvenir. Préciez-leur également que l'accès aux spécificités industrielles ne peut se faire sans le mandat adapté et un expert pour comprendre les plans. Et même s'ils en ont un, ça lui prendra du temps avant de faire le lien entre les circuits des différents composants."

Le pingouin déglutit, et acquiesça. Il sortit alors de la salle, et referma la porte. Sigma se tourna vers l'écran avant de lancer en disparaissant du spectre visible.

"Je vous rejoins dans quelques minutes. Les autorités devraient être là d'ici un quart d'heure."

A l'heure prévue, le pingouin, apercevant le tout-terrain qui arrivait, il sortit sur les rampes d'accès qui couraient autour de l'usine, allant à la rencontre des personnes qui arrivaient. Il faillit les rejoindre plus vite que prévu lorsque ses courtes pattes dérapèrent sur les marches et que son derrière fut sur le point de faire balle rebondissante. Heureusement il se rattrapa et les salua dans les formes.

Comment Sigma le savait-il ? Il était simplement sur le toît, camouflé. Observant attentivement le visage de ceux qui avaient approché. Les ours étaient des officiels tout ce qu'il y avait de plus connu, des gardes qui avaient plus de muscle que de cervelle. Mais celui qui se démarquait le plus, le plus petit, dégageait autre chose. Détendu, même si pétri par le froid, il n'était pas inconnu de l'Empire, même si on ne savait pas grand-chose de lui. Toutes les fois où il s'était retrouvé mêlé à des histoires, il avait pu disparaître.

Celui-là allait très certainement poser problème, il faudrait le surveiller de près. Malheureusement, se déplacer dans l'usine sans se faire repérer allait être très difficile, il s'agissait majoritairement de grands espaces ouverts, et son système d'invisibilité ne lui permettrait probablement pas de le rester durant toute la durée de la visite. Il allait donc devoir se contenter de les suivre de loin, par les toîts, les rambardes et autres, en écoutant par la radio et observant par les rares fenêtres.

Il n'attendait plus que les nouveaux invités entrent.
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MessageSujet: Re: 200 [ft. E-5827 Sigma]   200 [ft. E-5827 Sigma] EmptyJeu 04 Jan 2024, 1:20 am

Les quatre ours et le pingouin entrèrent dans le premier couloir. Mis à part le ronronnement des radiateurs et des conduits d’aérations, et le crépitement de quelques gouttes, qui, parfois, venait s’écraser sur les côtés des passerelles métalliques, on entendait aucun bruit. Le pingouin s’arrêta pour les regarder fixement. L’un des policiers, la vieille connaissance de Tcherski, connu sous le nom d’Ivan, ne mit pas longtemps avant de poser la question.

- On entend pas grand-chose, dites voir ! On est arrivé à l’heure de la pause ?

- Non, du tout. Il se trouve que j’ai décidé de réviser la plomberie.

- La plomberie ?

- Et l’électricité. Mais n’ayant pas réussi à attraper sur Akropol des techniciens capables de me faire ça en fin de semaine ou en soirée, j’ai mis mes employés en congé.

Le pingouin semblait assuré.

- Ah, ça par exemple…

- Tenez, dit-il en tendant un classeur, voici la liste des employés en question.

Tcherski le regarda attentivement. Le pingouin semblait très tranquille. Presque fier, de pouvoir tendre ce classeur. Ivan ne le prit même pas. Tout les policiers savaient ce que cela pouvait vouloir dire : il n’y avait pas de coïncidence. Lorsque les entreprises de la région avaient des contrôles (et ce genre de chose arrivaient fréquemment), il se trouvait souvent, « comme par hasard » qu’il y avait une révision de la plomberie, de l’électricité, des pieds de tables, ce jour-là. Ce scénario, connu et reconnu, indiquait la présence de travailleurs illégaux – le patron, comme toujours dans ce genre de cas, demandait aux employés de se barrer par la porte de derrière. Ce qu’ils avaient intérêt à faire, au risque de se faire prendre car sans-papiers. Si on les rattrapait, pas moyen de vérifier s’ils bossaient directement ici, puisque présent dans aucun des documents, typiquement, sur les listes d’employés. De fait, le pingouin, son classeur tendu, était la caricature de ce genre de pratique : l’entreprise était carrément vide. Le fait était connu, les autorités fermaient les yeux, en vingt ans de métier ce n’est pas un fait notable.

Tcherski, cependant, était interloqué par l’attitude du pingouin. En général, le fait était honteux : pourquoi semblait-il si fier de l’exhiber ?

- Faites-nous plutôt visiter l’établissement, dit Ivan.

- Bien sûr, dit le pingouin, replaçant le classeur sur le bureau jouxtant le couloir d’entrée. Venez, suivez-moi. Il y a tout de même des machines que je laisse tourner, les employés ne font pas tout eux-même ici, vous savez...

Ils marchèrent, tandis que le pingouin allumait les lumières. Plusieurs ateliers à la suite : ils se dirigeait vers une chaîne de montage. En voyant ce défilé de pièce, Ivan tournait la tête dans tout les sens.

- Excusez-moi, est-ce que vous auriez un plan, pour qu’on s’y retrouve ?

Le pingouin se retourna, les yeux écarquillés.

- Un – un plan – pourquoi v-vous voulez un plan ?

Ivan le regarda, en se grattant la tête.

- Ouais… Ben, pour qu’on puisse vérifier qu’on a bien fait le tour de toutes les salles. C’est assez grand… Bon, vous allez me le donner ?

- Euh… je… l’accès au spécificité industrielles ne peuvent se faire sans un mexpert – un, un expert, un mandat, IL VOUS FAUT UN MANDAT !

Ivan resta interloqué devant l’attitude agressive du pingouin, épris de panique. Tcherski s’approcha d’eux.

- Un plan du câblage ou du réseau, oui, sans doute, mais, enfin, un plan tout ce qu’il y a de plus classique ? Vous savez, ce genre de plan incendie… du genre, les classiques, demandé par les normes de sécurités anti-incendies, pour savoir où se trouvent les sorties... là, par exemple.

Enlevant sa chapka, il continua dans le couloir, suivit de près par le pingouin, pour retirer de son réceptacle en plastique le plan, présentant des carrés verts, suivis d’un « vous êtes ici ».

- Ah… Ah oui, pas de problème ! Il faut vous exprimer clairement, j’ai cru que… bon…

Tcherski et Ivan regardèrent le plan. Au vu de ce qui les entourait, il n’était pas au lieu dit.

- D’ailleurs c’est pas le bon.

- Montrez ? Ah oui, je pense que la femme de ménage a dû les confondre au moment de les remplacer – mais vous voyez là, c’est ce couloir par lequel on vient de passer, on est donc ici, dit le pingouin en s’essuyant le front.

Tcherski laissa Ivan et le directeur de l’usine passer en premier dans le couloir. Il préférait rester un peu en arrière quelques instants. S’approchant d’un des collègue d’Ivan, il lui murmura à voix basse.

- Tu sais combien de temps ça pourrait prendre, si on avait besoin de renforts ?

- Ouais, pourquoi ?

- Je pense que tu peux déjà commencer à les contacter.

- Qu’est-ce qui se passe ?

- Bah, tu as bien vu ?

- Pas bien...

- Le gars était pas bien quand on lui a demandé un bête plan. Je le pensais juste maladroit, pas nerveux à ce point.

- J’ai pas eut l’impression qu’il cachait quelque chose, je veux dire, t’as vu quand il a donné son classeur ? C’est un genre de gars qui assume ce qu’il cache.

- Justement.

Tcherski essuya ses lunettes, pleines de buées.

- C’est pour ça qu’il nous l’a montré. Pour qu’on parte direct sur la piste d’un gars dont le plus lourd secret est de faire bosser au noir.

- Tu penses qu’il cacherait autre chose ?

- Aucune idée. Mais s’il crie déjà pour un plan, il pourrait totalement partir en vrille pour une connerie. Je crois qu’il faut… Ah.

En sortant son téléphone, le policier avait fait tomber un petit bijou en métal – en forme de cœur. Tcherski le ramassa. La photo d’un heureux couple d’ours y trônait. La plupart des gars de l’unité était mariés. Le fait était encore commun en Holoska, plus que dans les grandes métropoles. Tcherski le tendit au policier, qui le tint ouvert. Les flics qui avaient une familles faisaient moins les chiens fous : et, d’après Ivan, son équipe était des gars expérimentés, auxquels on pouvait faire confiance.

- On va les perdre de vue. Appelles-les et regarde s’il y a des unités libres, moi il faut que je parle avec ce directeur.

Il pressa le pas, le policier sur ses talons. À l’avant, le pingouin désignait les différentes étapes de production, à un Ivan qui n’écoutait pas vraiment. Le parquet se mit à trembler, les ampoules à vaciller, un très bref instant.

- Ah, ça c’est un tremblement de terre, ça… fit remarquer Ivan.

- ça doit être l’usine, dit le pingouin d’un air absent.

- L’usine ? Y a du gaz de roche dans vos ordinateurs ?

- Eh bien… non ! Mais, vous savez que… je pense que... parfois, Gaïa fait parfois des siennes.

Le pingouin soupira, se grattant le bec. Tcherski vint vers eux.

- Gaïa, oui… Mais vous faites pas de bile, ces ordinateurs pourrait bien nous aider à alléger le poids qu’on fait peser sur elle.

- J’aimerais vous croire, mais ça me trotte dans la tête, tout de même. L’autre jour encore on a eut des fanatiques de l’environnement, encore eux, qui sont revenu tagué un mur, pour me traiter d’assassin… Mais je fais vivre des gens, moi !

Ils marchaient côte à côte, arrivèrent sur un balcon, face à un hangar. Les bras des machines assemblant ce qui avait été précédemment monté, des machines faisant des machines : miracle de l’automatique.

- Je suis consciencieux !

- C’est des gens comme vous dont la société a besoin, on le sait tous. Le contrôle, de toute façon, est décidé au hasard. Nous, on ne fait que suivre les ordres.

- Et vous avez bien raison… Avant que j’oublie… parce que… il fait froid... un café ?

Le pingouin venait d’en sortir un de la machine à l’angle.

- Merci bien !

Tcherski préféra le laisser refroidir, pendant que le patron buvait le sien. Maintenant que les amabilités de rangs avaient été distribuées, et qu’il était le bon flic, il s’agissait de rentrer dans le vif du sujet. Le temps que les autres aient finis de visiter les ateliers vides.

- Des environnementalistes, vous dites ? Vous avez prévenu la police ?

- Pour un tag sur une paroi en métal, à l’extérieur… franchement, non…

- Vous avez une idée de qui ça pouvait être, comme groupe ?…

- Non…

- Des Freedom Fighters ?

- Ah, non ! Pas de ça chez nous ! Ici, en Holoska ?

- Il y en a un peu partout, des sympathisants…

- Si je savais, je vous dirais tout de suite, bon sang, je déteste ces types, que des hippies ! Les Nations Unies… que j’apprécie d’ailleurs… se plante complètement quand il s’agit de bosser avec – ils feraient mieux de… Enfin, vous voyez, franchement, si ces terroristes on les suivait, on risquerait de retourner au stade animal ! Tout irait à vau-l’eau. À vau-l’eau !

Ivan et les autres étaient arrivés, attendaient dans l’encadrure de la porte.

- Bon, on aimerait maintenant visiter les étages inférieurs, si c’est possible.

Le pingouin serra le bec.

- Ah… vous... voulez dire, les chaînes de montage ?

- C’est ça. Dans notre cahier de charge, faut aussi qu’on vérifie la sécurité sur les composants.

Ivan avait appuyé sur les dernières syllabes du mots. En espérant que ça puisse faire son effet.

- Les composants, vous savez ?

Le pingouin leva un sourcil, perplexe.

- Oui, bien sûr ? Tout ce que vous voulez, après tout, s’il s’agit de sécurité…

Le pingouin ouvrit la grille de sécurité pour descendre les escaliers. Tcherski regarda Ivan, le visage décomposé des suites de son effet raté. Il s’était planté. Mais c’était logique. Bien sûr que ça n’avait aucun rapport avec les pièces exposées ici aux yeux de tous. Ça avait rapport avec le plan. Le patron de l’usine était un nerveux. S’il commençait à demander tout les mandats qui auraient été réellement nécessaire à tout explorer, il allait tout bloquer. La visite, elle, ne pouvait se prolonger indéfiniment, et le détective voulait vraiment savoir ce que cette histoire de plan cachait.
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Eggman Empire
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MessageSujet: Re: 200 [ft. E-5827 Sigma]   200 [ft. E-5827 Sigma] EmptyVen 05 Jan 2024, 1:19 pm

Pour se déplacer silencieusement sur le toît, Sigma avait deux avantages : le revêtement de ses plantes de pieds, et la neige qui amortissait aussi beaucoup. Personne ne s'étonnerait du bruit de la neige alors qu'il en tombait.

Malheureusement à l'intérieur les nouvelles n'étaient pas aussi bonnes : le pingouin avait pris des initiatives non approuvées, et en prime il semblait sur les nerfs, ce qui aurait alerté n'importe qui à sa proximité.

Bien que Sigma ne soit pas autorisé à critique les décisions d'Eggman, il y avait tout de même de quoi se poser des questions : pour quelles raisons avait-il bien pu nommer un type avec aussi peu de sang-froid à la tête de ce complexe dernier cri ? Surtout qu'un pingouin doté de peu de sang-froid, il y avait un petit quelque chose de paradoxal, on aurait cru à une blague.

Cependant il était désormais responsable de ce qu'il se passait, et ça ne se passait pas bien. Il fallait réagir rapidement. Fort heureusement, il avait encore deux atouts dans sa manche avant que cela dégénère.

Déployant les antennes à l'arrière de son crâne, il composa le numéro de la secrétaire. Après une tonalité, une voix suave et enjouée répondit :

"Allô ?"

"C'est Mr Daizen. J'ai besoin de vous à l'usine dès que possible, pour reprendre la situation en main. Dans combien de temps pouvez-vous être là ?"

"Ah, Mr Daizen... Euh, en me préparant je peux être là dans 15 minutes."

"Faites vite. Et habillez-vous aussi classe et distingué que possible, mais sans robe serrée ni talons trop hauts. Il va falloir marcher."

"Entendu monsieur."

Le clic du téléphone ne l'inquiéta pas outre mesure, elle était plus douée qu'elle n'en avait l'air, et son charme et son calme mettraient très certainement ces types plus à l'aise que ce pingouin pantouflard.

Maintenant, le deuxième atout. Pas d'appel cette fois, mais un code envoyé par ses antennes, reçu par l'une des paraboles situées sur le toît, à laquelle était reliée un boîtier particulier. Ce boîtier, recevant le code, redirigea la communication vers l'usine souterraine, au centre de contrôle. Une voix grave répondit peu de temps après :

"Oui Maître ?"

"Je ne suis pas Maître, je suis Sigma. La visite ne se passe pas bien, je crains qu'on ne soit découvert dans peu de temps. Pouvez-vous préparer 12 unités de combat et les faire monter discrètement à la surface ? Elles devront rester emusquées, prêtes à tuer tous ceux qui sortiront de l'usine si jamais on se fait pincer. Et lancez un brouillage radio, ils ont déjà appelé des renforts, autant ne pas prendre plus de risques."

"Entendu Sigma, les unités seront prêtes dans une vingtaine de minutes et il en faudra cinq de plus pour les faire monter."

"Faites plus court. Ou je vais devoir y aller moi-même."

"On tuera aussi le directeur ?"

"Oui."

Sigma avait raccroché après sa réponse froide. Un brouillage signifiait qu'il ne pourrait plus communiquer avec le cyborg, mais la radio du pingouin était à ondes ultra-courtes, qui pouvaient passer ce brouillage. Il entreprit de retrouver la trace de la petite troupe, guidé par la radio.

Apparemment les autorités voulaient désormais descendre au sous-sol, ça allait laisser à Sigma la possibilité d'entrer et de les suivre de loin, ce qu'il fit après avoir vérifié qu'ils n'avaient laissé personne en arrière. Pas besoin de camouflage ici, il connaissait les angles morts des caméras, et l'activait uniquement lorsqu'il passait devant l'une d'elles. Le revêtement de ses pieds étouffait les bruits de pas se carcasse métallique, et il éteignit complètement les lumières de son revêtement. Au sous-sol les lumières étaient plus rares, après tout peu de gens s'y trouvaient et il n'y avait donc pas besoin que cela soit parfaitement éclairé. Se camoufler y serait donc bien plus facile pour Sigma qu'à l'extérieur ou dans les étages de l'usine.

Il rattrapa la petite troupe mais resta tout de même à une bonne distance, usant de son camouflage sur sa tête pour voir sans être vu. Les ours étaient toujours là, mais leurs traits faciaux n'indiquaient rien d'alarmant. Le cinquième membre de la troupe par contre, avait clairement de gros soupçons. En le voyant de plus près, Sigma put identifier son espèce : un ours polaire. Massif, avec un odorat affuté et une bonne ouïe, ça allait être compliqué de se déplacer sans se faire repérer autour de cette troupe.

Le directeur ouvrit la porte grillagée qui menait aux étages inférieurs, et celle-ci s'ouvrit en grinçant un peu. La troupe s'engagea alors dans l'escalier, et Sigma comprit que s'ils refermaient la porte derrière eux, il devrait trouver un autre moyen d'accès. Un tel grincement n'échapperait à personne s'il rouvrait la porte derirère eux.
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MessageSujet: Re: 200 [ft. E-5827 Sigma]   200 [ft. E-5827 Sigma] EmptyMar 09 Jan 2024, 11:38 pm

Le patron laissa passer Tcherski, avant de tirer la porte vers lui pour la refermer. Devant eux cinq, les chaînes de montages. Cela consistait en un flux, se mouvant par à-coup, partant d’une caisse en plastique contenant des carcasses vides, balancées sur un tapis roulant, replacé droit en suite pour se voir attribué un écran, puis une carte. Des bras mécaniques, dont les routines étaient automatisées, faisaient ce travail. Les policiers restèrent là un moment, faisant le tour de la salle, armées de fiche représentant le composant incriminé. Il y avait des stocks, à cet étage, mais rien de bien particulier, rien d’excessif non plus. Cela restait une usine de taille modeste, qui s’était certes arraché à l’artisanat, mais sans atteindre la taille des grands lieux d’industrie. Une autre secousse sismique fit trembler les lieux.

Non loin, le pingouin gardait ses pensées pour lui, en jetant un regard au policiers en train de chercher. Il réfléchissait. Qu’est-ce qui l’avait fait s’engager chez l’Empire ? Une mauvaise idée, sans doute : il n’avait cessé de le ressasser. À l’origine, une bien belle petite était venu à lui, avec de grandes propositions et une grande mallette. Ils avaient parcouru la grande rue de Sniegrad, s’étaient attablé dans un bar. Elle n’était jamais venu ici, et n’y repassa plus jamais, question de discrétion. Pour lui, accepter son argent, c’était sauver son entreprise, et peut-être atteindre une ambition qu’il convoitait secrètement. Celle d’avoir enfin la maîtrise de sa destinée, au contraire de la peur du lendemain, de pouvoir enfin peser en tant que patron, un vrai, comme avait pu l’être son père en de meilleurs temps pour le patronat. On lui avait légué l’affaire à sa mort et au moment de la crise – la première depuis la guerre. Depuis, il n’avait fait que ramper. Écrabouillé par l’État, ses taxes. Écrabouillé aussi par les syndicats, finalement, harcelé par les environnementalistes. Devant cet argent étranger, la première vraie opportunité, s’était-il dit, il allait au-delà des règles, pour entrer dans la légitimité. Enfin, lever la tête. Et très vite, on lui avait mis sur le dos rien moins qu’un nouvel État, un peu plus brutal, celui-là, et coercitif. Il payait la facture de son pacte avec le Diable. Sans doute, celui-ci n’avait-il jamais entendu parler de lui, tout comme il ne savait rien du numéro d’immatriculation de chacun de ses servants. Le visage – ou ce qui faisait office de visage – à Sigma apparu dans son imagination. Au fond, tout cela n’était qu’un grand flux, qu’une grande chaîne automatisée. Il jeta un œil aux caméras. Et si jamais on trouvait qu’il avait mal réagit, sur les images ? Pouvait-il vraiment y avoir, dans toute cette structure pourrie, le moindre survivant, sinon le Diable lui-même ?

Il regarda les flics, ceux en train de chercher, non l’ours, à ses côtés, qui semblait le comprendre. Leurs mouvements gauches et leurs horribles tenues bleues foncées. Ceux-là l’écrasait depuis bien plus longtemps encore, mais ne le montraient guère – tant qu’il les trompait, il pouvait s’estimer heureux. Quel était le taux de chance qu’ils trouvent l’usine sous l’usine ? Dans le coin, il y avait une armoire lourde, qui bouchait l’un des accès au secret, une porte difficile à soulever, voir, même, à identifier. Par des procédés simples, on avait fait en sorte que cette fausse façade ne puisse sonner creux. Seuls certains sonars auraient pu le « percer à jour ». Plus détendu et sûr de lui-même, il regarda sa montre, croisa les bras dans son dos.

- Excusez-moi…

Tcherski, fixant le vide, tourna les yeux vers le pingouin. Lui aussi, il se posait des questions. Il avait discrètement suivit le regard de son interlocuteur à de maintes reprises. Peut-être était-ce là, la faille.

- Est-ce que vous êtes venu chercher quelque chose de précis ? Votre collègue, là, et ses histoires de « composants »… Je peux peut-être vous aider, s’il y a quelque chose à trouver ?

- Oui. C’est une puce qu’ils cherchent, la 109… euh…110E2024. La 109/110E2024, dit-il en jetant un œil à son papier.

- Ah ! Pour être très franc, ça ne me dit rien, répondit-il sans mentir. Qu’est-ce que c’est, un composant surtaxé ?

- Pas exactement. Pour être tout à fait honnête, mais je n’en suis pas sûr moi-même, il se pourrait que ces policiers cherchent si on ne fabrique que des ordinateurs, dans votre usine

Le pingouin plissa les yeux, se grattant le bec.

- Quoi d’autre ?

- Je ne suis pas expert, mais j’en déduis qu’il ne peut s’agir que de quelque chose de dangereux. Des armes peut-être.

- Des armes ? Je ne connais pas beaucoup d’armes à puces…

L’ours haussa les épaules.

- J’ai remarqué que votre usine avait un très bon système de caméra. Étendu, moderne.

Le pingouin ferma son bec.

- Ça a dû coûter une blinde. J’entends par là, vous savez réinvestir votre argent. C’est effectivement consciencieux…

Le pingouin hocha lentement de la tête.

- Et, par rapport à ce que vous m’avez dit tout à l’heure, les environnementalistes…

- Si ils ont été filmé, vous dites ? Ah, mais, j’ai regardé, j’ai bien regardé, il n’y avait rien sur les bandes. Ils ont dû agir de nuits, mais ne vous inquiétez pas, j’ai tout fouillé déjà. Je vous les aurais fourni d’ailleurs, si ça pouvait…

- Donc, vous avez des bandes ? Dit Tcherski, brusquement inspiré par cette brutale justification.

- ...Oui ?

- Et vous les fourniriez à la demande de la police ? Par exemple, maintenant ?

- Eh bien, c’est-à-dire que… euh… Il… il ne faut pas un mandat spécifique pour ça ?...

- Je n’en ai pas la moindre idée, seul un robot aurait la patience de parcourir une législation aussi fragmenté, avoua Tcherski. En revanche, il est certain qu’il ne faut pas de mandat pour aller voir la pièce où se trouvent les écrans de surveillances.

Le pingouin était bloqué. Il ne pouvait pas prétendre que les caméras ne fonctionnaient pas, les ouvriers de l’Empire avaient oubliés de cacher les petites lumières rouges qu’émettaient leurs boîtiers, indiquant qu’elles étaient activées. Si jamais l’ours entrait dans la pièce et commençait à appuyer sur les boutons, il pouvait voir certaines caméras posées sur des points stratégiques, comprendrait que les plans ne montraient pas tout. Il plaqua virtuellement une main sur son front : Mais qui diable avait pu laisser une faille de sécurité aussi béante ? Il allait encore devoir improviser pour sauver les miches des tas de ferrailles.

- Eh bien, euh… ça n’est pas très loin. Allons-y tout les deux, c’est… une pièce durement investie, et je n’ai pas envie qu’ils passent leur grosses paluches partout.

- Compréhensible, dit Tcherski.

Il adressa un signe à l’un de ses collègues. Celui-ci tentait d’utiliser son téléphone, leur adressa la parole de loin.

- On a pas de réseau là-dedans…

Le pingouin paru surpris.

- Ah ? Oui ça doit être toute cette électronique, dit-il en montrant les machines de montage. Ça me le fait parfois.

- Ils seront là dans quinze minutes sinon, vu ce qu’ils m’ont dit quand on était en haut, dit-il à Tcherski, sa montre à la main, avant de se retourner vers ses collègues.

Le pingouin sentit une boule dans son estomac. Comment ça « Ils » ? Comment ça « Ils arrivent » ? Il regarda en toute direction, la tête lui tournant. Il avait compris qu’ils avaient appelés des renforts, par on ne sait quelle maléfice.

- Tout va bien ?

Ils étaient tous morts. Le pingouin reprit sa respiration. Heureusement pour eux… heureusement pour lui, on lui avait demandé de partir vers une pièce très précise.

- Oui, vite, allons voir ces foutus caméras...

Tirant Tcherski par le bras, il le pressa de monter les escaliers à sa suite, ceux d’en face, qu’ils n’avaient pas encore emprunté, qui donnait sur un simple couloir. Il aurait pu monter seul, mais s’eut paru être un délit de fuite. Tcherski lui servait de caution.

- On est pressé ?

- Peut-être… dit le pingouin, en composant le code de la porte blindée, en vitesse. Les écrans sont là-dedans, venez.

L’ours entra dans la petite pièce, dont le pingouin avait vite fait le tour. Ce dernier referma la porte, sembla enlever une seconde quelque chose de son oreille, que Tcherski ne remarqua guère.

- J’ai… désactivé le code de l’extérieur. On ne peut qu’ouvrir nous-même.

- Pourquoi ?

- C’est… eh bien, c’est… la procédure. Sinon, tout va sonner.

Tcherski comprit que quelqu’un d’autre connaissait le code – et ce ne pouvait pas être ses collègues.

- C’est grave, si tout se met à sonner ?

Le pingouin essuya son front. L’ours ne voulait pas comprendre, ce qu’il ne voulait pas qu’il comprenne. À s’arracher les plumes.

- J’ai entendu votre collègue, juste avant, c’est vrai ça ? Vous allez faire venir du renfort ?

L’ours pris juste un siège, et s’assit, calmement, essuyant ses lunettes. Il ne dit rien.

- Hein ? Vous allez faire… venir du renfort ?…

L’ours jeta un œil aux écrans. Il y en avait moins d’une dizaine, dont un vers l’entrée, l’autre vers l’arrière. Quelques écrans étaient éteints. Il se grattait l’oreille. Il fallait qu’il pèse le pour et le contre.

- Eh bien, peut-être.

- Comment ça, peut-être ?

Le pingouin enleva son oreillette à nouveau, baissant le son de sa voix.

- Quoiqu’il en soit, ça ne changerait pas grand-chose, c’est nous qui mènerions l’investigation, pas eux. On ne les laisserait pas tout casser, pas d’inquiétude.

- Mais il y a des... systèmes de sécurité, dans la cour… aux entrées... ça peut être très dangereux… Si ils ne préviennent pas ils peuvent se… se déclencher… Et j’aurais ça sur ma facture ! Tentait-il.

- Eh bien, désactivez-les ? Dit Tcherski, ne comprenant pas où son interlocuteur voulait en venir. Vous avez les codes, non ? En tant que vous êtes le patron...

Le pingouin s’assit sur la chaise d’à-côté, le visage dans les mains.

- Non.

- Comment se fait-il que nous avons pu rentrer, dans ce cas ? Il y a quelqu’un d’autre qui active et désactive ce truc ?

- Écoutez, il faut que vous contactiez vos renforts, et que vous puissiez leur dire de passer à un autre moment. S’il-vous-plaît.

Tcherski regarda le pingouin. Son trouble était manifeste. À l’évidence, il y avait bien un « système de sécurité » qui devait se balader au-dehors, avec un flingue. Jamais une telle demande n’aurait été fait s’il n’y avait rien, mais ce quelque chose lui restait hors d’atteinte. Autre évidence, la venue de la police constituait un réel danger. Pourquoi alors n’avait-il rien prétexté, pour prendre la fuite ?

- Dites-moi. Pourquoi tout ça ?

Le pingouin lui tendait son téléphone.

- Je n’ai rien à vous dire de plus…

- Vous pouvez encore vous épargner cette facture. Dites-m’en plus sur ce système, ou sur celui qui le gère.

Le pingouin serra le bec, secouant la tête.

- Ah, vous ne voulez pas… Bon eh bien… eh bien...

Le pingouin sorti son téléphone, composant le numéro de la police.

- Vous faites le numéro du commissariat ?

Le pingouin hocha de la tête.

- Mais pour leur dire quoi ?

- Je…Je… attendez...

Il regarda son téléphone. Aucun réseau ici non plus. Bordel de merde. Sigma avait dû demander à ce qu’on active les brouilleurs d’ondes. Mais il y avait pire, horrible, et il l’avait vu en baissant son téléphone. Le cortège de voiture de police, qui s’affichait sur l’écran, en train de foncer vers la cour. Ils avaient de l’avance. Tout était foutu.
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MessageSujet: Re: 200 [ft. E-5827 Sigma]   200 [ft. E-5827 Sigma] EmptySam 13 Jan 2024, 1:23 pm

Bon, le pingouin avait refermé la porte, on ne pouvait le blâmer, il ignorait certainement sur Sigma les suivait. Mais le problème allait être de trouver une autre entrée, car il n'y en avait pas, à moins de passer par l'usine souterraine. A des fins de sécurité et de praticité avec le chauffage pour les employés, les conduits d'aération étaient assez étroits, afin de laisser le temps à l'air de se réchauffer avant d'atteindre les employés. Il lui restait l'écoute, mais de ce qu'il entendait ce n'était pas bien parti, mais pas bien du tout.

Le directeur avait visiblement gardé son calme autant que possible, mais il ne faisait visiblement pas le poids. Ou alors c'était un imbécile. Dans les deux cas, il avait bien fait de jouer ses atouts assez tôt. D'après le chrono, les robots devraient être arrivés à la surface désormais. Il allait être temps pour eux d'user leurs techniques de camouflage. Donnant ses ordres par ondes courtes sur une autre fréquence que la radio du directeur, il leur donna leurs positions. Ils devraient user de leur lame de bulldozer pour s'ensevelir sous la neige, usant de leurs chenilles pour se mouvoir en dessous et ainsi former un amas de neige sur eux. Une fois cela fait, ils attendraient au cas où il y ait besoin d'intervenir.

L'accès par lequel ils étaient sortis était hors champ des caméras, de même que la majorité du trajet pour aller jusqu'à la route d'accès. Seule la fin était visible, et c'est là qu'ils allaient se mouvoir sous la neige, profitant de celle qui tombait afin de rendre encore plus difficile la perception de leurs mouvements aux caméras extérieures.

Une fois en place, lorsqu'ils recevraient les instructions adéquates, une tourelle montée sur un bras articulée se soulèverait, révélant l'armement du robot, assez modeste pour sa taille, mais néanmoins mortel : Un canon GAU Vulcain de 20mm dotée de 5000 cartouches anti-matérielles qu'il pouvait tirer intégralement en une minute trente, et un lance-roquettes contenant 6 missiles filoguidés à tête creuse. Avec 6 robots qui allaient se mettre en position dans les minutes qui suivaient, ça permettrait de faire du large au besoin.

Ce détail réglé, Sigma put se reconcentrer sur l'écoute. Il repassa rapidement ce qu'il avait enregistré lorsqu'il distribuait ses instructions, et ça ne se profilait pas mieux que tout à l'heure. Même si les enquêteurs ne semblaient pas comprendre grand-chose aux spécificités techniques, voire ne même pas bien savoir ce qu'ils cherchaient. Pas trop d'inquiétude de ce côté-là, par contre ils fouinaient beaucoup. Et sur ça en revanche ils connaissaient leur boulot, logique implacable, ils parvenaient à faire danser le pingouin comme ils le voulaient. Il fallait dire que le pauvre n'avait pas non plus une incroyable marge de manoeuvre.

Ils le serraient de près, posaient les bonnes questions, et faisaient des remarques pertinentes. Bref, on ne les tromperait pas. Le plan B était la secrétaire mais sa présence ne changerait pas grand-chose à ce stade, le plan C c'était de tenter de les soudoyer. Plan D, comme dans Défourailler. Le robot espérait sincèrement qu'il n'y aurait pas besoin d'en venir là, mais vue la tournure des choses, ça risquait de devenir l'unique option s'ils persistaient dans leur voie.

Le pingouin s'était rendu dans la salle de contrôle des caméras avec le principal enquêteur, et avait visiblement tenté d'étouffer les sons de sa radio. Pas de chance, le micro était sensible et doté d'un système anti-bruits, ce qui permit à Sigma de continuer à suivre la conversation. Après tout, c'était de la technologie Eggman sous couverture.

L'ours n'avait visiblement pas encore mis le doigt sur ce qui le faisait tiquer depuis un moment déjà, et le pingouin semblait vouloir appeler la police. Sûrement un prétexte pour essayer de lui passer un coup de fil afin de demander des instructions, mais le brouillage empêchait les communications sur les réseaux à spectre large, et la radio qu'il avait ne fonctionnait que dans un sens.

Sigma reçut un signal des robots d'embuscade, ils n'étaient pas encore arrivés à leur point de destination mais ils avaient repéré plusieurs véhicules qui semblaient sur le point d'entrer dans la cour du bâtiment. Sigma leur répondit que le plan était inchangé, qu'ils se mettent en position et se tiennent prêts.

La secrétaire arriverait trop tard quoi qu'il en soit, à présent la situation était probablement trop tendue pour arriver à quoi que ce soit par de doux mensonges charmés. Il allait devoir intervenir lui-même, mais comment ? Tuer les inspecteurs restés seuls un par un ? Se déguiser et rejoindre le pingouin ? Déssouder directement les renforts ?

La question demeurait, et son algorythme ne trouvait pas de bonne réponse. Il choisit donc de s'en tenir à son plan initial, plus simple et moins risqué.

Activant son camouflage, il ressortit du bâtiment et se percha sur le toit, observant le petit peuple qui venait d'arriver dans la cour. Leurs actions prochaines allaient lui dicter la meilleure marche à suivre, selon comment la situation évoluerait.
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