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 120 Nuits [ft. Valh Kreith]

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Armadillio Finstev
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MessageSujet: 120 Nuits [ft. Valh Kreith]   120 Nuits [ft. Valh Kreith] EmptyMar 02 Jan 2024, 11:39 pm

- Ok, attendez, maintenant !

Le bâtiment avait fermé ses portes plus tôt cet après-midi. Les statues, les masques, les vases, les tableaux, les momies, ne s’attendaient pas à ce que, en ce début de soirée, les lumières furent aussi promptement rallumées. Les hommes s’activaient dans le grand hall du musée d’histoire de Soleanna. Un lieu luxueux, connu pour ses parquets de marbre, ses grandes allées, remplit de collections livrées par la nouvelle bourgeoisie de l’archipel, fière de s’exhiber. On tirait les rideaux et les tables. La réception aurait lieu ici. On avait un peu décidé du lieu à la dernière minute, mais, la soirée ne faisait que commencer, les convives seraient avertis. Les agents domestiques tirèrent de longue nappes blanches, qui faisaient face aux moulures du plafond de même éclat.

- On se dépêche, allez, il faut que ça soit chic, tout ça. Et rapide !

On se dépêchait de sortir, d’allumer des bougies. Petits chandeliers à trois branches, mais parés d’or, s’il-vous-plaît. Assorti avec les petits plats, qu’on avait mis dans les grands. On déplaçait les chaises. Les sceaux de champagnes et leur contenu commençait également à y être portés, lorsque soudain, la tête d’un lynx passa par l’ouverture de la porte. Les hommes s’arrêtèrent immédiatement. Il s’agissait de l’organisateur.

- Comment cela se passe-t-il ?

Il portait un manteau de fourrure, par-dessus un costume pourpre – dont une chemise, très ouverte pour la saison, à la main gauche une petite canne, un peu ridicule pour ce siècle, et à son bras droit, une demoiselle, une jaguar, silhouette fine, toute de noire vêtue, un peu tôt pour la soirée, peut-être.

- On a porté le champagne, mais on attend encore le camion du traiteur… répondit le représentant des domestiques. À priori, les stuzzichini devraient déjà être disposés sur les assiettes…

- Vous avez bien dit des assiettes en métal ?

- Oui, tout à fait monsieur…

- Parfait, je pense que nos invités n’auraient guère apprécié être servi dans des assiettes en cartons, n’est-ce pas ma belle ?

Il flatta les pommettes de son être aimée, qui rit doucement.

- Voyons déjà, répondit-elle, s’ils apprécient d’être traîné de salle en salle jusqu’à un musée poussiéreux…

- Ne sois pas mauvaise langue, mia cara, poussiéreux… Il ne m’a pas coûté que quelques coups de balais !

Ils firent le tour de la table, s’enfoncèrent dans une allée peu éclairée, entre deux armures du siècle précédent.

- D’ailleurs, pour tout te dire, je n’en suis qu’un demi-propriétaire : la ville conserve le reste…

- Question de porte-monnaie ? Dit la jaguar, en caressant du doigt la visière d’un des casques.

- Question de patrimoine !

- Tu joues sur les mots…

- Pas mon patrimoine ! Le leur ! N’y touche pas, veux-tu…

Il saisit le poignet de sa douce.

- La ville refuse catégoriquement de se laisser racheter son « patrimoine historique ». Mais ce sont des collections, donc, impossible de les racheter – pour eux comme pour moi – aussi font-ils en sorte de faire croire qu’ils ont pour propriété les socles de l’exposition.

- Tout le monde ment là-dedans ! J’adore ça…

- Eh ! Fit le lynx. L’important c’est le spectacle que cela donne à voir. C’est un peu l’essentiel, il me semble ?

Il regarda sa montre. Les invités allaient bien finir par arriver. À l’origine, la soirée était prévu dans un manoir, mais un regrettable incident (apparemment, le plancher du deuxième étage se serait effondré – le propriétaire avait évoqué tout un ensemble de raisons, tenant à la vétusté du matériel, à l’humidité du bois, bref) l’avait annulé. Apprenant cela, Vittorio s’était dépêché de contacter le malheureux, pour rediriger la soirée en direction de la salle principale du musée dont il avait fait récemment acquisition. Avec quel argents, quels anneaux ? L’import-export. C’est la réponse que Vittorio donnait à tout le monde. Parmi les invités de ce soir, il avait ajouté à sa liste quelques associés auquel il devait beaucoup. Mais il avait aussi bien mauvaise mémoire : parmi ces associés, l’un d’eux était déjà présent, ici-même, en ce qu’il disposait de la cave. Il avait fallut que ce soit très précisément ce jour-là. Une cave que Vittorio n’avait jamais vraiment visité avant de donner son accord, lieu pas si facile d’accès pour les visiteurs, d’ailleurs, mais en parlant de ça, certains d’entre eux commençaient à montrer leurs têtes.

- Venez ! Entrez donc !

Un couple de cygne étaient les premiers venus, de vieilles connaissances. Suivit d’un requin et de son camarade calamar. Un épaulard d’un certain âge, connu lui aussi, trop rarement présent. Que des mobiens, ceux d’une bourgeoisie récente, et très soléanienne. Enfin, d’autres personnes du continent, un groupe de lapine. Des hérissons gris, un cheval à la teinte sombre. Enfin, au milieu d’eux, dans un costume à peu près bien taillé, émergeait un coyote.

- Ah ! Akhmadyov ! Vient seulement, mon Arma…

Celui-ci fit signe de faire moins de bruit. Ils se serrèrent dans leurs bras en une accolade, celle d’associés de longue date.

- Je ne t’ai pas présenté Clara, d’ailleurs…

- Enchantée… On m’a parlé de vous, monsieur… dit-elle en arrangeant son manteau de fourrure.

Le coyote lui fit le baise-main, remarqua le diadème qu’elle portait au doigt.

- Eh bien, mon vieux Vittorio, tu t’interdis rien…

Il enleva ses lunettes de soleil. Le lustre, les bougies… tout était si éclairé, si lumineux. Il aurait mieux fait de les garder.

- Je t’ai réservé une bonne place, naturellement, j’ai prévenu que c’était une soirée sans photos… La classique !

- Très très bonne idée. Je te laisse t’occuper des autres, le taxi que j’ai pris était déjà bondé.

Le coyote n’avait pas dormi depuis un certain temps, rapport au décalage horaire, l’éternel jet-lag, cette fois, de Robotropolis. Cela faisait longtemps qu’il n’était pas revenu à Soleanna. Ville jolie, mais ville bizarre. Véritable relais pour tout un tas de marché parallèle, dont celui qui était le sien, le trafique des armes. Mais ce soir, pas de ça, pas de sérieux, pas de gris : que du frivole. Un peu de magie, sans doute, pensa-t-il en voyant les étoiles par la baie vitrée, qui brillaient, malgré tout, au-dessus d’eux. Il alla à la place qui lui avait été indiqué, pour y poser sa veste – il avait vite chaud. Mis à cette place, la perspective le plaçait en droite ligne face aux antiquités du Shamar. Pas nécessairement ses favorites : mais il y aurait bien quelqu’un d’assis en face de lui, après tout. Les bras appuyés sur la table, il allait presque somnoler, quand quelque chose le fit sursauter. Un visage connu, celui d’une chacale aux yeux violets. Il en fit tomber sa serviette.

Il cligna des yeux : il y avait méprise. C’était bien un regard mauve qui lui faisait face, mais celui-ci appartenait à une chatte a l’air ingénue. Il se baissa pour ramasser sa serviette, laissant ses longues oreilles entrer en contact avec le sol. Comme le permettait son ouïe, il lui semblait entendre quelque chose venant d’en bas. Tout un remue-ménage, comme si on tirait des meubles. Étrange.

En relevant la tête, il croisa des yeux Vittorio, remontant triomphalement le couloir.

- Ah, toi tu nous prépares quelque chose ! Lui lança-t-il, à tout hasard.

- Et comment !… Messieurs-dames, dit-il, sur le ton de l’annonce, je vous annonce que la fête peut commencer ! Le temps de régler quelques problèmes, et je suis à vous pour un petit discours, si vous me le permettez.

Les convives étaient attablés et bruyants, probablement déjà avinés. Armadillio balayait la table du regard, à la recherche d’autres choses que ces petits-fours. Il n’était pas un habitué de ce type d’événement, mais l’idée de voir des têtes plaisantes, et plus de plaisir que de douleur, le laissait couler dans une apathie tranquille. Quoique les domestiques préparent dans la cave, cela ne pouvait qu'enrichir la fête. Aucun doute là-dessus.
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