Aux environs de 19h, la plage était quasiment déserte. L'air était frais et le calme avait envahi la crique, ne laissant percer que le rugissement lointain des courants marins qui entouraient la petite archipel. Quelques nuages nacré de pourpre disparaissait les uns après les autres dans l'obscurité avalés par une nappe d'ancre noire pour céder la place à la voûte étoilée.

La plage était à peine aménagée : un simple chemin fait de vieilles planches posé à même le sol, rongés par l'humidité et le sel, éclairé par les flammes dansantes de torches tikkis.
En s'enfonçant vers les terres, le sable laissait progressivement place à la végétation et les premières habitation commençaient apparaître. Le village n'était pas très grand. Une dizaine de maisons tout au plus, des constructions principalement en bois dont une auberge prévu pour les vacanciers.

Saber était arrivé sur l'île quelques jours plus tôt pour prendre congé après l'incident de Downunda.
Elle en avait bien besoin d'ailleurs : Saber était stressée, plus anxieuse et farouche qu'à son habitude, prise d'un sentiment nouveau, comme si les choses pouvaient basculer d'un moment à l'autre sans qu'elle ne s'en rende compte.

Après avoir passé la journée dehors à évacuer le stresse, profiter du bon air et du soleil, Elle était revenu à l'auberge où elle avait loué une chambre. Il s'agissait de l'une des plus vieilles construction du village, une grande baraque de bois verni et aux vitres rayées s'élevant sur deux étages. à l’intérieur, une grande salle pavée de pierre blanche soutenu de par de grande poutres rongés par les ages, reliant ensemble toutes les chambres du rez-de-chaussez. Des tables était réparti à travers la pièce entourant la bar situé en son centre, situé à la lisière de la mezzanine qui connectait les chambres à l'étages. Un chandelier accroché à même le toit éclairait la scène d'une lumière feutrée.

Saber s'enfonçait dans la salle bruyante en scrutant les environs. L'endroit était bondé, investit par les fêtard intempérant, la plupart ne restant debout. Il y avait bien quelques place libre ça et là, mais il ne fallait pas compter sur une place individuelle. La féline s'avança d'un pas pressé vers le bar, une grimace au bout des lèvres. Elle ne souhaitait que se prendre rapidement une boisson et retourner à sa chambre.

- BOIS BOIS BOIS !

Le hérisson gris, une chope à la main, était en train d'engloutir le contenu de celle ci, entouré d'une petite foule. Face à lui, un tatou à l'air patibulaire buvait, protégeant son titre de meilleur buveur du bar.

Le hérisson posa sa chope vide sur la table, l'air triomphant, tandis que la foule l'acclamait. Le défi était simple, boire cinq chopes de bière maison absolument immonde avant son adversaire. Kail souffla, et essuya le coin de sa bouche.

Il était arrivé dans ce petit bar pour trouver un peu de repos, et les locaux avaient immédiatement commencé à faire preuve d'agressivité. Plutôt que de se battre, le hérisson avait choisi d'accepter leur défi, ce qui lui éviter de se faire sortir de cette endroit.

Plusieurs personnes le congratulèrent, y compris son adversaire, et la petite foule s'éparpilla. Le hérisson se leva, titubant un peu. L'ingestion d'autant d'alcool d'un coup laissait sa tête un peu légère, mais il se sentait encore bien.

Il s'avança au bar, et salua le patron. Après avoir glissé un billet de dix rings à ce dernier, il demanda une pina colada. Le renard moustachu hocha la tête, et se retourna, préparant le cocktail.

Kail profita du temps de préparation de sa boisson pour jeter un oeil autour de lui. La plupart des clients étaient des fêtards bruyants comme ceux qu'il avait affronté dans le concours de boissons. Pas méchants, joyeux, même, mais plutôt bêtes. Mais sa voisine, elle, était différente. Elle n'avait pas l'air ni joyeuse, ni alcoolisée. Curieux, il décida de l'aborder.

- Hmmm, bonsoir ? Tout va bien ? Vous avez l'air, comment dire ? Agacée, c'est le mot. Enfin, ça me regarde pas vraiment.

Saber s'était installer au bar pour siroter un cocktail, elle restait néanmoins tendu et sur le qui-vive. Elle avait relevé plusieurs regards indiscrets posés sur elle. Se trouver seule en présence d'autant de personne avec un atmosphère aussi alcoolisé n'était la meilleur situation dans laquelle elle pouvait se trouver.

Un mobien chèvre tentait déjà de l'aborder, sans aucune finesse. bafouant des semblant de mots doux à peine intelligibles. La main droite de la lionne fila comme une flèche, happant celle de la chèvre par le poignet alors qu'elle s'aventurait dans son espace vitale.


- Fiche moi la paix ou je t'accroche au plafond par les cornes !


La chèvre s'était retiré aussitôt, Saber savait se montrer dissuasive de temps en temps, mais elle savait qu'elle devrait répéter l’opération au moins cinq fois avant d'être vraiment tranquille.
Saber s'était accoudé lourdement au bar, se massant les tempes en faisant le vide dans son esprit.


- Hmmm, bonsoir ? Tout va bien ? Vous avez l'air, comment dire ? Agacée, c'est le mot. Enfin, ça me regarde pas vraiment.


Il n'avait pas fallu longtemps pour que quelqu'un d'autre l'aborde, un hérisson gris cette fois. Saber s'était déjà préparée à l'envoyer balader mais au final, le hérisson hérisson était loin d'être brusque et ne faisait preuve de beaucoup plus de tact. La lionne faisait la moue, pas vraiment d'humeur a parler, mais pas non plus prête à aller repousser le mobien qui restait pourtant poli. Elle soupira un grand coup.


- Ouais j'ai jamais été une grande fan de ce genre de fêtes bruyantes. Ça me fatigue plus qu'autre chose.


Fatigué, c'était bien le mot. Elle était particulièrement épuisée ces derniers temps, ce qui ne lui ressemblait pas tellement. Saber avait toujours été pleine d'énergie, mais depuis quelques temps elle semblait vite atteindre ses limites. Peut être parce qu'elle n'avait pas le morale, ou parce qu'elle ne pratiquait plus régulièrement. Elle ne saurait le dire, mais elle le subissait clairement. Ces vacances devaient la remettre sur pied.

Saber fixait son verre, les idées un peu brumeuses, la tête calée dans le creux sa main.


- Vous aussi vous êtes de passage ici ? Vous avez l'air de mieux tenir l’alcool que le reste des clients de l'auberge. Perso j'ai jamais apprécié l'alcool.

- Ouais j'ai jamais été une grande fan de ce genre de fêtes bruyantes. Ça me fatigue plus qu'autre chose.

Le tenancier termina de mélanger la pina colada de Kail, et la posa devant le hérisson avec un signe de tête. Ce dernier sourit, et attrapa le verre, en prenant une petite gorgée. Il était assez chargé en rhum, mais le sucre de l'ananas rendait le goût agréable.

- Merci patron.

Il se tourna vers la lionne, dégustant son breuvage tranquillement.

- Je peut comprendre ton point de vue, quand on a envie de dormir, avoir une douzaine de rigolos qui font du bruit à côté. Mais bon, c'est ça de vivre en société, eh ?

Elle avait en effet l'air épuisée, une bonne sieste lui ferait sans doute du bien. Déjà, elle commençait à dodeliner de la tête au bar.

- Vous aussi vous êtes de passage ici ? Vous avez l'air de mieux tenir l’alcool que le reste des clients de l'auberge. Perso j'ai jamais apprécié l'alcool.

Le hérisson se mit à rire un peu, et prit une autre gorgée. Passé la première impression, elle semblait plutôt sympathique, juste un peu grognonne. Il pouvait comprendre ça, honnêtement. A vrai dire, elle lui rappelait son propre caractère quand il était plus jeune.

- A vrai dire, à la base, personne ne boit de l'alcool pour son goût. Même les rigolos qui parlent de vin, la première fois qu'ils en on bu, ils ont fait la grimace. Non, les gens boivent pour ce que ça leur apporte.

Quand à moi... C'est pas tant que je tient mieux l'alcool, c'est plus que je connaît mes limites, à force. Je me rappelle la première fois que j'ai bu, je me suis réveillé le lendemain sans mes affaires, et couvert de vomi. Pas glorieux, hein ? Du coup, j'ai appris à savoir à quand m'arrêter.

C'était appréciable de discuter avec quelqu'un comme ça. Il y avait maintenant un moment que Kail n'avait pas pu échanger comme ça avec quelqu'un. il se remit à un peu.

- Mais je me met à radoter. Excuse, je dois te saouler à force de raconter mes histoires.

- A vrai dire, à la base, personne ne boit de l'alcool pour son goût. Même les rigolos qui parlent de vin, la première fois qu'ils en on bu, ils ont fait la grimace. Non, les gens boivent pour ce que ça leur apporte.

Quand à moi... C'est pas tant que je tient mieux l'alcool, c'est plus que je connaît mes limites, à force. Je me rappelle la première fois que j'ai bu, je me suis réveillé le lendemain sans mes affaires, et couvert de vomi. Pas glorieux, hein ? Du coup, j'ai appris à savoir à quand m'arrêter.


Saber se retenait de sourire, son anecdote était amusante et assez intéressante en même temps.


- C'est bien le dernière endroits où je m'attendais à entendre ce genre de paroles un peu trop sage.


Elle posé son verre, jetant un bref regard par dessus son épaule, son attention attiré par du mouvement derrière eux. La chèvre qui l'avait accosté plus tôt se faisait maintenant victimiser par deux mobiens éméchés, un loup gris et un ours noir qui visiblement avaient déjà bien franchit leurs propres limites.


- Mais je me met à radoter. Excuse, je dois te saouler à force de raconter mes histoires.


Son attention s'était vite retourné vers le hérisson, reposant les deux coudes sur le bar.


- Non, bien au contraire. C'est agréable de discuter de temps en temps, et ça me tiens éveillé du même coup.
D'ailleurs j'ai complètement oublié de me présenter. On m’appelle Saber.


La lionne restait tout de même hésitante vis à vis de la situation qui avait lieu dans leurs dos. Elle pouvait s'en mêler et défendre le chèvre, mais elle n'en avait ni l’énergie, ni l'envie de venir à son secoure. Elle voulait se reposer et savait pertinemment que les choses allaient vite s'enflammer à la moindre étincelles.

- C'est bien le dernière endroits où je m'attendais à entendre ce genre de paroles un peu trop sage.
- Faut bien quelqu'un pour le dire. Si je peut empêcher quelqu'un de gâcher ses meilleures années, je serait content.

Son sourire s'était teinté d'un peu de mélancolie en disant ça. Il se sentait... Vieux. Oui, vieux, il avait l'impression d'avoir passé déjà beaucoup de temps sur cette planète. Il n'avait que vingt-quatre ans, il se trouvait encore dans le printemps de sa vie, et pourtant, il avait l'impression d'avoir laissé derrière toutes sa jeunesse.

Il fallait dire qu'il ne s'était pas posé quelque part plus de quelques semaines depuis presque une dizaine d'années maintenant. Jamais il n'avait pris la peine de cultiver ce que des gens de son âge prenaient le temps de faire. Des amitiés, des amours. Il avait bien rencontré des gens, mais jamais il n'avait vraiment tissé des liens profonds avec quelqu'un. Il était pour ainsi dire marié à son "travail", si sa petite croisade pour aider les gens pouvait être appelée un travail.

- Non, bien au contraire. C'est agréable de discuter de temps en temps, et ça me tiens éveillé du même coup.
D'ailleurs j'ai complètement oublié de me présenter. On m’appelle Saber.
- Tant mieux, j'ai tendance à trop me mêler des affaires des autres. Je me suis fait avoir plusieurs fois à cause de ça. Oh, ouais, je m'appelle Kail. Enchanté.

Néanmoins, le fait que la lionne lui offre un peu de confiance en un sens, suffit pour éloigner sa mélancolie, son sourire reprenant l'air jovial qu'il avait au début.

Il allait ouvrir la bouche pour continuer la conversation, mais fut interrompu par des bruits d'échauffourée venant de la salle, par dessus les conversations des clients. Le hérisson se retourna un instant. Deux mobiens, un ours faisant bien deux mètres de haut, et un loup aux épaules carrées. A voir leurs vêtements neufs et propres, et leur relative jeunesse, c'était probablement des étudiants en vacances.

Et comme beaucoup d'étudiants, ils avaient clairement abusé de la boisson. Leurs regards étaient vagues, leur élocution pâteuse. Le loup avait une tâche de liquide sur sa chemise, et semblait mécontent.

- Heeeeyyyy ! T'as ruiné ma chemise préférée ! J'espère que tu comptes me la repayer ! Heiiiin ?
- Ouais ! Tu crois pas que tu vas t'en tirer comme ça !?

La chèvre, toute frêle par rapport à ces deux là, suait à grosses gouttes. Il avait à la main un verre, vide, sans doute l'arme du "crime". Kail regarda ça une seconde. Les deux étudiants semblaient prêts à en venir aux mains. Il se retourna, souleva son verre, et le termina en deux longues gorgées, puis lança un regard désolé à Saber.

- Excuse moi une seconde, petit truc à faire. Je reviens tout de suite.

Il se leva, et s'approcha du groupe, l'air amusé, détendu. Il s'éclaircit la gorge pour attirer l'attention des personnes concernées.

- Hey, messieurs. Voudriez vous bien laissez ce garçon tranquille ? Il n'a certainement pas fait exprès. On est tous là pour s'amuser, non ?
- Et alors !? Il a ruiné ma chemise ! Le moins qu'il puisse faire, c'est de rembourser son erreur !

Le sourire de Kail s'affaissa un peu, lui donnant l'air plus sérieux. Dans son esprit, l'interrupteur commandait son pouvoir s'enclencha, se prépara à une confrontation physique. On était jamais assez prudent.

- Je pense que vous devriez m'écouter. Ce que vous faites est illégal, je ne pense que vos parents approuveraient.
- Tu vas la fermeeeeeer !?

Le loup lâcha la chèvre, se ruant sur le hérisson avec le poing levé, faisant soupirer ce dernier. C'était toujours ça avec les gens éméchés, le moindre mot de travers, et ils recourraient à la violence.

L'attaque de son adversaire était simple à lire, c'était un bête coup de poing au visage, ni spécialement rapide, ni spécialement technique dans son exécution. Le bras de Kail fouetta l'air, devenant un contour flou. Il saisit le poing du loup en plein vol, le stoppant net dans son élan. Ce dernier tenta de se dégager, mais Kail exerçait une poigne de fer sur la main de l'étudiant. Il soupira à nouveau, secouant la tête. Profitant de sa chance, la pauvre chèvre profita de la confusion pour s'éclipser à travers la foule.

- Vous ne pouvez pas juste recourir à la violence comme ça à tout de bout de champ. Un de ces jours, vous allez tomber sur un plus gros poisson que vous, et vous allez le regretter.

Il relâcha le loup, qui recula en se frottant la main, l'air effrayé. Son ami fit un pas en avant, prêt à s'attaquer son tour du hérisson gris. Ce dernier se retourna, revenant à sa place. C'est alors que le mobien loup remarqua qu'il avait quelque chose entre son index et son majeur. A regarder de plus prêt, c'était un billet de vingt rings, plié en seize.

- Pour le pressing. Garde la monnaie.

Les deux étudiants se regardèrent, coupés dans leurs élans. Ne sachant pas trop comment réagir, ils s'assirent, et se remirent à siroter leurs bières. Le silence qui s'était établi se brisa tandis que les clients reprenaient leurs conversations, la situation désarmorcée.

Alors que Kail revenait vers le bar tranquillement, le barman, un mobien mouette aux bras couverts de tatouages de marin, et l'air perpétuellement grognon interpella la lionne assise au bar.

- Mademoiselle, ce monsieur là-bas vous offre ce verre.

Il plaça devant elle un verre rempli d'un liquide rouge, apparemment sans alcool, et retourna essuyer ses chopes. A l'autre bout du bar, un mobien grenouille leva son verre et hocha la tête, semblant saluer la jeune femme. Malgré son air affable, son sourire semblait étrangement satisfait, comme si il riait à une blague que lui seul connaissait.

Kail s'assit à côté de Saber, alors que la grenouille retournait s'occuper de sa boisson. Le hérisson leva son verre vide, demanda au barman de remplir à nouveau son verre.

- Me revoilà, merci de ta patience. Donc, de quoi on parlait déjà ? Ah oui, profiter de la vie tant qu'elle est encore là !

- Excuse moi une seconde, petit truc à faire. Je reviens tout de suite.


Saber esquissa un sourire forcé. Le voilà qui était parti pour s'occuper du problème à sa place. Elle surveillait la situation du coin de l’œil, l'air à la fois agacé et intrigué.
Contre toute attente, Kail était parvenu à désamorcer le conflit d'une manière assez inattendu pour ne pas dire étrange. Son coup avait été précis et appliqué, mais il y avait autre chose : un détails dérangeait la lionne, mais elle n'arrivait pas à mettre le doigt dessus. C'était énervant.

Pendant que son attention était tourné vers Kails et les deux autre mobiens, le barman était venu vers elle, lui servant un nouveau verre.


- Mademoiselle, ce monsieur là-bas vous offre ce verre.


Saber s’empara du verre, remerciant le barman au passage. Elle se mis à le fixer d'un regard circonspect : Un liquide rouge visiblement sans alcool. Elle fronça les sourcilles, ce n'était pas son style d'accepter ce genre d'offre, en plus d'être très imprudent. Elle se retourna du coup vers le tenancier, histoire de se renseigner d'avantage.


- Excusez moi, c'est quoi comme boisson ?


La situation était légèrement embêtante, mais dans tout les cas elle ne voulait pas de cette boisson. Peu importe la réponse du tenancier, il s'agissait simplement d'une excuse pour une pirouette et s'en défausser poliment.
Kail revint finalement s'asseoir, continuant comme si rien ne s'était passé, Elle soupira un grand coup.


- Pour quelqu'un qui parle de profiter de la vie, tu vis toi-même dangereusement.


Il y avait un fond de sarcasme dans sa remarque, Kail avait bien l'air d'aimer le spectacle et attirer l'attention. Comme il l'avait fait avec son petit tour de magie. Si ça n'avait tenu qu'à elle, Saber aurait sans doute eut recoure à la force pour les refroidir. L'issue aurait été certainement bien différente.


- N’empêche, ça se voit que tu as l'habitude de ce genre de situation. Ça se sent qu'il y a de la pratique.

- Excusez moi, c'est quoi comme boisson ?

Le barman jeta un oeil rapide au verre offert à Saber, puis lança un regard désapprobateur dans la direction du généreux client, avant de le décrire.

- Il s'agit d'un cocktail sans alcool à base de fruits rouges, mademoiselle.

Lorsqu'elle refusa la boisson, le tenancier ne pu s'empêcher de sourire un peu, de lui adresser un petit signe de tête approbateur, avant de se débarrasser du breuvage dans l'évier derrière le comptoir.

Kail regagna sa place, et s'assit, avant d'agiter un peu son verre vide, l'air aux anges.

- Toutes ces émotions, ça donne soif ! Patron, je peut en avoir un autre ?
- Pour quelqu'un qui parle de profiter de la vie, tu vis toi-même dangereusement.

Il éclata de rire. C'est vrai que se mettre en danger pour au final, pas grand chose n'était peut être pas la meilleure attitude à avoir pour quelqu'un qui voulait vivre une vie tranquille. Mais bon, il ne pouvait non plus laisser un mobien se laisser extorquer sous son nez.

- Pas faux, en effet. Mais que veux tu, j'aime la poussée d'adrénaline. Peut être qu'un jour, ça me retombera dessus, mais en attendant... Disons qu'il faut bien que quelqu'un fasse ce genre de trucs.

Un verre rempli fut posé en face du hérisson, qui remercia le patron du bar, avant de prendre une gorgée en soupirant de bonheur.

- C'est les petits plaisirs comme ça qui font que la vie vaut la peine d'être vécue.
- N’empêche, ça se voit que tu as l'habitude de ce genre de situation. Ça se sent qu'il y a de la pratique.
- Ouais, force de l'habitude. Il y a quelques années, j'en aurait pris un pour taper sur l'autre, probablement. Mais à force de me faire virer d'établissements, j'ai fini par me dire qu'il y avait une meilleure méthode.

La plupart des gens sont pas méchants, surtout ici. En général, c'est juste l'alcool qui les convainc que leurs mauvaises idées sont géniales.

Enfin, pour tout te dire, j'y vais surtout à l'instinct, et j'improvise à partir de là.

Il se pencha en arrière dans son siège, fixant un peu le plafond. Le contour de sa vision commençait un peu à se flouter, et il se sentait comme flottant dans son siège, une agréable chaleur se répandant dans son corps. C'était probablement assez d'alcool pour la soirée, raisonnablement. Il sirota ce qui restait de son verre tranquillement, sans se presser.

- Enfin, c'est pas parce que je me prends pour un héros qu'il faut m'imiter. Faites comme je dis, pas comme je fait, tout ça tout ça.

- Un coktail de fruits rouge ...?  Désolé, mais je suis pas fans de fruits rouges, vous pouvez le garder.


Sans alcool donc. Comment ce batracien avait-ils sur que la lionne ne buvait pas de boisson alcoolisé ? Peut-être que ce type la surveillait de loin, creep. Elle nota aussi que le Barman avait jeté la boisson plutôt que de la boire pour éviter le gauchit. Peut-être lui non plus n'aimait pas les fruit-rouges.

Saber avait toujours eut la manie payer attention à ce genre de détails, parfois pour rien au final. Mais le semblant de de complicité entre la grenouille et le tenancier ne la mettais pas en confiance, surtout en sachant qu'elle allait passer la nuit à l'auberge. Elle allait se montrer plus prudente cette nuit, au cas où on lui rendait visite.

Le barman avait servit un nouveau verre à Kail. Pour quelqu'un qui connais ses limites, il ne savait pas s'arrêter. Ce n'était pas tellement l'attitude détendu du hérisson qui lui posait problème mais son arrogance était agaçante. Connaître ses limite n'était pas un prétexte pour les atteindre. Tôt ou tard, ça allait le rattraper, avec les problèmes de santé qui vont avec, sans doute.

Saber s'était du coup retourné vers le tenancier, sortant un billet de sa sacoche.


- Par contre, je prendrait bien un jus de goyave. Et une bouteille d'eau aussi.


Le tenancier posa sur le comptoir un verre de jus de fruit et une bouteille d'eau en plastique. Saber jeta la bouteille dans les mains de Kail alors qu'il se penchait en arrière.


- Tiens bois ça plutôt, ça va nettoyer les entrailles.


Elle commença à siroter son jus de fruit de son côté.


- Dis moi, tu dors à l'auberge ou tu es installé quelque part ailleurs dans le village ?


Avec son look de touriste, il avait sans doute une chambre.
Saber en avait une et n'allait sans doute pas tarder à la rejoindre. Elle se sentait lourde et commençait sérieusement à fatiguer. C'était limite si ses jambes pouvaient encore la porter. M'enfin, elle avait déjà été dans de pire états les semaines précédentes.